Fontcouverte
 

Recensement des personnes de Fontcouverte et de leurs bestiaux
de 1734

    

Un document qui mérite qu’on le regarde de près

Un dénombrement aussi précis portant sur des personnes qui vivent dans le premier tiers du XVIIIe siècle, souvent nées au XVIIe, est une aubaine exceptionnelle pour connaître la population de Fontcouverte à cette époque ancienne. Une transcription en est donc faite, aussi voisine que possible du texte original, pour faciliter sa lecture qui mérite qu’on s’y arrête malgré quelques erreurs (constatées par la structuration de la population mais non corrigées dans la transcription ce qui conduit à l'apparition fréquente d'écarts mineurs de prénoms et parfois importants de noms). Il est alors possible de comparer les dires du secrétaire aux informations données par la structuration de la population. La remarquable convergence globale des deux sources totalement indépendantes assure la valeur de chacune d’elles.

C’est l’occasion de comparer les noms et prénoms données à l’église à ceux effectivement pratiqués dans la paroisse. Si vous rencontrez un Saturnin de l’état civil de l’époque, appelez-le Sorlin, il sera plus sûr de comprendre. Si son nom officiel est double, voyez le secrétaire qui vous donnera le nom simple qu’il convient d’utiliser.

La liste des personnes recensées dans chaque famille et des relations qu’elles entretiennent entre elles donnent une bonne image de la structure des ces groupements souvent bien différente de celle à laquelle on s’attendrait. Même les migrations des Fontcouvertins au cours de leur vie sont assez facilement observables.

Quant au bétail tenu par chaque famille, inventorié bien qu'il s'agisse d'un recensement, il est donné avec un assez grand détail ce qui permet d’estimer la « richesse » ou plus souvent la misère des familles à comparer à leur statut social ainsi que la gestion qui est faite du bétail au cours de l’année.

On trouve encore bien d’autres informations intéressantes avec un peu de patience. Voilà en tout cas un très bon exemple de l’intérêt du croisement des dénombrements et de l’état civil, chacun enrichissant l’autre. C’est un excellent moyen pour tirer la quintessence d’un dénombrement.

Les documents d'origine ont été retrouvés dans les archives de la cure de Fontcouverte déposées à l'évêché de Saint-Jean-de-Maurienne.

La première page du recensement de 1734
avec ses cinq rubriques

L’Edit de Sa Majesté Charles Emmanuel du 9 août 1734 organise une capitation en vue de préparer la guerre de Succession de Pologne. Cette capitation est précédée d’une « consigne générale » des habitants et des bestiaux ordonnée par l’Edit du 10 mai 1734 qui est publiée à Fontcouverte le 6 juin. C’est en vertu de cet édit que les archives de la cure de Fontcouverte ont conservé un exemplaire original de cette « consigne générale » établie par le secrétaire de la communauté.

Nous n'avons pas retrouvé d'autres documents de même nature entre le recensement de 1718 et le recensement de 1876 après le rattachement de la Savoie à la France.

Les pages finales du document décrivent, mélangée à quelques pages de calculs financiers en livres, sols et deniers, la procédure mise en œuvre. Le secrétaire de la communauté Jean Gilbert, assisté des deux syndics Louis Lambert et Jean Baptiste Boisson n’ont mis que cinq jours pour établir la consigne. Le secrétaire consacre encore quatre jours à l’établissement des deux exemplaires définitifs.

Le 15 juin, Jacques Albrieu « juge corrier et commun de la cité et ressort Saint-Jean-de-Maurienne » monte à cheval à Fontcouverte escorté d'un valet à pied et convoque les chefs des familles sur la place publique afin de certifier l’exactitude de la consigne préparée. Un exemplaire est enfin remis au Bureau de l’Intendance, le second restant à la communauté. C’est cet exemplaire que nous avons pu observer dans les archives de la cure.

Nous avons retenu la date du 15 juin 1734 pour le calcul des âges au moment du recensement, date parfaitement confirmée par les naissances et décès connus au voisinage de cette époque dans la structuration de la population.

Nous utilisons le terme de « famille » comme le fait le recensement pour désigner les regroupements de personnes,

Le document comprend cinq colonnes pour chaque personne regroupée par « famille » :

Puis, dans la deuxième colonne est ensuite consigné, sous le titre « Bestiaux », le bétail détenu par la « famille » précisant le nombre de têtes par catégories très détaillées.

Qualité du recensement

Le document est de bonne qualité (probablement très bonne) sur le fond , moins sur la forme. Il parait plutôt touffu et, dans certains cas, difficile à décrypter. La trancription informatique du document du secrétaire en facilite la lecture. Dans la mesure où il n’existe pas de documents équivalents de qualité suffisante pour permettre une comparaison, il n’est cependant pas possible de porter un jugement absolu. Nous le considérons, quoiqu'il en soit, comme un document de référence.

Nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures pour identifier les personnes mentionnées grâce en particulier aux filiations précises et aux âges, même si ces derniers sont entachés des imprécisions habituelles.

La mention de la profession des chefs de « famille » permet une distinction, impossible dans les autres dénombrements, entre les laboureurs et les journaliers.

Un point particulièrement important est l’indication des personnes absentes au moment du recensement.

Sorlin Sibillat absent possédant maison et bétail à Fontcouverte mais habitant Saint-Jean,
Georgiz Olive âgée de 33 ans immigrée venant d'Albiez-le-Jeune pour gérer le bétail.

Ce fait permet :

Le mois de juin du recensement est une date favorable à l'inventaire des personnes : les migrants saisonniers sont probablement rentrés au nid. On peut penser que le secrétaire n'aurait pas eu besoin de cette opportunité pour recenser la totalité de la population de fait. Au contraire, de nombreuses personnes n'habitant pas Fontcouverte sont mentionnées. Il importe de les éliminer pour déterminer la population de fait.

A noter les difficultés du secrétaire à inventorier les personnes à prendre en compte, en particulier les chefs de « familles » partis de Fontcouverte pour travailler, vivant éloignés de leurs femme et enfants donc probablement consignés dans leur lieu de destination. Une note dans la première colonne, toujours pratiquement illisible (et non reportée dans la retranscription du recensement), souligne cette difficulté systématique du secrétaire.

Voici un exemple d'erreurs de recensement qui ne peut être détectée que grâce à beaucoup d'attention et à la structuration de la population. Deux Sorlin Sibué d'Alpettaz apparaissent en 1734. Le premier est déclaré, avec ses frères et sœurs, comme fils célibataire de Jean, âgé de 33 ans et absent en service chez le marquis de Coudray. Le second est recensé comme chef de famille avec son épouse Jenette Ancellin et ses enfants, déclaré laboureur de 50 ans et présent. Il s'agit en fait de la même personne décrite correctement dans le premier cas au détail près de son mariage et rapporté comme chef de sa propre famille (50 ans paraissant au secrétaire ou à Jenette mieux adaptés à l'âge, bien connu par aileurs, de celle-ci comme bien supérieur au sien) dans le second cas où son absence n'est pas mentionnée, bien que réelle depuis 5 ans. Dans tout cela, il n'y a donc réellement qu'un absent !

On peut regretter que le secrétaire n'ait pas jugé utile, contrairement aux ordres reçus, de mentionner le village de résidence des « familles ».

Concernant le bétail, la date de juin permet son recensement détaillé dans l'état où il se trouve à cette saison. Sont alors mentionnées les jeunes bêtes nées en hiver et au printemps (veaux, génisses, agneaux et chevreaux) et non encore vendues. Apparaissent également les mulets, ânes et chevaux ignorés par les dénombrements précédents. Les totaux des têtes par « famille » ne sont pas toujours exacts. On est parti du principe que le détail des bêtes par catégories est juste et que le total est faux. Cependant, suite à d'assez nombreuses ratures difficilement lisibles, quelques détails ainsi que les totaux correspondants restent incertains mais sans gravité dans l'ensemble.

Résultats numériques globaux

Le recensement ne donne aucune statistique récapitulative. Par contre, les données détaillées des feux conduisent aux résultats suivants.

Nombre de « familles » : 272

Population

Recensés Présents Absents
Totaux 1307 1219 88
Nombre d'hommes 669 604 65
Nombre de femmes 638 615 23

Les absents représentent 6,7 % de la population recensée et 7,2 % de la population présente.

Nombre moyen de personnes présentes par « famille » : 4,5

Bétail

Bovins

Vaches Veaux Génisses Bœufs Total
401 274 158 52 885

Ovins et caprins

Brebis et chèvres Brebis seules Chèvres seules Agneaux et
chevreaux
Agneaux seuls Chevreaux seuls Total
958 407 47 191 609 15 2227

On doit ajouter à ce bétail permanent, 77 moutons et 5 chevreaux étrangers à la paroisse et mis à engraisser durant l'été.

Equins

Chevaux Mulets Anes Total
29 82 20 131

On remarque particulièrement la présence significative, a priori évidente, des équins qui n'apparaissent pas dans les consignes du sel de l'époque.

L'absence des porcs, constatée dans tous les dénombrements disponibles, est confirmée par ce recensement précis du bétail.

Identification dans l'état civil des personnes recensées

Cette identification dans la structuration de la population profite largement des informations sur l'âge des Fontcouvertins de 1734. Les résultats sont :

Parmi les 30 personnes (présentes ou absentes) non identifiées, 17 sont étrangères à la paroisse. Si l'on retranche les 17 personnes étrangères à l'ensemble des personnes recensées on obtient une population théoriquement identifiable de 1 277 personnes. Le taux d'identifiés (présents ou absents) parmi les identifiables est alors de 98,9 %. Ce taux remarquablement élevé pour l'époque traduit :

Notre secrétaire et nos deux syndics ont certainement échappé à l'amende de trois écus d'or dont ils couraient le risque si l'état qu'ils avaient présenté au juge corrier était suspecté de faux !

Contrôle des âges

La corrélation entre les âges déductibles de l’état civil et ceux donnés par le recensement est logique mais laisse apparaître des écarts non négligeables surtout au-dessus de 20 ans. Il s'agit principalement d'une méconnaissance par les Fontcouvertins (parfois systématique dans certaines familles) de leur âge précis ou d'imprécisions du recenseur conduisant à des écarts pouvant dépasser ± 5 ans, voire atteindre ± 10 à ± 15 ans. Les écarts plus importants peuvent encore être attribués, bien que ce soit peu vraisemblable, à une erreur d'identification de notre part des personnes. En dessous de 20 ans, les écarts ne dépassent pas, très généralement, ± 2 ans. On note cependant 2 enfants dont l'âge est donné en années dans le recensement alors qu'il s'agit de mois.

Dans le détail et concernant les âges les plus faibles, le graphique des âges réels en fonction des âges du recensement confirme l’imprécision de ± 1 à 2 ans et le recours normal par le secrétaire aux âges révolus. On peut donc s'attendre à obtenir un nombre inexact d'enfants par année d'âge à partir du recensement, anomalie qui n'apparaît plus que très faiblement dans les pyramides des âges pour la tranche globale 0 - 5 ans.

Les âges des enfants de moins de 1 an et de 1 an et demi apparaissent logiquement alignés sur la bissectrice des axes ; ils correspondent aux âges exprimés en mois dans le recensement. Les écarts importants révèlent les erreurs de recensement, en particulier la confusion entre mois et années : par exemple, un enfant déclaré avoir 4 ans dans le recensement n'a que 4 mois en réalité.

Proportion des mineurs de 5 ans dans la population totale (présente)

Le recensement donnant l'âge de tous les habitants, il est possible de calculer directement la proportion des mineurs. On trouve ainsi parmi les présents les effectifs suivants :

Ages moins de
1 an
1 an 2 ans 3 ans 4 ans Total des
moins de
5 ans
5 ans 6 ans 7 ans
D'après le recensement 29 19 30 25 35 138 32 24 31
D'après l'état civil 36 26 29 23 32 146 34 30 27
Ecarts 7 7 -1 -2 -3 8 2 6 -4

Compte tenu des incertitudes classiques sur les âges, y compris celui des très jeunes, les écarts peuvent être considérés comme acceptables ; quelques erreurs du secrétaire apparaissent comme certaines à la vue de la structuration de la population. On doit seulement noter l'instabilité des tranches des enfants de moins de 2 ans révolus correspondant probablement à un sous-enregistrement des enfants les plus jeunes dont l'âge est exprimé en années révolues ou en mois.

Les proportions des mineurs de 5 ans dans la population présente s'élèveraient ainsi à  11,3 % d'après le recensement et à 12,0 % d'après l'état civil, valeurs plausibles comparées à celles connues en Maurienne à l'époque. Ces valeurs sont cependant légèrement inférieures à celle estimée lors de la consigne du sel pour l'année 1734 établie six mois plus tôt (12,7 % correspondant alors peut-être à une légère fraude à l'impôt).

Pyramide des âges

Plusieurs pyramides peuvent être élaborées.

La première pyramide est établie à partir des seules informations d'âge du recensement.

Elle comporte toutes les personnes recensées présentes mais souffre des incertitudes ou erreurs d'âge des personnes.

Ces incertitudes conduisent à une certaine irrégularité dans le développement de la pyramide

La seconde pyramide est établie à partir de l'âge donné par la structuration de la population aux personnes présentes identifiées. Les personnes non identifiées, qui sont très peu nombreuses (2,3 %), sont reportées avec leur âge donné par le recensement.

La régularité de la pyramide est améliorée et cette dernière fait apparaitre un déficit des effectifs des hommes entre 15 et 45 ans, ce déficit étant nettement moindre chez les femmes et situé entre 20 et 35 ans. Il s'agit très probablement de la trace non négligeable des émigrants dont certains reviennent finir leur vie à Fontcouverte.

La troisième pyramide tente de visualiser ce dernier point bien que le recensement des absents soit probablement incomplet. Elle est celle des personnes mentionnées comme absentes dans le recensement avec leur âge donné par l'état civil s'ils ont pu être identifiés ou avec leur âge donné par le recensement dans le cas contraire.

Elle montre clairement que les femmes absentes le sont entre 15 et 45 ans, pratiquement entre 15 et 35 ans. Il s'agit principalement de femmes « en service » à des âges où il peut être utile de se faire un peu d'argent et d'acquérir une expérience ménagère pour se marier.

Quant aux hommes, ils partent un peu plus tôt, dès 10 -  15 ans. Ils peuvent ensuite exercer des professions plus viriles de valets, certains sont même soldats. C'est entre 30 et 35 ans qu'ils sont apparemment les plus nombreux.

Au delà de l'âge de 45 ans, les émigrés ne reviennent très généralement pas dans leur paroisse, tels des marchands bien connus et un prêtre originaire de Fontcouverte devenu définitivement curé de Modane.

Quant aux enfants de 5 à 10 ans, il s'agit de jeunes ayant abandonné Fontcouverte avec leurs parents. On peut constater qu'ils sont extrêmement rares dans ces tranches d'âge.

La quatrième pyramide est identique à la seconde à ceci près que les absents recensés de la pyramide précédente sont ajoutés de façin fictive.

Ces absents se retrouvent dans les « trous » de la pyramide des présents ce qui confirme nettement notre hypothèse sur l'effet des émigrations dans la pyramide des présents, tant pour les hommes que pour les femmes. Cependant, il semblerait que nombre d'émigrants, en particulier les hommes, n'apparaissent pas dans le recensement. La tranche 40 - 45 ans apparaît particulièrement déficitaire. On pourrait penser que les personnes absentes relativement âgées ont émigré depuis un temps assez long au point que le secrétaire ne les ait pas toutes recensées (ce qui serait correct puisqu'elles risquent d'être recensées dans le lieu où elles sont installées de façon permanente).

Globalement, on constate donc :

Pauvreté et état sanitaire dans le recensement

24 « familles » sur les 272 recensées comportent au moins une personne pauvre. Le nombre de personnes présentes concernées par la pauvreté est difficile à établir dans la mesure où l'on peut penser que si le chef est réputé pauvre, tous les membres de la « famille » le sont mais que si le qualificatif est porté sur une autre personne, seule celle-ci l'est. Ce n'est pas toujours aussi clair.

Le nombre de pauvres s'établirait à 78 dont 47 seraient de plus déclarés mendiants. La proportion des pauvres dans la population présente serait alors de 6,4 %.

16 personnes présentes sont déclarées infirmes dont 1 d'une jambe et 2 des yeux.

Enfin, le recensement mentionne 15 imbéciles dont un est également infirme. 4 sont réduits à la mendicité. Les proportions des imbéciles et des infirmes serait alors de 1,2 %, valeur relativement faible.

Richesse et pauvreté

Une estimation de la richesses des « familles » est réalisée en complément des informations données par le secrétaire sur la pauvreté. Elle s'appuie sur le calcul d’un taux de richesse individuel (TRI) fondé sur la taille du cheptel de chaque « famille ». Elle permet une estimation standard de la richesse des diverses « familles ».

Sans les équins mais avec les bêtes nées dans l'hiver et le printemps qui ne seront pas vendues avant la fin de l'année, le calcul réalisé de la richesse et des TRI ne tient compte que du capital animal qui sera probablement constaté en début d'hiver 1734 - 1735. Ainsi élimine-t-on la totalité des veaux semblant correspondre aux jeunes bovins nés de l'année par opposition aux génisses qui auraient peut-être déjà un an et seraient ainsi conservées dans le capital (peut-être aurait-on dû conserver une faible part des veaux mais la prise en compte de la totalité des génisses pourrait combler cette lacune). D'ailleurs le rapport du nombre de génisses à celui des vaches au recensement de 1734 est tout à fait comparable à celui donné dans les dénombrements d'hiver ne mentionant pas les veaux. Quant aux agneaux et chevreaux, leur part vendue au moment d'un dénombrement ne peut qu'augmenter entre le printemps et l'hiver. On a retenu de valoriser la totalité de ces bêtes à 0,2 ce qui correspond à la valeur d'une brebis ou d'une chèvre en fin d'année (elle est alors adulte et peut être comptabilisée comme une brebis) pondérée par la probabilité qu'elle a d'être conservée pour l'hiver au moment du dénombrement (estimée à 0,2 en juin), probabilité qui conduit approximativement au maintient du volume des troupeaux.

Il est évident que toutes ces hypothèses ne peuvent être qu'approximatives mais plausibles.

L'analyse de la richesse révèle l'existence de trois TRI élevés qui ont été tronqués dans le graphique ; ils concernent la veuve Antoinette Boisson qui vit seule, honorable Sorlin Sibillat de Saint-Jean-de-Maurienne qui fait garder son bétail par Georgiz Olive d'Albiez-le-Vieux et Barthélémy Dominjon qui vit seul et déclaré journalier.

Ces exemples extrêmes montrent la limite de l'estimation de la richesse des groupements familiaux à Fontcouverte. Des TRI exeptionnels peuvent être dus non pas à la richesse R des groupes de personnes mais au nombre très faible de ces dernières qui se répartissent la richesse. Les membres d'un couple voient leur TRI doubler quand l'un d'eux vient à mourir !

La moitié des « familles » (54 %) correspond à des TRI compris entre 1 et 5. Un quart (24 %) se situe avec des TRI supérieurs à 5. Enfin, le dernier quart (22 %) comprend les « familles » dont le TRI est inférieur à 1 ; cette proportion apparaît comme relativement élevée.

En répartissant les « familles » par catégories de richesse on constate les proportions suivantes :

Si l'on s'intéresse cette fois non plus aux « familles » mais aux personnes, on peut attribuer le TRI d'une « famille » à toutes les personnes qui y vivent.

La répartion de ces TRI personnels montre une situation très voisine de la précédente relative aux « familles ». Ceci traduirait le fait que le volume des « familles » est peu dépendant de leur richesse.

On trouve en effet que :

Le nombre des personnes dans la misère (109) dépasserait largement celui des « pauvres » et/ou « mendiants » donné par le secrétaire (78). Par contre, celui des personnes dans la misère totale (38) n'atteidrait pas celui des mendiants du recensement (47).

Deux autres estimations ont été faites :

Difficilement comparables à celles des autres dénombrements, elles n'apportent que des modifications mineures qui n'altèrent pas les conclusions de la première estimation commentée.

Métiers et position sociale

Le recensement précise quelques métiers exercés par les chefs de « famille ». Mais, la plupart du temps, il ne s'agit que de la position sociale (laboureur, journalier), les deux informations pouvant être juxtaposées.

Les fonctions recensées pour les chefs de « famille » se répartissent ainsi.

Ne mériteraient le titre de laboureurs, c'est-à-dire de propriétaires d'assez de terres et de moyens de production pour vivre, que peu de chefs de « famille ». Le nombre de journaliers, c'est-à-dire ceux qui n'ont que leurs bras à proposer mais possédent probablement un lopin de terre pour entretenir un jardin et peut-être un peu plus, est nettement le plus important (les trois quarts des « familles »). On pourrait penser que le mode inégalitaire d'héritage soit à l'origine de ce fait : le fils aîné hérite la maison et des terres, ses frères et soeurs ne bénéficiant que d'une compensation financière ou étant aidés dans leur survie grâce à leur hébergement ou leur prise en service chez leur aîné.

Il est alors intéressant de comparer ces deux catégories sociales en utilisant comme critère de différenciation la « richesse ». Cette dernière représente en effet le capital animal qu'on peut supposer proportionné au capital terrien. Le graphique donne ainsi le nombre de « familles » qui possèdent une « richesse » donnée en séparant les 35 chefs laboureurs des 201 chefs journaliers tels que précisés dans le recensement.

Il est certain qu'il est préférable d'être laboureur mais l'écart social n'apparaît pas aussi grand qu'on peut le penser.

Concernant les journaliers, ils se trouvent massivement et pratiquement seuls pour les « richesse » inférieures à 15 unités soit 65 % d'entre eux. 33 % se situent entre 15 et 35 unités. Ils sont pratiquement inexistants pour des « richesses » supérieures à 35, deux journaliers se distiguant cependant avec des « richesses » respectives de 50 et 52 unités.

De leur cotés, les laboureurs n'apparaissent qu'avec une « richesse » supérieure à 11 unités et ont une répartion relativement homogène jusqu'à 55 unités mais l'un d'entre eux atteint un record de 81 unités.

Les deux catégories sociales s'opposent donc :

Tout n'est cependant pas aussi nettement tranché. Il existe un « recouvrement » évident des laboureurs les plus pauvres par les journaliers les plus riches pour les « richesses » comprises entre 10 et 35 unités. Il existe de grands laboureurs mais aussi des petits, des journaliers très pauvres mais d'autres qui s'en tirent aussi bien que des laboureurs du moins en ce qui concerne leur bétail.

Les migrations

En fin du premier tiers du XVIIIe siècle, le recensement de 1734 est une source quantitative intéressante, certes ponctuelle dans le temps, des mouvements de la population de Fontcouverte. Les informations données ne sont peut-être pas exhaustives dans la mesure où les émigrants définitifs ne seraient pas tous répertoriés ; on s’étonne même qu’ils le soient puisqu’ils devraient être recensés dans leur paroisse de destination. Le secrétaire aurait peut-être travaillé avec un peu trop de zèle !

On peut ainsi avoir une idée du profil des migrants, de leur destination ainsi que de l’origine des immigrants, en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'une photographie à une époque où l'émigration n'est pas à son niveau le plus haut. Ce cliché instantanné ne concerne qu'un effectif réduit, peut-être pas très représentatif.

Les émigrants

86 personnes sont notées comme « absent » avec leur lieu de résidence. Il s'agit de 64 hommes et de 22 femmes. Cette proportion de 3 contre 1 se retrouve approximativement dans les dénombrements où elle est accessible et dans les pyramides des âges de la plupart d'entre eux.

La destination privilégiée des Fontcouvertins est Saint-Jean-de-Maurienne : on y retrouve 27 des émigrants, soit le tiers d’entre eux dont 21 sont « en service » avec, dans quelques cas, la précision de l’importante personne qui les a engagés. Mais on trouve aussi un tisserand et un cabaretier qui seraient définitivement installés à Saint-Jean. Enfin, 4 étudiants en « humanités » ou en « rhétorique » bénéficient sans doute de l’instruction dispensée au Collège Lambertin.

Puis, par ordre décroissant d’importance de l’émigration, viennent :

Parmi les exilés plus lointains, on en note un « en France », trois en Piémont, un en « Italie », un mendiant au Monestier de Briançon, un mercier à Grenoble, un marchand en Auvergne.

Il existe encore, une « destination » particulièrement importante : 12 hommes de Fontcouverte sont soldats dans les régiments de Tarentaise ou de Savoie. Quand ils sont mariés, leur famille reste à Fontcouverte.

Enfin, 10 Fontcouvertins ont émigré « ne sachant où il est » aux dires du secrétaire : migrants peut-être définitifs ayant rompu tout lien avec leurs familles ou mendiants en errance... à moins qu'ils ne reviennet un jour.

Joseph Sibué d'Alpettaz : le secrétaire ne sait pas où il est ; nous pouvons lui dire qu'il sera enterré à Fontcouverte dans deux mois et quinze jours !

La structuration de la population montre que 27 absents dans le recensement se retrouvent au cimetière de Fontcouverte. Ainsi, le tiers des absents n'est constitué que d'émigrés « provisoires » (nous les appelons ainsi pour les distinguer des migrants temporaires saisonniers) revenus à Fontcouverte à la fin de leur vie active ou au moins pour mourir.

Bien sûr, le recensement ne nous donne aucune idée des migrations saisonnières.

Globalement :

L’âge des émigrés en 1734 est intéressant à connaitre mais ne permet pas de déterminer l’âge auquel l'émigration a eu lieu. Même si une indication supplémentaire est donnée concernant la durée écoulée depuis l'accession à la fonction notée dans le recensement et ayant justifié le départ ; il n’est pas possible de savoir si d’autres emplois ont été tenus antérieurement ou le seront plus tard.

Les immigrants

39 personnes portent dans le recensement la mention de leur origine extra-fontcouvertine.

20 % d’entre elles viennent de Villarembert, 15 % de Saint-Pancrace, 5 % d’Albiez-le-Vieux, 5 % de Saint-Sorlin-d’Arves, 4 % de Saint-Jean-de-Maurienne, 2 % de Saint-Jean-d’Arves et autant de Valloire.

Les autres origines ne concernent, chacune, qu’un seul individu : Jarrier, le Chatel, Montricher mais aussi Cosne-sur-Loire et Paris (dans ces 3 derniers cas, il s’agit de mendiants et d'un homme connu seulement par son nom pouvant traduire un passé complexe Lamontagne appellé aussi Maçon).

Le statut matrimonial de ces personnes dans la paroisse est caractéristique :

Les raisons principales de ces arrivées sont claires : il s’agit de mariages. On comprend alors que les lieux de recrutement soient très proches de Fontcouverte. On peut penser que des émigrations réciproques et de même ampleur ont lieu, émigrations dont nous n’avons bien sûr pas de trace dans le recensement (mais parfois dans les attestations de mariage données par le curé et conservées avec les actes). Cependant, un cas particulier de non-réciprocité est celui de Saint-Jean-de-Maurienne : si de nombreux mariages y ont attiré des Fontcouvertins, en particulier les jeunes en service, 3 épouses et 1 gendre seulement ont migré vers Fontcouverte.

Le solde migratoire

En 1734, le bilan global des migrations serait ainsi nettement orienté vers l’émigration, émigration provisoire pour un tiers ou la moitié environ, émigration définitive pour les autres.

Si les émigrations sont principalement mauriennaises, parfois plus lointaines, les immigrations proviennent presque exclusivement des paroisses du Pays des Arves, avec en tête le voisin Villarembert, et de Saint-Jean-de-Maurienne.

Structure des « familles »

Les relations qu’entretiennent entre eux les membres d’un groupe de Fontcouvertins mentionné dans le recensement conduisent à différents types de familles si les liens sont biologiques, aux ménages s'il apparait de plus des liens de simple cohabitation et aux maisonnées si plusieurs ménages habitent sous le même toit.

Les familles

Elles peuvent être distinguées suivant la classification de Peter Laslett :

  1. Solitaires
  2. Sans famille
  3. Familles simples ou nucléaires
  4. Familles élargies
  5. Familles multiples
  6. Indéterminés

La répartition dans l'ordre décroisant des fréquences est la suivante.

Les familles simples ou nucléaires (type 3)

Avec 60 % des « familles » et 57 % des personnes, c’est le type largement le plus répandu.

Dans 68 % des cas les deux époux du couple sont vivants (type 3a et 3b). La grande majorité d’entre eux sont avec leurs enfants. Les autres sont sans enfants et il s’agit alors

Globalement, on constate donc :

Les familles multiples (type 5)

Représentant 16 % des « familles » et 26 % des personnes, ce sont des familles simples complétées par un ou plusieurs couples :

On pourrait y ajouter quelques rares familles répertoriées dans les types 3a et 3b complétées par des enfants adoptés ou des personnes étrangères à la famille (3 « familles »).

Parmi les 41 familles de type 5b des 49 de type 5 il est possible d'analyser quels enfants mariés restent avec leurs parents :

Les 41 chefs vivant avec leurs fils, brues et éventuellement petits enfants permettent de constater :

Les filles mariées n'apparaissant qu'exceptionnellement, on est porté à penser que c'est en principe le fils ainé vivant marié qui reste dans la maison de ses parents.

Les familles élargies (type 4)

Avec 8 % des « familles » et 9 % des personnes, ces groupes sont constitués d’une famille simple de type 3 ayant accueilli un ou plusieurs parents plus ou moins proches du chef ou de son épouse :

Les solitaires (type 1)

Ces familles sont constitués de personnes isolées représentent 8 % des « familles » mais seulement 2 %. des personnes.

Les sans famille (type 2)

Représentant 6 % des « familles » et 3 % des personnes, ils sont constitués dans les deux tiers des cas de frères et sœurs non mariés et sans leurs parents : jeunes, voire très jeunes ou plus âgés restés célibataires. Dans 31 % des cas il s'agit de personnes apparentées célibataires ou veuves. Le reste de 5 % rassemble des personnes sans liens de parenté.

Volume des « familles »

Le volume moyen des « familles » de 4,5 personnes est de l'ordre de grandeur de ce que l'on rencontre dans la France rurale du début du XVIIIe siècle. Il est particulièrement simple à calculer à partir du volume de la population présente et du nombre des « familles », données facilement accessibles sans rentrer dans le détail du dénombrement (à l'exeption près de la recherche des absents), mais il ne présente que très peu d’intérêt dans la mesure où ce volume varie en fait de 1 à 13.

Une meilleure idée est donnée par l’analyse de la proportion des « familles » ayant un nombre donné de membres.

Les trois quarts des « familles » comportent un nombre de personnes compris entre 2 et 6 avec une fréquence privilégiée pour 2 à 4 personnes. Le nombre de « familles » décroît rapidement à partir de 7 personnes pour s'effondrer au delà de 10. Les « familles » d'une seule personne ne représentent que 7 %.

En 1734, on vit donc à Fontcouverte principalement dans des « familles » de 2 à 4 personnes, bien loin du nombre d'enfants qui y sont nés.

Une analyse plus détaillée des fréquences ci-dessus peut être faite en tenant compte des types de familles. Elle permet de constater la relation qui lie logiquement ces deux caractéristiques à l'exception près de la presence de personnes de service ou étrangères à la famille :

On peut encore déterminer le nombre de personnes de la population vivant dans des « familles » de taille donnée.

Le graphique se déduit simplement des graphiques précédents dont les effectifs sont pondérés par le nombre correspondant de personnes. On peut ainsi constater qu'un tiers des personnes se trouve dans des « familles » de de 4 à 6 personnes, un quart dans des « familles » de 7 à 10 personnes, les personnes vivant seules ou dans des « familles » de plus de 10 membres étant très peu nombreuses.

Il est alors clair que la population de Foncouverte de 1734 est répartie dans de nombreuses « familles » qui sont loin d'être toujours des familles nombreuses ; en tout cas, elles sont de taille bien plus réduite qu'on pourrait le penser à la vue des naissances.

Nombre d'enfants dans les familles simples

L'analyse de la fréquence du nombre d'enfants par « famille » n'est réalisée que pour les familles simples, les familles élargies et multiples étant plus complexes à interpréter dans la mesure où interviennent des enfants de plusieurs générations.

Ainsi, 90 % des « familles » de type 3 vivent-ils avec moins de 5 de leurs enfants, le plus souvent avec 2 seulement.

Les enfants sont donc assez peu nombreux dans ces familles simples qui représentent la moitié du peuplement de Fontcouverte.

Les familles multiples feraient apparaître d'assez nombreux enfants célibataires relativement âgés, frères et soeurs d'enfants mariés.

Le bétail

Les différentes bêtes

Le recensement donne la liste des bêtes avec beaucoup de détails. Mais toutes les rubriques ne peuvent pas être traitées séparément. Par exemple, le recensement précise le nommbre de brebis pour les troupeux ne comportant que cette espèce animale. De même pour les chèvres. Dans les cas de troupeux mixtes, seul le nombre total de têtes est globalisé dans une rubrique « brebis et chèvres ».

Par contre, nous avons pu distinguer les bêtes adultes des jeunes en séparant les veaux et les génisses des vaches et des bœufs, les agneaux et les chevreaux des brebis et des chèvres.

Enfin, pour la première fois dans l'histoire des dénombrements, les équins sont mentionnés de façon précise en distinguant mulets, ânes et chevaux.

En regroupant entre elles les rubriques des bovins, celles des ovins et caprins et celles des équins, il apparaît clairement que l'activité pastorale, comptée en nombre de têtes, est très largement dominée par les ovins et les caprins.

Les bovins ne représentent qu'un quart du cheptel de la paroisse. Il est vrai que l'élevage d'une vache est plus coûteux que celui d'une brebis et qu'une vache produit autant de lait que plusieurs chèvres.

Quant aux équins, ils ne constituent qu'une part très faible du cheptel. S'ils sont utiles dans les travaux des champs et des transports, ils ne produisent rien en matière de nourriture.

Quant à la répartition des « familles » en fonction du bétail qu'elles détiennent (équins exclus), plus des trois quarts d'entre elles possèdent simultanément bovin, ovins et caprins ce qui constituerait une règle presque gnérale. Les troupeaux de bovins seuls sont quasi anecdotiques (1 %) alors que les « familles », probablement trop pauvres pour entretenir ne serait-ce qu'une vache, représentent 13 % des « familles ». On n'oublie pas que 7 % des « familles » n'ont aucun bétail.

Les bovins

Les vaches, représentant à elles seules près de la moitiée des bovins, sont naturellement les plus nombreuses puisqu'elles sont la finalité principale de l'élevage.

Les bœufs ne sont présents que pour 6 %. Probablement, ces bêtes doivent-elles servir en particulier aux plus durs travaux des champs à une époque où l'on n'est pas trop pressé mais être aussi vendues. Peut-être y a-il aussi quelques taureaux.

Les jeunes représentent à eux seuls presque la moitié du cheptel bovin. L'interprétation de ce fait ne parait pas clair. Les genisses et les veaux seraient issus des naissance de l'hiver : pourquoi sont-ils plus nombreux que les vaches ? Et pourquoi y aurait-il près de deux fois plus de veaux que de génisses ? La vente précoce du jeune bétail, plus facile pour les génisses que les veaux, pourrait expliquer ce rapport mais augmenterait d'autant le nombre déjà élevé des naissances. Des vaches auraient-elles alors été vendues avant juin ?

Pourtant, la bibliographie savoyarde signale que les petis bovins destinés à la vente sont négociés, par manque de moyens d'alimentation du bétail, à un âge d'un mois ou guere plus... soit au printemps à condition que la neige ait fondu.

Les ovins et les caprins

Les bêtes adultes représentent 63 % des ovins-caprins.

Les troupeaux mixtes sont prédominants (52 % des têtes). Il n’est pas possible d’y distinguer la part des brebis de celle des chèvres. Les troupeaux de brebis seules viennent ensuite avec 18 % tandis que les chèvres seules sont plutôt rares. On peut alors penser que, dans les troupeaux mixtes, les brebis sont fortement prédominantes.

Les jeunes bêtes de l'année représentent 37 % de l'ensemble des ovins-caprins soit un rapport jeunes de l'année/adultes de 0,58, taux de reproduction a priori faible (mais nous ne connaissons pas cette valeur pour le XVIIIe siècle en Maurienne) sauf à admettre la présence non négligeable de boucs et plus probable de moutons ou que de jeunes bêtes aient déjà été vendues.

Nous avons un sérieux doute sur les volumes donnés par le secrétaire concernant les « agneaux » et le groupe « agneux et chevreaux ». Ils ne paraissent pas en proportion des adultes « brebis » et « brebis et chèvres ». Le rapport des jeunes aux adultes serait de 1,5 pour les « agneaux » et « brebis » et de 0,2 pour les « agneaux et chevreaux » et « brebis et chèvres » (on peut croire à la représentativité des ces valeurs à la vue du volume important des quatre effectifs en jeu). Le secrétaire aurait-il commis une erreur en recopiant ses documents de terrain dans sa synthèse finale, permuttant les deux rubriques « agneaux » et « agneaux et chevreaux » ? Nous ne connaissons pas vraiment sa méthode de travail mais il ne doit pas posséder de tablettes ou de SmartPhone ! D'où de nombreues erreurs de recopiage constatées dans bien d'autres circonstances. Si cette hypothèse est la bonne, les rapports précedents passeraient respectivement à 0,47 et 0,63 ce qui parait plausible et encadrant la moyenne générale de 0,58.

Cependant, une étude au niveau de chaque « famille », portant alors sur des effectifs extrêmement réduits donc statistiquement peu fiables, semblerait montrer une situation plus complexe. Avec les « brebis » seules, les associations « agneaux » seraient plus fréquentes que les associations « agneaux et chevreaux » ce qui contredirait notre hypothèse. Mais c'est l'inverse pour les « brebis et chèvres ». Nombre de valeurs ponctuelles se révèlent étonnantes, mais en toute rigueur possibles, comme des chevreaux dans des troupeaux où il n'y a que des brebis. Il parait alors difficile d'attribuer une valeur réelle aux volumes donnés par le secrétaire aux jeunes ovins. Peut-on, au moins, retenir le total ?

Avec l'hypothèse de permutation, les troupeaux les plus fréquents seraient mixtes (27 % des têtes) ce qui paraît malgré tout probable, suivis de ceux des agneaux (9 %) et en nombre beaucoup plus réduit ceux des chevreaux (1 %). Là encore, les ovins sont très largement dominants.

Globalement, le cheptel des ovins est la principale occupation de l’élevage du petit bétail. Les caprins ne représenteraient qu’un complément relativement facile à nourrir et pourvoyeur de lait à fromage.

Les équins

Rustiques, agiles et dociles à conduire, les mulets sont les rois de la montagne. Pour les « familes » qui n'ont pas les moyens d'entretenir un mulet la solution trouvée est de le tenir en copropriété. On trouve dans le recensement des « familes » ayant un demi mulet, voire un tiers. Il suffit de chercher dans les « familes » voisines du recensement (qui sont aussi des « familes » voisines géographiquement) celles qui possèdent l'autre moitié ou les autres tiers . Les mulets représentent à eux seuls les deux tiers des équins

Les ânes sont bien moins nombreux que les mulets. Sans doute sont ils moins coûteux même en propriété double mais aussi moins efficaces.

Quant au cheval a-t-il d'autres avantages que sa force et sa rapidité pour le transport des hommes et du matériel ? Les Fontcouvertins du début du XXe siècles éprouvaient encore quelque peur à leur égard dans les travaux sur les pentes de la commune.

Il apparaît nettement que les équins sont exclusifs les uns des autres. Mis à part un propriétaire de 4 chevaux qui possède aussi un mulet (il doit en avoir les moyens), aucune des « familes » ne dispose de mulets ou d'ânes s'il a au moins un cheval. De même un propriétaire de mulets n'a ni chevaux ni ânes, un propriétaire d'âne (aucun n'a plus d'un âne) est toujours dépourvu de mulets et de chevaux. On pourait en déduire que le cheval est le mulet du riche et l'âne le mulet du pauvre ; encore faudrait-il s'entendre sur cette pauvreté puisque près de la moitié des « familles » (47 %) ne possède pas le moindre équin.

Les porcins

Ne serait-ce que pour la consommation familiale, l'élevage du porc est inexistant.

La taille des troupeaux

Mis à part un troupeau de 55 têtes, la taille des troupeaux s'étend de 1 à moins de 40 têtes. Cependant, 73 % des bêtes se trouvent dans des troupeaux de 5 à 24 têtes, avec une très nette prédominence des troupeaux de 10 à 14 têtes. Les troupeaux de moins de 5 bêtes ne représente que 3 % des têtes. Malgré leur taille les gros troupeaux de plus de 25 bêtes ne représentent que 27 % du cheptel.

Quelle que soit la taille des troupeaux, il apparait un rapport à peu près constant du nombre des ovins et caprins à celui des bovins soit 2,5 environ. Ce serait un compromis économique optimal. Seuls les troupeaux de moins de 5 bêtes se distinguent par un rapport voisin de 9. Les petits troupeaux sont constitués de petites bêtes peu exigeantes pour leur entretien.