Fontcouverte
 

Classification des familles d'après Peter Laslett... et d'autres

Pour faire vite et simple

Le lecteur intéressé par la logique et la pratique de la classification des familles peut passer directement au chapitre suivant.

Voici quelques lignes qui peuvent suffire pour comprendre ce qu'est la classification des familles d'après l'historien britanique Peter Laslett. Elle répond à la question de savoir quelles personnes on peut rencontrer en entrant dans une maison de Fontcouverte au XVIe ou au XIXe siècle. C'est sans doute plus compliqué de nos jours ! Y trouve-t-on beaucoup ou peu de monde ? Plusieurs générations cohabitent-elles ? Quels liens de parenté les personnes entretiennent-elles ?

On peut classer les Fontcouvertins mangeant à la même table en fonction de la taille et de la complexité de leur famille.

D'abord ceux qui vivent seuls : célibataires plus ou moins vieux, veufs ou veuves restés isolés : on les appellent les solitaires et forment le type 1.

Ensuite voici ceux qui vivent ensemble sans pour autant être réellement une famille au sens habituel du mot, par exemple des frères et sœurs ou des cousins, des cousines sans leurs parents, voire des personnes sans relation familiale ; ils sont rarement nombreux dans leurs regroupements et constituent les sans famille du type 2.

Puis viennent les familles classiques constituées d'un père et d'une mère (l'un d'eux peut être mort) ainsi que, éventuellement, leurs enfants célibataires : ils forment les familles simples de type 3.

A ces dermières familles peuvent se joindrent de vieux parents, des petits enfants orphelins, des frères et des sœurs célibataires : ces familles élargies forme le type 4.

Enfin, si l'on trouve des enfants mariés restés avec leurs parents et éventuellemnt accompagnés de leurs propres enfants on a affaire à des familles multiples du type 5.

Chacun de ces types possède des sous-catégories qui sont décrites plus loin.

Le type 6 regroupe les familles qui n'ont pu être classées dans les types précédents.

Les lignes suivantes, un peu moins simples, en tout cas plus longues à lire, permettent de connaître le détail de la classification de Peter Laslett, les problèmes que cette dernière pose et comment, de nôtre côté, nous tentons de classer les familles rencontrées à Fontcouverte. Enfin est succinctement décrite l'ancienne classification de Frédéric Le Play souvent citée par la bibliographie mais peu utile à Fontcouverte.

Plus de détails si on le souhaite

Montesquieu déjà...

De nombreux auteurs ont abordé depuis le XVIIIe siècle la question de la structure des groupes constitutifs des communautés humaines. Chacun s'appuyait sur les données historiques auxquelles il avait accès, documents marqués par leur époque et leur localisation géographique.

Les mots famille, ménage, maison, maisonnée avaient autrefois des sens qui peuvent s'écarter de ce que nous concevons actuellement. Il est vrai que les anciens textes s'intéressaient souvent aux grands de ce monde et non à nos paysans de Fontcouverte... ce qui simplifie notre affaire. De nos jours, une famille est la cohabitation d'un père, d'une mère et de leurs enfants ou presque... mais la famille des Borgia était bien plus complexe ! Si pour nous une maison est une construction en pierre ou en béton que signifie la Maison de Savoie dont les résidences étaient multiples ? Dans le cadre réduit de Fontcouverte, nous ne devons pas nous étonner qu'une même structure humaine porte des noms différents suivant les documents abordés.

Heureusement pour nous, les avis divergents des démographes actuels concernant les définitions de la famille sont sans importance, la composition de ces dernières étant toujours « relativement » simple à Fontcouverte aux époques qui nous intéressent.

Nous partons de la rédaction d'un dénombrement telle que nous la donne le secrétaire qui répartit précisément la population en groupes autonomes qu'il s'agisse d'une répartition démographique (pour les recensements) ou fiscale (pour les consignes du sel). Quant au chef du groupe, nous prenons celui mentionné comme tel ou, à défaut, le premier cité dans le groupe et, ce, quelle que soit son autorité administrative ou réelle dans le groupe.

Des familles les plus simples...

L'historien britannique Peter Laslett a proposé en 1970 la définition d'une classification devenue d'usage courant. Elle a le grand mérite d'être très générale et donc en principe pratiquement exhaustive. Elle permet d'aborder l'analyse des familles de façon quantitative et de fortement nuancer les théories subjectives qui avaient cours autrefois.

... aux plus complexes
Peter Laslett - Household and Family in Past Time

Traitant d'un sujet complexe dans une conception et une terminologie influencées par l'Angleterre, cette classification a donné lieu à bien des remarques lors de son application ne serait-ce qu'en France... ou, pour nous, en Savoie. Peter Laslett a, enfin, proposé une représentation graphique efficace des diverses structures de familles possibles.

D'autres classifications ont été proposées jusqu'à celles récentes ou actuelles de l'INSEE. Toutes ces classifications adaptées aux populations modernes ne sont, bien sûr, que peu pertinentes dans notre cas.

De nombreuses publications ont utilisé la classification de Laslett ainsi que ses représentations graphiques. Elles ne sont malheureusement pas toujours conformes à la généralité de la norme initiale et sont illustrées par des exemples restrictifs et parfois erronés. Nous utilisons donc la classification de Laslett d'origine, la plus usitée dans la bibliographie malgré ses défauts.

A la vue des documents que nous avons parcourus à Fontcouverte, la terminologie utilisée par Laslett a dû être adaptée sans conséquence pour la compréhension de la réalité  :

Une famille peut être définie, au moins du point de vue théorique, à partir de trois critères que doivent partager ses constituants :

Le découpage (un peu spécial) en groupements que nous impose le recenseur de 1718.
Tout ce monde constitue très probablement, non pas trois familles, mais une seule.

Il est bien difficile de s'assurer que les rédacteurs des vieux dénombrements utilisent effectivement ces critères si tant est qu'ils soient pertinents à toutes les époques qui nous intéressent. En ce qui concerne les groupements tels que donnés par les rédacteurs des dénombrements, nous nous contentons de suivre le rédacteur bien que ces groupements puissent être variables suivant la raison d'être des divers types de documents (démographique, fiscal...) et les consignes particulières qui peuvent être ordonnées par les autorités administratives.

Nous distinguons donc arbitrairement :

En pratique, la distinction entre famille et ménage fondée sur les liens de parenté est souvent floue. A Fontcouverte, tout le monde est un peu parent avec tout le monde : à partir de quel éloignement de parenté doit-on passer de la famille au ménage ? Nous avons choisi de placer la limite entre les parents très proches (grands-parents, parents, enfants, petits-enfants, oncles, tantes, neveux, nièces, cousins et cousines) et les apparentés plus lointains ou les non apparentés dont l'incorporation physique au groupement est probablement temporaire (en particulier tous les domestiques).

On doit enfin noter que l'observation de la structure des familles au moment d'un dénombrement n'est qu'une photographie instantanée alors que les structures évoluent de générations en générations et même en quelques années. Trop de détails dans une classification peu conduire à une analyse illusoire.

La classification des familles

Nous utilisons ici une classification directement issue de celle de Laslett bien que les subdivisions des grands types n'y soient pas toutes parfaitement définies ni toujours adaptées aux cas rencontrés à Fontcouverte.

Légende des schémas ci-dessous

Dans les lignes qui suivent nous appelons couple le noyau familial de base constitué d'un père et d'une mère éventuellemnt accompagnés de leurs enfants. Pour des raisons de généralité nous considérons (sauf de rares cas particuliers précisés par Laslett) que le couple subsiste lorsque l'un des parent est veuf mais à condition que des enfants soient présents.

Les shémas et les exemples donnés dans le texte ci-dessous se veulent simples et clairs mais bien d'autres configurations possibles sont permises par les définitions générales. Il importe de toujours se reporter à ces définitions et de ne pas se limiter aux schémas particuliers.

En conservant les qualificatifs de Peter Laslett les grands types de familles, en partant du chef, sont les suivants (même si le terme de famille peut paraitre abusif pour les deux premiers types ci-dessous) :

En résumé

La logique de classification des familles proposée par Peter Laslett peut être synthétisée de façon schématique et succincte de la façon ci-contre. Quelques rares nuances mineures doivent être cependant envisagées dans la pratique si l'on utilise notre définition étendue d'un couple (veuf, veuve ou mère célibataire).

Représentation des ménages

La représentation des familles ci-dessus est complétée par celle de personnes étrangères à la famille.

Représentation des maisonnées

Avec ou sans liens particuliers, plusieurs familles ou ménages peuvent habiter sous le même toit schématisé par deux traits horizontaux. Généralement, les dénombrements groupent les personnes par ménages mais dans certains cas, un numéro de maison permet de reconnaître les maisonnées et les familles ou ménages qui y résident.

Des difficultés d’emploi

L’usage de la classification de Laslett n’est pas toujours aussi simple qu’il y parait. Les difficultés sont de deux ordres :

Voici quelques exemples simples de ces ambiguïtés liées aux documents traités.

Dans chaque groupement d'un dénombrement la personne qui est considérée comme chef est généralement précisée comme telle ou, au moins, placée en tête de la liste des co-résidents mais ce n'est pas toujours clairement le cas. Le type de famille qui découle du choix qui peut être fait risque donc, parfois, d'être pratiquement aléatoire.

Une femme isolée dans une maison peut être une célibataire, il s'agit alors d'une famille du type 1b. Si elle est veuve, le fait est généralement précisé et il s'agit d'une famille de type 1a. Dans le cas d'un homme seul, son état de veuvage n'est généralement pas signalé, le doute sur le type de famille (1a ou 1b) est total sauf à connaître son histoire par la structuration de la population.

Un chef héberge l'une de ses filles :

Cela revient à considérer qu'un couple comporte deux personnes vivantes (éventuellement sans enfants) ou une seule personne (veuf, veuve ou mère célibataire), la trace du couple dans ce cas étant conservée par la présence des enfants. En l'absence d'enfants le couple disparait et le parent restant est considéré comme une personne qui serait célibataire. Pour tenir compte des définitions de Laslett, une exception est faite pour un parent veuf du chef qui est considéré comme célibataire (type 4a).

Un célibataire donné pour chef par le dénombrement vit avec son frère cadet marié. Quel type attribuer à la famille ? Le type 5 (5d en particulier) est inutilisable puisqu'il n'y a qu'un couple. Le type 4c ne peut être retenu a priori puisque le chef, l'ainé, est célibataire. Le type 2 est également inaproprié puisqu'il y a un couple. Nous retenons le type 4c ce qui suppose que nous reportions le caractère de chef sur un frère qui n'est pas déclaré comme tel dans le dénombrement. Après tout, que le chef soit le plus jeune ou le plus âgé ne change en rien la structure physique de la famille. Seule est enfreinte la règle (d'ailleurs retenue par Laslett) qui veut que le premier cité dans un groupement soit toujours le chef. Un cas identique se trouve quand deux sœurs vivent ensemble, la première (chef) étant célibataire, la seconde mère célibataire avec un enfant.

Suivant l'idée qu'on peut se faire d'une personne étrangère à une famille une incertitude peut apparaître. Par exemple, un célibataire recueuille un indigent. On peut admettre que ce dernier contribue à la formation d'une famille de type 2c : il s'agit bien de deux co-résidents sans relation familiale. Mais on peut aussi considérer qu'il s'agit d'un némage qui serait de type 1b+ : une personne isolée dont la famille est transformée en ménage par la présence d'un étranger (noté +).

Un autre exemple d'ambiguïté peut apparaître concernant une question d’autorité.

Si A est pris pour chef, la famille est considérée comme multiple (type 5b). Il fait partie d’un couple (dont ici l’épouse est décédée) abritant dans sa maison un second couple constitué par sa fille C avec son mari B et ses petits-enfants D et E. Le dénombrement énumère les personnes en principe dans l’ordre A, B, C, D, E. Mais si A a 70 ans, peut-on croire qu'il est réellement le chef quand il vit avec le couple d'un de ses enfants de 50 ans ?

Qui est le vrai chef chez François Boutaz en 1789 ? Il a 78 ans et héberge 22 co-résidents dont 4 fils mariés !
C'est le secrétaire qui dédide de l'ordre (ici très logique) sans se soucier de Laslett.
(Pour être sûr de ne manquer personne glissez la souris sur l'image)

Si l'on retient B pour chef qui a recueilli dans sa propre maison son beau-père veuf, la famille est considérée comme élargie de façon ascendante (type 4a). Le dénombrement peut alors énumérer les personnes dans l’ordre B, C, D, E, A mais cet ordre n'est pas systématique (on peut trouver par exemple B, C, A, D, E voire B, A, D, C, E si le rédacteur privilégie les hommes pour laisser les femmes en fin de liste comme on le constates dans des consignes du sel du XVIIIe siècle).

Si des liens de parenté dans une famille ne sont pas précisés dans le dénombrement, une personne peut être un frère ou une sœur célibataire du chef ou de son épouse (type 4c) ou être une personne externe à la famille (ménage).

On peut encore regretter que la taille des familles soit perdue, nous avons à Foncouverte des familles multiples de 4 à 25 personnes !

Priorité de la multiplication sur l'élargissement

Dans nos déterminations des codes de Laslett nous adoptons la convention suivante (implicite pour Laslett ?). Lorsqu'une famille simple (type 3) ajoute :

Il est clair qu'il aurait été préférable de pouvoir coder de façon différente les superpositions simultanées des élargissements et des multiplications. Nous ne l'avons pas fait pour rester près des définitions de Laslett qui sont habituellement employées.

Le codage des ménages

Pour garder la connaissance de la structure familiale des groupes hébergeant des étrangers à la famille, nous avons codé les ménages suivant le code de Laslett de la famille. Nous avons seulement ajouté au code autant de caractères + qu'il y a de personnes étrangères à la famille (très généralement des personnes de service).

Le codage des mères célibataires

Inexistantes jusqu'au milieu du XIXe siècle, les mères célibataires vivant seules avec leurs enfants posent la question du codage du « couple » (tel que nous l'avons défini) qu'elles constituent avec leurs enfants à la fin du siècle. Nous avons choisi de les considérer comme des veuves en créeant pour elles un couple afin de les gérer simplement.

Détermination automatique des codes de Laslett

La classification de Laslett souffre de deux défauts classiques des systèmes logiques de pensée, en particulier les classifications :

Pour rendre la détermination du code plus rapide et moins subjective, nous tentons de la rendre automatique. Cela est réalisable, particulièrement dans le cadre d'une monographie, dès que les personnes énumérées dans une famille d'un dénombrement ont pu être reconnues dans la structuration de la population avec leur identifiant personnel.

Il est alors possible de calculer automatiquement pour chaque personne :

Le premier point permet de détecter des erreur du secrétaire, de rectifier ou préciser la structuration de la population ou l'identification que nous y faisons de la personne.

Les liens reconnus dans la famille permettent de définir un code simultané de parenté et de statut matrimonial de chaque personne dans l'ensemble ordonné (chaîne de caractères que nous appelons ADN) qui permet de calculer le code de Laslett de la famille ou du ménage.

Dans la pratique, les types 1, 2 et 3 sont très facilements déterminables automatiquement (ils représentent 50 à 75 % des familles à Fontcouverte). Cela est un peu plus complexe pour les familles de types 4 et 5. Par ailleurs, le calcul peut être troublé par la présence de personnes qui n'ont pu être identifiées. Dans de tels cas, un contrôle manuel permet généralement de déterminer un code en tenant compte d'informations complémentaires données par le dénombrement, en particulier les habitudes du secrétaire concernant l'ordre de description des membres d'une famille.

Voici quelques exemples issus du recensement de 1876 particulièrement bien adapté au test du programme compte tenu des informations précises que donne le document.

Une famille de type 1 des isolés. Le recensement ne donne pas le statut matrimonial d'Euphrosine Bouttaz mais la structuration de la population le fait ce qui permet de trancher entre 1a et 1b.

Une famille de type 2 des sans famille. Là encore, le recensement ne donne pas le statut matrimonial des personnes mais la structuration de la population précise que tous sont célibataires. Il s'agit donc bien d'une fratrie de célibataires vivant sous la direction de l'aîné.

Une famille simple de type 3 : une famille particulièrement simple ! La structuration de la population précise le veuvage de Jean Baptiste Gilbert qui assure le code 3c.

Une famille élargie de type 4 : une famille de type 3 élargie latéralement par un frère (type 4c) et vers le haut par une tante célibataire et une mère veuve (type 4) soit au total le type 4d fusionnant les deux types d'élargissement. En toute rigueur, notre définition du couple ferait de la mère un second couple puisqu'elle vit avec ses enfants. Mais le positionnement du chef interdit le type 5.

Une autre famille élargie de type 4 avec élargissement vers le haut par une mère veuve (type 4a) et latéral (type 4c) par une sœur soit au total le type 4d fusionnant les deux types d'élargissement. De plus s'ajoute le berger François Adreyt sans lien de parenté simple avec le chef dans le recensement. Le chemin de parenté de François que donne le calcul du code de Laslett paraît un peu complexe ce qui justifierait le complément du code par le caractère + mais il révèle qu'il s'agit du frère d'une sœur par alliance du chef (une belle-sœur est pour nous une sœur issue d'un autre lit des parents et alors assimilé à une sœur pour les calculs). C'est donc arbitrairement que nous considérons que ce lien, malgré tout étroit et courant à Fontcouverte, justifie de considérer ce berger comme un étranger à la famille (dans la pratique, le programme utilise une liste des parentés étroites, les autres parentés sont considérées comme lointaines et donnent lieu à l'édition d'un chemin en place de la parenté directe).

Enfin, une famille multiple de type 5 hébergeant un frère et une sœur du chef. Il s'agit d'un cas d'élargissement se superposant à une famille de structure multiple de type 5. Bien que ces personnes soient très étroitement liés au chef, la classification nous oblige à donner à la famille le code « fourre-tout » 5e (priorité à la multiplication).

Dans tous les cas, la structuration de la population est un préalable indispensable dont le coût ne peut être justifié que s'il trouve d'autres applications, ce qui est très souvent notre cas à Fontcouverte.

De façon plus complexe et praticable seulement si on dispose d'une identification suffisante des personnes, on peut également calculer, avec plus de difficultés mais de façon automatique, un code qui permet :

Voici l'exemple du code ainsi établi en 1789 pour la famille du veuf Francois Bouttaz avec son fils veuf Pierre Antoine (3 enfants), ses fils mariés Michel (2 enfants), Claude (4 enfants) et Jean (5 enfants), sans oublier une servante qui devait être très occupée : 23 personnes au total. Malgré la structure inhabituelle de la famille (c'est le record fontcouvertin de complexité !) le code de la famille n'est pas très difficile à interptéter  : *V0(BV3,BC2,BC4,BC5,EF0) soit 24 caractères (pratiquement un caractère seulement par personne, * notant le chef). Il a, en tout cas, l'avantage de décrire la structure familiale dans tous ses détails

Un second exemple est celui du code *C1(BC0,BC1(BC0),HV0(V1)) qui conduit :

On y reconnaît les différents sous-groupes élémentaires inbriqués de façon récursive dans la globalité de la famille.

La classification des familles de Frédéric Le Play

Cette classification des familles tant rurales qu'urbaines de la fin du XIXe siècle a eu un fort retentissement jusque dans le XXe siècle (la bibliographie s'y réfère souvent) avec une connotation sociale voire politique.

Très succinctement, la classification de Le Play établie les distinctions suivantes :

A Fontcouverte, qui reste une communauté pratiquement exclusivement agropastorale à peine ébranlée par l'épisode révolutionnaire français jusqu'au rattachement définitif et tardif de la Savoie à la France, on retrouve ces trois groupes.

Le premier est constitué par les familles de type 5 de Laslett quand plusieurs enfants mariés restent pour vivre avec le patriarche. Il existe bien mais est peu représenté. On peut cependant citer la maison exceptionnelle de ce type, mentionnée plus haut, habritant en 1789 un patriarche veuf, trois de ses enfants mariés, une belle-fille veuve, 14 petits enfants et une domestique soit au total 23 personnes.

Le second est bien plus fréquent quand une famille de type 5 de Laslett ne regroupe avec le patriarche qu'un seul fils marié, généralement l'aîné survivant, avec sa propre famille.

Quant au troisième, le plus répendu à Fontcouverte déjà au XVIe siècle, il s'apparente aux familles de type 3 de Laslett. Celles-ci sont issues d'enfants vivant séparément du patriarche suite à leur mariage s'ils ne sont pas héritiers ou, plus simplement, de familles souches lorsque le patriarche vient à mourir. L'exiguïté des maisons de Fontcouverte est peut-être l'une des causes de cet éclatement.

L'importance numérique des familles souches affirmée par Le Play, en particulier dans la partie méridionale de la France, ne serait donc en fait que très relative aux temps et lieux qui nous préoccupent.