Fontcouverte
 

Structuration de la population de Fontcouverte

Voilà des termes que vous rencontrerez très souvent dans nos textes. Le concept est effectivement fondamental puisqu'il nous donne une vision globale et ordonnée de toutes les personnes rencontrées à Fontcouverte ; il est à la base obligatoire de toutes nos études.

Les historiens-démographes appellent « reconstitution des familles » l'opération qui consiste à établir les liens de parenté qui existent entre les personnes d'une population, généralement connues en tant qu'individus pris isolément à l'occasion d'actes d'état civil ou de tous les autres documents disponibles, tels que les recensements, les concernant. Nous avons pris l'habitude du terme plus général de « structuration de la population » pour traduire le fait que c'est la population dans toute sa globalité qui doit être structurée, bien sûr souvent par l'intermédiaire de ses familles mais aussi par d'autres liens.

Il s'agit d'une opération longue et difficile si l'on remonte loin dans le temps dans la mesure où les vieux documents ont été établis dans un but qui n'est pas vraiment celui d'une structuration générale. Nous ne regrettons pas ce travail utilisant la totalité des informations que donnent les documents, y compris celles qui n'apparaissent pas indispensables aux activités généalogiques et pourtant indispensables si l'on veut éviter des traquenards généalogiques dont on ne perçoit pas l'existence sans une analyse de détail ainsi qu'à des analyses démographiques.

La phase initiale de la structuration

Devant concerner toute la population, la structuration débute par l'établissement de la liste de toutes les personnes rencontrées. Cette liste est initialisée par toutes les naissances (ou baptême) connu(e)s. Chaque enregistrement de la table des naissances entraîne alors la création d'une personne dont l'identifiant est celui de son baptême ou de sa naissance. Soit actuellement 13 932 personnes (y compris les enfants morts à la naissance et « baptisés à la maison » dont on n'a que le décès et les enfants « déclarés sans vie » à la mairie c'est à dire morts avant qu'une déclaration de naissance ait pu y être faite).

On doit cependant y ajouter :

Toutes ces personnes « rajoutées » sont distinguées des premières par un identifiant portant la marque du fait que leur naissance n'est pas enregistrée à Fontcouverte. A ce jour, nous en connaissons 4 550.

La liste complète des personnes ainsi inventoriées comporte actuellement 18 482 individus.

La phase de structuration proprement dite

Elle consiste à rapprocher les actes de décès des personnes créées. Cette opération est d'autant plus difficile à réaliser que ces personnes meurent plus âgées et qu'on remonte dans le temps à des époques où l'âge au décès n'est pas précisée ou l'est de façon trop imprécise. L'identité sociale peut aider, particulièrement pour les femmes mariées mais c'est loin d'être le cas des hommes. Actuellement, 5 500 personnes n'ont pu être soumises à ce raccordement. Ce nombre comprend, en particulier, les personnes ayant quitté Foncouverte au cours de leur vie, les émigrés ainsi que celles dont les informations connues sont insuffisantes pour les identifier dans la structuration (nom et prénom ambigus pouvant conduire à des doublons dans la structuration).

De même, il faut rapprocher toutes les personnes qui se marient à Fontcouverte (ou dont le mariage peut être retrouvé dans le voisinage plus ou moins distant) pour créer leur famille. Là aussi, l'opération est aisée pour le XIXe siècle mais les archives sont loin d'être claires pour les siècles les plus anciens. Certains mariages ne sont pas retrouvés (mariages hors Fontcouverte ou lacune d'archives) mais la recherche des fratries permet de déterminer, sans connaître la date exacte du mariage, des familles possibles, le curé précisant toujours si les parents des enfants sont mariés.

Le cas des remariages est plus difficile à traiter dans la mesure où les actes ne comportent pas toujours une mention de ce cas particulier. Il faut alors trouver le décès du conjoint disparu (souvent précédé d'un arrêt de la fratrie correspondante) puis un mariage du conjoint survivant dans un délai assez court (avec éventuellement une nouvelle fratrie). La comparaison des âges des époux, quand on peut la déterminer, est également une aide précieuse ainsi que l'identité des parrains et marraines des enfants à naître.

La liste des enfants d'un couple est généralement assez facile à retrouver mais la variabilité et les ambiguïtés des noms et prénoms peuvent être très gênantes. Tout renseignement complémentaire est alors très utile comme l'identité des parrains et marraines qui peuvent être les grands-parents, oncles ou tantes du nouveau-né.

Il est ainsi possible de structurer les familles et de les relier entre elles de générations en générations et enfin atteindre le but général recherché. La table des familles en comprend actuellement 4 595.

Mais il faut bien admettre que cette phase de structuration n'est jamais terminée, toute information complémentaire retrouvée pouvant l'améliorer.

Une structuration itérative

Dans la pratique, la structuration est réalisée par « couches » successives.

Un premier passage permet de réaliser les structurations évidentes compte tenu des informations disponibles. C'est le cas pour la majorité des personnes du XIXe siècle ; ce ne l'est généralement pas pour les siècles antérieurs.

Dans un second passage il est possible d'assurer la structuration des cas plus difficiles. La recherche est simplifiée en tenant compte des informations que donne la structuration précédente de toutes les personnes qui sont déjà traitées. En particulier, bien des ambiguïtés peuvent alors être levées.

Il faut encore recommencer jusqu'à ce qu'aucune structuration supplémentaire ne puisse être acquise. On trouve dans le dernier passage :

Un complément important d'informations est donné par les documents disponibles autres que ceux d'état civil : dénombrements (recensements de la population, consignes du sel), livres de la taille et livres de l'état des âmes que donnent les archives de la cure. On y retrouve des familles « toutes faites » ce qui permet un contrôle et une complémentation de la première structuration : enfants non trouvés dans l'état civil, raccordement de décès non traités se manifestant par la disparition d'un individu entre deux recensements ou consignes du sel, individus fontcouvertins ou non (souvent héritiers) venant payer la taille pour un individu récemment décédé, origine de personnes étrangères à la paroisse ayant donné une famille enregistrée dans les états des âmes, correction d'erreurs avérées dans les documents d'état civil. On établit ainsi un nouveau type de bouclage long mais fort utile entre documents d'origines diverses tant religieux que laïcs conduisant à de nouvelles structurations jusqu'alors inconnues (en particulier quand des ambiguïtés de noms et prénoms ont été rencontrées dans l'état civil), voire de corriger des erreurs qui auraient pu être faites lors des tentatives précédentes.

Des contrôles

La structuration établie est encore contrôlée en portant des tests de vraisemblance sur les résultats. Ils ont été appliqués en particulier sur la pertinence de dates des divers événements successifs de la vie. Les règles qui sont alors activées devraient permettre un usage automatique dans l'élaboration des structurations portant sur les périodes où les informations des actes et leur qualité sont suffisantes, par exemple pour le XIXe siècle. Plus tôt, il faudrait avoir recours à une logique floue donnant au moins les cas les plus probables.

Et, malgré tout, des erreurs possibles

En particulier, du fait du manque d'informations, de cas d’ambiguïté de noms ou de prénoms et d'erreurs constatées dans les documents, certaines de nos décisions sont prises comme correspondant à ce qui nous parait le plus probable. Mais la réalité peut éventuellement être différente. Dans les cas où des doutes trop forts sont constatés, nous nous contentons de signaler les différentes solutions possibles. Si des lecteurs percoivent des anomalies, nous serons heureux d'en tenir compte.

La fiche personnelle complète d'un Michel Collet

Les résultats

Le résultat final de la structuration est la constitution d'une table des personnes donnant, pour chacune d'elles, soit directement soit par lien avec les tables des actes d'état civil et d'une table des familles, toutes les informations concernant la personne. Il peut alors être édité immédiatement une fiche résumant toute la vie d'un individu et précisant quand les informations sont pertinentes et sont connues :

Tous les noms de personnes présentés en brun dans la fiche donnent immédiatement accès à la fiche personnelle correspondante dans les conditions ci-dessus.

Enfin, la structuration permet de réaliser des enquêtes complexes sur les Fontcouvertins, comme le feraient les démographes actuels avec les vivants. Cette facilité est la base de toutes nos études.