|
|
|
|
|
|
|
|
Les maisons et les foyers à Fontcouverte
On sait que le volume de la population de Fontcouverte a peu varié au cours du temps au voisinage de 1 200 - 1 300 habitants. Si le mode de répartition des personnes dans les maisons varie peu, le nombre des maisons devrait, lui aussi, être stable.
Dans la pratique des archives, la détermination exacte du nombre de maisons habitées est difficile et incertaine. Ce nombre est acquis en comptant celui des groupements de personnes réalisés par le secrétaire des dénombrements qui sont à la base de nos calculs. Il ne s’agit donc pas exactement de maisons mais plutôt de groupements familiaux dont le nombre dépend de la perception que secrétaire en a : on note par exemple le recensement de 1718 qui donne 341 groupements contre 290 dans le recensement de 1716 (ce cas est cependant exceptionnel et nous n’en tenons pas compte). Par ailleurs, il se peut que plusieurs regroupements familiaux s'abritent sous le même toit sans que le secrétaire les distingue. Enfin, notre décompte exclut, naturellement, toutes les dépendances telles que les granges ; il s'agit bien de maisons habitées.
De façon globale, le nombre de regroupements se situe au voisinage de 260, avec un maximum de 290 au recensement de 1716, 230 aux consignes du sel de 1759 et 1789 et enfin 237 seulement au recensement de 1896 quand la population de Fontcouverte se réduit significativement et quand sont déjà signalées 6 maisons abandonnées. On constate donc bien une grande stabilité du nombre des regroupements malgré les fluctuations, d'ailleurs relativement faibles, du volume de la population.
Ces valeurs, bien qu’approximatives, paraissent cependant logiques à la vue du graphique du nombre moyen de personnes par regroupement qui fluctue assez peu soit 4 au recensement de 1561 quand la population de la paroisse semble se reconstituer à 5 à la consigne du sel de 1789 quand la population semble sortir d'une phase de creux où le nombre des regroupements reste relativement faible. Mais peut-être s'agit-il, aussi, de l'effet du mode d'enregistrement des consignes du sel.
Une étude plus précise que nous espérons faire des maisons (et non des regroupements) devrait être entreprise à partir de la Mappe Sarde des années 1730.
Avec l’abondance des naissances dans la plupart des familles, on pourrait s’attendre à trouver de nombreuses personnes dans les maisons. Et pourtant...
Dans la réalité, il faut imaginer les évènements qui interviennent dans les foyers.
Le plus important est le fait de la mortalité infantile : 25 % des enfants disparaissent avant d’avoir atteint un ans aux XVIIe et XVIIIe siècles et encore 15 à 20 % au XIXe. Heureusement la mortalité s’effondre dans les âges qui suivent et reste assez faible dans les 30 à 40 années postérieures.
Vient ensuite la nécessité de trouver une occupation pour se nourrir. La règle semble que le fils aîné survivant hérite la maison de ses parents. Les autres enfants doivent trouver un emploi ailleurs (ou même chez leurs frères aînés). S’ils restent à Fontcouverte, ils apparaissent comme « valets » dans d’autres maisons. Mais s’ils doivent se résoudre à l’émigration, et ils sont nombreux, ils disparaissent de notre inventaire.
Voici quelques exemples de la répartition des regroupements en fonction de leur volume à quelques dates caractéristiques pour lesquelles nous avons des informations.
L’année 1561, connue uniquement par un recensement réalisé avant les premières archives d'état civil en 1587, est difficilement interprétable. Elle est essentiellement marquée par le nombre important des regroupements de très petite taille, inférieure à 3 personnes.
On peut penser qu’il s’agit là de la trace de la déstructuration de la population au cours du XVIe siècle laissant apparaître de nombreuses personnes isolées dans leurs maisons.
Près de deux siècles plus tard en 1734, la population est en phase d'équilibre après avoir fortement cru.
La proportion des isolés est réduite mais celle des regroupements de 2 et 3 membres est importante. Si les regroupements de 10 personnes sont exceptionnels, nombreux sont ceux à 4 - 6 personnes, voire même 7 - 10.
En 1759, la répartion des tailles des regroupements s'organise plus régulièrement.
Ceux de 4 membres deviennent les plus nombreux suivis par ceux de 5.
Ceux de plus de 11 personnes sont en nombre négligeable.
L’année 1789 voit se confirmer les impressions antérieures de régularité.
Le pic des regroupements de 4 personnes est net, les tailles de 5 à 12 décroissant régulièrement.
Au-delà de 12 membres les regroupements ont une présence anecdotique. Seul se distingue un regroupement de 23 personnes avec une structure très particulière (et unique à Fontcouverte) d’un patriarche ayant gardé avec lui quatre de ses six fils mariés et ses petits enfants.
1896 voit le dernier recensement de notre étude.
Il traduit une augmentation de la proportion des regroupements moyens (3 à 6 personnes). Le pic à 4 personnes passe à 5 mais dans une répartition relativement très homogène. Une analyse plus détaillée montre que cette nouvelle répartition est due à de nombreux célibataires vivant seuls ou presque (1 à 3 personnes) ou en cohabitation avec des familles ordinaires (à plus de 4 personnes).
Simultanément apparaît une décroissance de la proportion des regroupements de plus de 7 personnes.
Gardant à l'esprit que nos graphiques ne sont que des photographies très ponctuelles dans le temps, on peut cependant constater que la répartition du nombre des membres des regroupements change relativement peu au cours des siècles. Le volume quasi constant de la population peut expliquer ce fait. On peut, en particulier retenir que les regroupements à 4 membres (le plus généralement un couple et 2 enfants) reste une caractéristique quasi universelle. On est bien loin des multiples familles nombreuses qu'on imagine en milieu rural.
Les seules particularités qui peuvent être signaler se situent aux extrémités temporelles de notre étude. Elles concernent des époques très particulières à Fontcouverte :