Fontcouverte
 

Consigne du sel pour l'année 1759

    

Les documents sources sont issus des archives départementales de Savoie, sous forme de photographies des « originaux » de la communauté de Fontcouverte.

Il s'agit d'une consigne du sel mais celle-ci se présente sous une forme de tableuax différente de celle des consignes des années 1720 - 1738. On y trouve quelques informations nouvelles habituellement réservées aux recensements.

Ordre de l'Intendant général pour la consigne du sel de 1759
(ici pour Saint-Etienne de Cuines, celui de Fontcouverte doit
commencer de façon identique aux noms près des signataires et
des dates de consignation qui sont très voisines des nôtres).
Un ordre général avait été donné par ordonnance du 19 novembre 1749 de l'Intendant général de faire une consigne chaque année, imposant à la communauté de Fontcouverte une levée de sel de 84 balles soit 14 364 livres. Il devrait donc exister de nombreuses consignes postérieures à 1749. Nous sommes loin de les avoir toutes retrouvées.

Pour l'anné 1759, l'odre de l'Intendant général est du 1er octobre 1758. La collecte des informations dans les maisons est réalisée par le secrétaire Bellet de la communauté (nous ne le connaissons pas, sans doute est-il originaire de Villarembert ou plutôt de Saint-Jean-d'Arves), assisté d'un conseiller de chaque hameau et des voisins (preuve peut-être qu'il ne connaît pas très bien la paroisse), la collecte des informations ayant été réalisée en quelques jours situés au début de décembre 1758 (deux jeunes enfants de 15 jours et nés le 10 et 16 novembre sont consignés). L'état final est daté du 23 décembre 1758.

Nous avons retenu la date du 15 décembre 1758 pour nos calculs des âges.

Le terme de « famille » est utilisé par la consigne comme unité de regroupement des personnes. Nous l'utilisons sous cette forme dans la suite.

Suivant les instructions, sont mentionnés pour chaque « famille » :

Des qualités et des imprécisions

Si l'on compare la consigne du sel pour 1759 de Fontcouverte à celles de paroisses voisines, il faut reconnaître que nous avons de la chance. Chez nous, les informations importantes sont toutes là. Les personnes sont généralement présentées avec leur filiation et le village de leur foyer, les animaux sont correctement inventoriés.

Pour les personnes, sont mentionnés le nom du chef de « famille », le prénom des autres personnes souvent sans filiation exacte et dans un ordre pas toujours clair ce qui conduit à des difficultés d'identification. Les valets et servantes sont la plus part du temps mentionnés par leur seul prénom ce qui empêche leur identification. Deux « familles » correspondent à des orphelins dont le dernier parent est mort de façon très récente mais sert encore à la définition de la « famille » ; le nombre des enfants présents n'est alors pas précisé.

Un cabaretier, Jean Augert, est signalé au Village de l'Eglise. Bien que dit « de médiocre débit », il est taxé du fait de son commerce à 24 livres de sel à en croire nos calculs.

Une étude détaillée du document permet de constater un certain nombre d'anomalies :

Pour les bestiaux, la consigne de 1759 est la première connue à réaliser théoriquement un détail précis des bêtes en cause mais nombre de rubriques ne donnent lieu à aucun enregistrement. On constate en particulier le décompte des cochons qui curieusement n'existait pas dans les consignes antérieures et qui est vide dans le cas présent. Les rubriques concernant les petites bêtes à saler (dont les chèvres) ne sont pas renseignées. De même pour les bêtes « en montagne » ; il est vrai que nous sommes en hiver, les bêtes sont redescendues des alpages mais il pourrait alors y avoir des vaches à l'hiverne qui ne sont pas prévues à l'inventaire.

Les taux d'imposition en livres de sel sont précisés :

Majeurs de 5 ans Vaches Bœufs Génisses Ovins Caprins
8 8 4 4 1 1

La consigne de 1759 précise qu'un complément de sel de 203 livres (ne représentant que 1,4 % du sel calculé pour 1759) est à répartir pour atteindre les 84 balles exigées par l'Intendant général dans son ordonnance du 19 novembre 1749. Le secrétaire de la communauté a réalisé la répartition du complément de façon à faire supporter ce supplément par les feux les plus aisées, en fait les plus imposables.

Le graphique donnant le complément de sel en fonction du sel directement imputable aux personnes et au bétail montre qu'il a appliqué une certaine proportionnalité très simple par tranches (déjà !) ; les feux directement taxées à 50 livres au plus ne supportent pas de supplément, celles taxées entre 51 et 75 en supportent une, celles taxées entre 76 et 100 en supportent deux et celles dépassant 100, trois.

Dans la pratique, des écarts à la règle apparaissent sans doute laissés à l'initiative du secrétaire en fonction, peut-être, de sa perception de la richesse des regroupements familiaux. En tout cas, il n'est pas appliqué de « quotient familial » pour tenir compte du nombre de personnes constituant les regroupements.

Globalement, on peut principalement regretter que les filiations soient parfois incertaines, en particulier pour les « familles » complexes et les personnes isolées. Si les mineurs de 5 ans sont répertoriés avec leur âge, on doit reconnaître que ce dernier est imprécis mais pas plus que dans les autres documents de même nature ; plus gênante est la lacune de près de 15 % des mineurs. Des difficultés apparaissent dans l'interprétation de certaines informations et il faut du temps pour tout remettre en ordre ; la disposition de la structuration de la population très correcte de la paroisse dans la première moitié du XVIIIe siècle est indispensable à ce travail. On peut alors traiter la consigne du sel pratiquement comme un recensement peu dégradé.

Résultats globaux

Le tableau récapitilatif en fin de document fait état des valeurs suivantes.

Majeurs de 5 ans Bœufs et génisses Vaches Moutons Brebis Chèvres
952 155 552 303 1061 145

De notre côté, nous avons contrôlé la liste des mineurs de 5 ans donnée par le recenseur ainsi que celle des enfants de 5 à 9 ans révolus dans la mesure où des anomalies sont à redouter.

Concernant les personnes, les valeurs suivantes peuvent alors être retenues comme les plus probables de la population de fait.

Nombre de « familles » présentes : 234

Présents

Hommes femmes Majeurs de 5 ans Mineurs de 5 ans Total
471 482 953 177 1130

Nombre moyen de personnes par « famille » : 4,8

Identification dans l'état civil des personnes consignées

Parmi les 1 112 personnes portées dans la consigne, 1 023 ont pu être identifiées dans la structuration de la population soit un taux d'identification de 92 %. Cette valeur, très satisfaisante pour une consigne du sel mais relativement faible dans l'absolu, est limitée, dans la plupart des cas, par le manque d'indications précises concernant certaines filiations et accessoirement par la présence de domestiques mentionnés au mieux par leur seul prénom et d'un vicaire. L'identification souffre enfin de l'absence de dénombrements voisins pouvant la faciliter, en particulier en ce qui concerne les personnes isolées. Ainsi, 94 % des personnes identifiables sont identifiées.

Contrôle des âges des mineurs de 5 ans

Si l'âge des majeurs de 5 ans n'est pas précisé, la consigne donne exceptionnellement celui des mineurs. C'est une opportunité pour observer la précision avec laquelle le secrétaire relève les âges dans sa consigne du sel.

Le graphique corrélant les âges réels calculés à partir de la structuration de la population à ceux donnés dans la consigne montre que ces derniers voudraient être des âges révolus. Il apparaît cependant de nombreux écarts à cette définition, écarts que l'on retrouve identiques jusque dans les recensements plus tardifs, même au XIXe siècle, traduisant la méconnaissance de leur âge exact par les Fontcouvertins ou le peu d'intérêt qu'y porte le rédacteur du dénombrement. Ce fait paraît étonnant dans une consigne du sel dont le but est la détermination des mineurs de 5 ans exonérés de l'impôt... à moins qu'il ne s'agisse que d'un moyen d'y échapper !

Les imprécisions d'âge contribuent également au faible nombre d'enfants de moins de 1 an dont l'âge est précisé en jours et en mois dans la consigne.

Estimation du nombre de mineurs de 5 ans

La consigne donne 151 enfants ayant moins de 5 ans. L'estimation du nombre de mineurs de 5 ans vivant à Fontcouverte le 15 décembre 1758 conduit au nombre de 177, valeur que nous retenons même si elle risque d'être très légèrement surfaite. L'écart n'est pas négligeable. Il provient principalement des enfants de moins de 1 an mal consignés (8 filles et 3 garçons sont nés dans le seul mois de novembre 1758 et auraient pu ne pas avoir été pris en compte). Les autres écarts sont dûs aux imprécisions sur les âges.

Age révolu 0 an 1 an 2 ans 3 ans 4 ans Total
Selon la consigne 16 29 30 35 41 151
Selon l'état civil 37 34 43 29 34 177
Ecarts 21 5 13 -6 -7 26

L'écart total de 26 enfants se répartirait en 2 garçons et 24 filles.

Estimation des enfants non consignés âgés de 5 à 9 ans

Il est constaté un sous-enregistrement de ces majeurs dans les consignes du sel établies entre 1720 et 1738, anomalie concernant systématiquement une quarantaine de jeunes de cette tranche d'âge. Afin de savoir si cette habitude se manifeste encore 30 ans plus tard, une comparaison entre les 163 enfants nés entre le 15-12-1748 et le 15-12 1753 donnés vivants fin 1758 par la structuration de la population et ceux enregistrés dans la consigne a été réalisée. Cette étude est rendue difficile par l'absence de dénombrements suivant immédiatement 1758 susceptibles de donner des informations précises sur le devenir des enfants en cause.

18 enfants ne se retrouvent pas mentionnés dans la consigne. Ce peut être un défaut d'identification de notre part ; cela est peu probable les jeunes enfants étant généralement facilement identifiables. Parmi eux :

Le nombre d'enfants susceptibles de ne pas être consignés, alors que nous avons une forte présomption de les croire vivants à Fontcouverte au moment de la consigne, apparaît comme très faible. Nous n'en tenons pas compte pour garder les informations données par le secrétaire.

Pour répondre à notre question initiale, on doit admettre que la pratique massive du sous-enregistrement des jeunes enfants dans les anciennes consignes du sel a complètement disparu en 1758. On peut penser que l'imposition dans les anciennes consignes du sel est directement indexée sur les nombres effectivement déclarés des personnes : en omettre quelques uns permet alors un allègement de l'impôt. En 1759, il est bien précisé qu'une quantité forfaitaire de sel est prescrite : la fraude devient impossible.

Proportion des mineurs de 5 ans dans la population totale

Si l'on ajoute les 26 mineurs de 5 ans non consignés, le rapport du nombre de mineurs à celui de la population de fait totale est de 15,7 %, valeur très forte comparée à celles connues pour les paroisses de Maurienne de l'époque. Il s'agit probablement de l'effet de la nette reprise des naissances (surtout masculines) en 1740 après une longue période de baisse réduisant le nombre des majeurs en décembre 1758 et du nombre probablement important des absents des classes d'âge intermédiaires.

Répartition des maisons, des « familles » et de la population dans les villages

La population de Fontcouverte s'établie en nombreux villages plus ou moins isolés. Le secrétaire regroupe ceux qui sont le moins peuplés.

Sur la carte ci-contre les cercles orange ont une surface proportionnelle à la population de chaque village.

En glissant la souris au centre de chaque cercle il apparait sur la carte le nom du village, le nombre de ses maisons, celui de ses « familles » ainsi que sa population.

Les habitants des villages de Combérard, de la Brévière et de la Roche Charvin sont regroupées par le secrétaire avec le village de Charvin. Pourtant, les deux premiers sont loin d'avoir une population négligeable.

Trois zones apparaissent de supérficies équivalentes.

Les alpages au dessus de la Toussuire à plus de 1 400 mètres d'altitude ne sont pas habités de façon permanente.

Le gros de la population, soit 82 %, s'étale sur le versant en pente vers l'Arvan situé au nord du Merderet sous les alpages de la Toussuire. Le hameau de la Rochette, pris au sens large avec Pré sous Marin et Vers le Rieu, comporte à lui seul 18 % de la population de Fontcouverte. Mais en ajoutant le Village de l'Eglise, soit 11 %, on rassemble près du tiers des âmes de la communauté.

La population située au sud du Merderet, principamement Charvin mais aussi les hameaux situés sur le versant de l'Arvan, ne retient que 18 % des habitants de la paroisse.

Pyramides des âges

La consigne du sel de 1759 ne précise aucun âge des consignés majeurs de 5 ans. Les âges indispensables à l'élaboration d'une pyramide ne peuvent qu'être déduits de l'identification des personnes dans la structuration de la population, identification rendue difficile par la rédaction de la consigne et l'absence de dénombrements voisins dans le temps. La pyramide qui peut être établie ne contient-elle alors que 90 % de la population majeure sans que l'on puisse estimer la répartition par âge des 10 % manquants. Les mineurs sont par contre consignés avec leur âge. Leurs effectifs ont été complétés par l'estimation du nombre de mineurs de 5 ans déductible de l'état civil soit 26 enfants supplémentaires (essentiellement des filles). Enfin, l'absence de sous-enregistrement des enfants de 5 à 9 ans a été contrôlé.

Le résultat est, comme on pouvait le craindre, peu satisfaisant. Cependant, il est possible, voire probable, que la pyramide soit largement influencée par une forte émigration tant des hommes que des femmes entre 10 et 35 ans.

« Richesse » et pauvreté

La consigne mentionne, suivant ses conventions administratives, 5 « familles » de pauvres dont 2 sont constituées de personnes cataloguées comme mendiantes. Les pauvre seraient au nombre de 10, 2 des 3 « familles » étant sous l'autorité d'une veuve. Quant aux 2 « familles » de mendiants, ils sont constitués d'orphelins. Le nombre de ces derniers enfants n'est pas précisé dans la consigne. On peut l'estimé à 7 au total. Parmi eux, un se serait ultérieurement marié à Fontcouverte, trois l'auraient fait à Saint-Jean-de-Maurienne, les autres n'ayant pas laissé de traces dans la paroisse.

L'analyse de la « richesse » que nous pouvons faire porte sur le bétail d'hiver. Sont d'ailleurs exclus de la consigne les agneaux et les chevreaux qui ont été vendus en été. Seul un certain nombre de génisses et de veaux sont conservées.

Les TRI des 241 « familles » de Fontcouverte s’étagent de 0 à 20. Le TRI de 20 est tronqué dans le graphique.

63 % des « familles » se répartissent avec un TRI compris entre 2 et 5, un maximum se manifestant pour les TRI de 4. Le nombre de « familles » décroit rapidement pour les valeurs de TRI compris entre 6 et 10, les valeurs supérieures ne représentant qu'une proportion infime sans réelle signification (troupeaux de taille ordinaire tenus par une seule personne). A l'opposé, les « familles » à TRI inférieur à 2 sont relativement abondantes (12 %).

La répartition des « familles » par niveaux de richesses reproduit, naturellement, le graphique précédents. Elle précise cependant la misère des 8 « familles » à TRI inférieur à 1 (6 n'ont aucun bétail, 2 ont seulement une brebis).

19 % de la population seraient ainsi dans la misère, 42 % dans la vraie pauvreté, 36 % seraient un peu mieux lotis ou dépasseraient la précarité alors que guère plus de 3 % seraient dans l'aisance ou la richesse.

On peut encore s'intéresser aux personnes et non plus aux « familles ».

La répartition par personnes est très voisine de la précédente. Ceci traduit simplement le fait que les « familles » ont des effectifs dépendant peu de la richesse. Seules les « familles » les plus pauvres seraient moins peuplées.

Structure des « familles »

Les relations qu’entretiennent entre eux les membres d’un groupe de Fontcouvertins mentionné dans la consigne conduisent à différents types de familles si les liens sont biologiques, aux ménages s'il apparait de plus des liens de simple cohabitation et aux maisonnées si plusieurs « familles » habitent sous le même toit.

Les filiations données par la consigne permettent le plus souvent de déterminer la structure de chaque « famille ». Cependant, les mélanges des enfants de divers noyaux conjugaux vivant ensemble dans les maisons à structure complexe ne peuvent être résolus que grâce à la structuration de la population. Les personnes non identifiées ne s'opposent pas, généralement, à la détermination de la structure des « familles » auxquelles ils appartiennent.

Les familles

Elles peuvent être distinguées suivant la classification de Peter Laslett :
  1. Solitaires
  2. Sans famille
  3. Familles simples ou nucléaires
  4. Familles élargies
  5. Familles multiples
  6. Indéterminés

Dans les lignes qui suivent, les petits logos affichés pour chaque type de famille ne sont qu'un exemple parmi bien d'autres configurations possibles.

Par ordre décroissant de fréquence on rencontre les types de familles suivants.

Les familles simples ou nucléaires (type 3)

Il s’agit de couples mariés avec le plus souvent leurs enfants.

Avec 56 % des « familles » et 52 % des personnes, c’est le type largement le plus répandu.

Dans 71 % des cas les deux époux du couple sont vivants (type 3a et 3b). La grande majorité d’entre eux ont avec eux leurs enfants (type 3b). Les autres sont sans enfants et il s’agit alors

Globalement, on constate donc :

Les familles multiples (type 5)

Représentant 18 % des « familles » mais 29 % des personnes, ce sont des familles simples complétées par :

Parmi les 28 familles du type 5b, 19 abritent un fils marié, 6 hébergent deux frères, une seule en recueuille 3. Deux familles gardent une fille avec son époux et ses enfants. Une famille inclut, de plus, le couple constitué par un petit fils du chef. De façon pratiquement systématique l'enfant marié restant avec ses parents est le fils ainé vivant. Dans trois cas il s'agit d'enfants ainés du second lit du chef bien que des enfants du prenier lit soient encore vivants. Deux cas échappent à la règle d'ainesse, le frère ainé absent de la famille n'est alors pas connu pour son décès et pourrait avoir émigré. On peut donc admettre l'habitude générale que le fils vivant le plus âgé soit celui qui reste avec ses parents et sa femme et succèdera probablement à son père.

Parmi les 42 familles de type 5, 15 présentent une structure complexe incluant des couples constitués par des personnes parentes du chef mais qui ne sont pas ses enfants. 68 familles comprennent des complexités diverses, en particulier des élargissements.

Les familles élargies (type 4)

Avec 12 % des « familles » et 14 % des personnes, ces groupes sont constitués d’une famille simple de type 3 ayant accueilli un ou plusieurs parents plus ou moins proches du chef ou de son épouse :

ou sont des occurences d'une combinaison plus ou moins complexe des exemples ci-dessus.

Si peu de cas d'hébergement de vieilles mères ou de vieux pères sont enregistrés, c’est que cette extension du noyau familial vers le haut (type 4a) est confondue dans le type 5a du fait de la rédaction du recensement (le « chef » est le plus âgé même s'il n'est probablement plus en état de commander). Alors, la faible proportion du type 4 ne serait-elle qu’artificielle au profit du type 5.

Les solitaires (type 1)

Ces familles sont constitués de personnes isolées ; elles représentent 9 % des « familles » et 2 % seulement des personnes.

Sur 8 cas rencontrés :

Les sans famille (type 2)

Représentant 4 % des « familles » et 2 % seulement des personnes, ils sont constitués de frères et sœurs non mariés vivant sans leurs parents : jeunes orphelins, enfants ou adultes plus ou moins âgés restés célibataires. Un cas présente un célibataire abritant sa mère veuve assimilable à une famille de type 3c.

Ainsi globalement, vit-on plutôt chacun chez soi en 1759 que l’on soit isolé ou plutôt avec sa femme et ses enfants. Seuls les futurs héritiers de la maison restent avec leurs vieux parents pour assurer l’avenir, les autres enfants quittant la maison en se mariant, en trouvant un toit pour se regrouper ou en émigrant.

Les ménages

21 « familles » ont recours à du personnel de service et constituent ainsi des ménages comportant un étranger à la famille. Dans 19 cas il s'agit d'une seule personne employée, une « famille » en a deux, un dernier cas est celui du curé qui en engage trois. Ces personnes se retrouvent dans tous les types de familles mais particulièrement dans les familles simples qui sont les plus répandues et les familles concernant des personnes isolées.

Les maisonnées

La consigne du sel ne permet pas de savoir si plusieurs « familles » vivent sous un même toit.

Volume des « familles »

Le volume moyen des « familles » de 4,7 personnes est légèrement supérieur à celui rencontré bien souvent dans la France rurale de l’Ancien Régime.

L’analyse plus précise de la fréquence des tailles des « familles » montre que :

En tenant compte des types de familles, on trouve naturellement les familles de type 1 (célibataires, veufs ou veuves sans enfants) dans les « familles » à 1 personne ou 2 personnes si l'une d'entre elles est de service.

Les familles de type 2 (frères et soeurs célibataires ou veufs sans parents) apparaissent dans les « familles » à 2 et 4 personnes (dont des domestiques).

Les familles simples de type 3 représentent l’essentiel des « familles » de 2 à 9 personnes.

Quant aux familles de types 4 et 5 elles ont une proportion croissante avec la taille des « familles », proportion totale pour les « familles » de plus de 12 personnes.

On peut encore déterminer le nombre de personnes de la population vivant dans des « familles » de taille donnée.

Le graphique se déduit simplement des graphiques précédents dans lesquels les effectifs sont pondérés par le nombre correspondant de personnes.

On constate que 60 % de la population vivent dans des « familles » de 4 à 7 personnes, un quart dans des « familles » de plus de 7 personnes, les familles de plus de 11 personnes étant exceptionnelles, et 15 % dans des « familles » de moins de 4.

Nombre d'enfants dans les familles simples (type 3)

L'analyse de la fréquence du nombre d'enfants par « familles » n'est réalisée que pour les familles simples, les familles multiples étant plus complexes à interpréter dans la mesure où interviennent des enfants de deux générations.

Les enfants sont donc assez peu nombreux dans ces familles simples qui représentent plus de la moitié du peuplement de Fontcouverte.

Les familles multiples feraient, naturellement, apparaître d'assez nombreux petits-enfants.

Les bestiaux

Réalisée en décembre la consigne donne le bétail tenu en hiver duquel sont donc exclus les nouveaux-nés de l'année qu'ils aient été vendus ou qu'ils soient passés au stade adulte (les génisses consignées sont les futures vaches).

Les différents bestiaux

Les différentes bêtes sont regroupées suivant des catégories plutôt fiscales : les vaches, les bœufs veaux et genisses, les brebis, les moutons, enfin les chèvres et boucs. On peut penser que les génisses sont majoritaires dans la catégorie bœufs veaux et génisses (on les estime représenter 75 % dans la catégorie pour nos calculs de richesse). Il en est de même pour les chèvres parmis les boucs et chèvres.

Les vaches représentent le quart des têtes mais aucune vache à l'hiverne n'est mentionnée... il pourrait bien y en avoir.

Les génisses groupées avec les veaux et les bœufs font un total relativement faible (7 %).

Les brebis et les moutons sont comme toujours les plus abondants (62 % des têtes) alors que les chèvres et les boucs arrivent loin dérrière avec 6 % des têtes seulement.

L'activité pastorale est donc dominée par l'élevage des brebis et des vaches.

Cette conclusion est assurée par la répartition du bétail dans les « familles » : 88 % d'entre elles possèdent simultanément bovins et ovins.

Les « familles »  n'élevant que des caprins ou des ovins représentent seulement 2 % tandis que 6 % n'ont que des bovins.

Aucun élevage de porc n'est mentionné ni celui des mulets, chevaux et ânes qui pourtant existent mais ne sont pas prévus à l'inventaire.

La taille des troupeaux

La taille des troupeaux s'étend de 1 à un peu plus de 35 bêtes. Mais les trois quarts de animaux sont dans des troupeux de 5 à 20 têtes. 20 % sont dans des troupeaux de plus de 20 têtes et 7 % dans des troupeaux de moins de 5.

Quelle que soit la taille des troupeaux, les ovins et caprins représentent de façon homogène 70 % du total. Seuls les petits troupeaux (moins de 5 bêtes) ont approximativement autant de bovins que d'ovins.