Fontcouverte
 

Estimation du nombre des mineurs de 5 ans
dans un dénombrement où ils ne sont pas mentionnés

Certains dénombrements, les consignes du sel en particulier, ne mentionnent pas les enfants de moins de 5 ans révolus. Ceux-ci représentent cependant une part non négligeable de la population, de l'ordre de 10 à 15 %.

La détermination correcte du volume total de la population à partir des majeurs de 5 ans listés dans une consigne du sel nécessite la mise au point de méthodes de calcul des mineurs.

De nombreux auteurs ayant abordé cette question n'ont eu à leur disposition que les informations contenues dans les publications officielles des dénombrements qu'ils ont étudiés. Ils ont déterminé, dans les documents où les mineurs étaient cités, le coefficient par lequel multiplier le nombre des majeurs pour avoir celui de la population totale. Ils ont obtenu des valeurs variant suivant le lieu (de 1,1 à 1,3 en Maurienne pour l'année 1758 par exemple), dispersion à laquelle s'ajoute l'effet de la variation dans le temps de la structure démographique de la population (forme de la pyramide des âges).

En ce qui nous concerne à Fontcouverte, nous disposons de diverses sources d'informations supplémentaires importantes. Il s'agit d'abord des registres d'état civil et de la structuration de la population. Ces informations sont de qualité variable dans le temps mais très satisfaisante à partir du milieu du XVIIe siècle. Il peut également s'agir, quand ils existent, de documents divers tels les recensements et, même, les consignes du sel des années suivant celle en cours d'étude. Ils permettent de suivre les jeunes enfants dans leur premieres années de vie.

Les auteurs démographes utilisent le rapport K = population totale / nombre des majeurs qui permet d'estimer la population totale quand on connait le nombre des majeurs. Nous utilisons le rapport Z = nombre de mineurs / population totale comparable à un indicateur démographique. Ces deux rapports sont lié par les relations  Z = 1 - 1 / K et K = 1 / (1 - Z).

L’estimation du nombre de mineurs de 5 ans peut se faire avec une approximation suffisante à partir de la structuration de la population, les nombreux décès de jeunes enfants étant généralement raccordés facilement à leur naissance proche. Connaissant la date exacte du dénombrement, l’interrogation de la table des personnes de notre base informatique donne le nombre d’enfants nés dans les 5 ans précédant cette date et encore vivants au moment du recensement. On doit cependant éliminer les enfants dont les parents n'apparaissent pas dans le dénombrement qui ont probablement émigré de façon récente.

A titre d'exemple, pour le recensement réalisé à la mi-octobre 1716 la table donne ainsi 110 enfants, valeur qui est une estimation par défaut. En effet, il manque dans ce nombre les enfants peu nombreux dont on n'a pu déterminer la date de décès. Supprimant cette dernière contrainte, l’interrogation de la table ajoute alors 27 garçons et 23 filles soit au total 160 enfants, nombre par excès du fait des décès d’enfants avant leur cinquième anniversaire, décès possibles mais non enregistrés ou non raccordés aux naissances correspondantes. Enfin, une nouvelle interrogation précise que parmi ces 50 derniers enfants, 13 garçons et 9 filles au moins se marieront après le recensemnt et sont donc vivants en octobre 1716. 132 mineurs de 5 ans est donc une valeur acceptable mais à nouveau par défaut.

Effectivement, le recensement donne 141 mineurs de 5 ans. Notre méthode, éliminant tous les enfants qui nous semblent ne pas devoir être pris en compte, sous-estime, dans le cas présent, de 6 % le nombre des mineurs.

La proportion estimée des enfants de moins de 5 ans révolus dans la population totale serait alors de 10,3 % par faible défaut alors qu'elle est de 13 % pour le recensement proche de 1718, de 11 % en 1734.

Pour estimer le nombre de ces mineurs dans les dénombrements où ils ne sont pas pris en compte on peut donc :

  • utiliser la méthode ci-dessus (qui peut d'ailleurs être améliorée mais laborieusement) à partir de la table des personnes sans avoir à faire d’hypothèses sur la structure démographique de la population, ou à défaut
  • retenir la valeur de la proportion obtenue lors de dénombrements complets les plus voisins dans le temps en admettant que la structure démographique de la population n’évolue pas de façon importante dans le laps de temps correspondant.