Fontcouverte
 

Une propriété éclatée

La propriété de Claude Chabert
Avec 86 parcelles et une surface totale de 193 155 m2 la propriété de Claude Chabert occupe les 4e et 3e places, au palmarès des propriétés privées suivant le nombre de parcelles et la surface… autant dire une grande propriété de Fontcouverte : 35 prés, 8 pâturages (les plus grands se trouvent dans la branche de gauche), 26 champs, 1 verger et 1 bois de basse qualité. Le bâti comprend 2 maisons (à La Bise et Aux Travers), 2 maisons‑granges (à Fontcouverte et Aux Ancellin) et 1 grange (à La Chale dans les prés de la branche de gauche).

Les parcelles sont disséminées dans toute la branche transversale depuis son extrémité ouest jusqu’à Riortier‑Dessous. Un seul groupement notable apparait au village des Travers.

Ce type de propriété éclatée à grande échelle n’est possible que dans la branche transversale là où le sol offre une grande étendue de terres utilisables à des fins agropastorales contrairement à la branche de droite. Quant à la branche de gauche, elle est représentée par les seuls prés et alpages essentiellement utilisables dans la belle saison, en particulier, pour les propriétés de la branche transversale qui y trouvent un complément très utile à leur activité pastorale.

Compte tenu de son extension, il est bien improbable que la propriété de Claude puisse être exploitée par un seul homme. Les 4 maisons peuvent alors probablement être habitées par des personnes que nous ne pouvons identifier, hors Claude qui meurt aux Anselme alors que le cadastre de 1730 le place au mas des Ancelin (deux mas totalement imbriqués, le terme des Ancellin étant inusités en dehors du cadastre). Ces maisons sont habitées sous des régimes que nous ignorons, sans doute des locations participant aux revenus du propriétaire ou par des domestiques.

La structuration de la population permet d’identifier clairement Claude et sa famille. A sa mort en 1759 sa famille  comprend son épouse Jeanne Rossat et 4 enfants vivants parmi les 9 qu'ils ont eu : Marie mariée à Alexandre Sibué, Jean Baptiste alors marié à Urbane Dompnier, Jean Pierre qui fait des études à Grenoble en vue de la prêtrise mais qui se mariera en 1767 et Michel qui se mariera en 1761.

Le recensement de 1734 précise que Claude jouit du qualificatif gratifiant de laboureur parmi les paysans et signale 7 vaches, 1 bœuf, 4 génisses, 3 veaux, 27 brebis, 12 agneaux et un mulet. La consigne du sel de la même année confirme ces valeurs mais mentionne de plus 3 domestiques. Il s'agit à coup sûr d'un important propriétaire. Avec 2 maisons situées aux deux extrémités de la branche transversale et 2 maisons‑granges au centre près de Fontcouverte, Claude pourrait peut‑être assurer une bonne part de l’exploitation de sa propriété avec ses 3 domestiques. Des locations à des habitants de Fontcouverte sont cependant très possibles.

Les actes familiaux du tabellion donne diverses indications, bien que fragmentaires, sur la propriété et son devenir immédiat par le testament de Claude. Par ailleurs, quelques informations sont accessibles concernant les père et grand-père de Claude et montreraient l’importance de la propriété avant Claude. Les actes familiaux éclairent les problèmes qui surgissent à l'occasion des divisions des biens lors des décès des générations successives. Devant le volume de ces données successorales, des informations plus détaillées sont précisées concernant la complexité des problèmes d'héritage et l’histoire de la propriété au cours de la première moitié du XVIIIe siècle.