Fontcouverte
 

Consigne du sel pour l'année 1727

    

La source provient des archives de la cure de Fontcouverte déposées à l’évêché de Saint-Jean-de-Maurienne.

La première page de la consigne du sel pour l'année 1727
toujours très squelettique...
La consigne du sel pour l’année 1727 se situe au milieu d’une série de consignes annuelles (à quelques lacunes près) s’étendant de 1720 à 1738. Nous l'avons étudiée succinctement pour la comparer à celle de 1726 qui comporterait une anomalie importante sur le nombre des femmes.

La consigne ne précise pas l’époque de réalisation du dénombrement dans la paroisse mais le substitut du secrétaire Jean Gilbert en charge du document l’a signé du 15 janvier 1727. On peut donc penser que ce dénombrement a été réalisé en décembre 1726, époque conforme à la réglementation en la matière. Nous avons retenu arbitrairement pour nos calculs des âges la date du 15 décembre 1726.

Aucun terme particulier n’étant utilisé dans la consigne pour les unités de regroupement des personnes, nous utilisons celui général de « feu » sans ambiguïté avec les termes employés dans le traitement de la consigne.

Pour chaque « feu » le document original donne  :

Doutes et difficultés

Le document, de forme très voisine de celle de la consigne du sel de 1726, semble de qualité supérieure à celle de cette dernière. En particulier, les calculs des totaux par page et des totaux généraux sont généralement très corrects. On note seulement une page où le total est manisfestement faux. Il s'agit très probablement d'une erreur de recopie puisque le total général n'en est pas affecté.

On note cependant l’absence totale de la filiation des personnes dans un « feu ». Ce dernier point entraîne une grande difficulté d’identification des personnes dans la structuration de la population et quelques ambiguïtés génantes.

Les anomalies constatées sur les personnes

Les anomalies constatées sur le bétail et le calcul du sel

Les rubriques de regroupement des bêtes ne sont pas celles d'autres consignes du sel mais sont identiques à celles de la consigne de 1726. En particulier, les bœufs et les génisses ne sont pas distingués. Au mois de décembre, les génisses sont probablement les produits de l'année conservés pour vèler dans l'hiver (ou le suivant) et donc à comptabiliser comme un capital égal à celui des vaches. Pour nos calculs nous avons estimé que 75 % de ce groupe concernent les génisses valorisées à 3 et 25 % les bœufs valorisés à 5 (proportion constatées dans les consignes les plus voisines où le détail est précisé)..

De même, ovins et caprins ne forment qu'un seul groupe sans possibilité de détail. Le titre de la première page note dans une colonne « brebis moutons et chèves » alors que les pages suivantes portent « brebis et chèvres ». C'est sans doute le titre de la première page qui est le plus juste. Il s'agirait donc de l'ensemble des ovins et des caprins.

La relative valeur des informations de 1727 a cependant permis de faire une analyse des calculs réalisés par le secrétaire pour la détermination des montants de sel imposés.

Résultats globaux

Le secrétaire porte un total pour chaque page ce qui permet les contrôles ainsi qu’un total général.

Le secrétaire mentionne alors :

Population

Chefs Majeurs
(hors chefs)
275 711

Bétail et sel

Vaches à lait Vaches à l'hiverne Boeufs et génisses Brebis, moutons
et chèvres
Sel pour fromage Total du sel
376 193 243 1630 1976 14364

De notre côté nous trouvons  :

Nombre de feux : 270 (et 1 fictif)

Population

Sont comptabilisés comme présents et constituant la population de fait tous les Fontcouvertins résidant au moins six mois dans la paroisse. C'est le cas pour la totalité des personnes consignées.

L’estimation des mineurs de 5 ans a été réalisée à partir de la structuration de la population arrêtée au 15 décembre 1726.

Une estimation des enfants agés de 5 à 9 ans révolus très probablement présents à Fontcouverte fin 1726 montre que 40 d'entre eux n'apparaissent pas dans la consigne. Ils sont à ajouter aux volumes de la population de fait donnés par le secrétaire. Ils pourraient représenter les 40 personnes qui manquent entre consignes du sel et recensements à l'époque.

Chefs Majeurs
(hors chefs)
Total des majeurs Enfants 5-9 ans
non consignés
Mineurs
(estimés)
Total population
Hommes 233 237 470 17 93 580
Femmes 41 478 519 23 71 613
Total 274 715 989 40 164 1193

Nombre moyen de personnes par feu : 4,4

Bétail

Vaches à lait Vaches à l'hiverne Boeufs et génisses Brebis, moutons
et chèvres
376 193 243 1625

Identification dans l’état civil des personnes consignées

En l’absence de toute mention concernant les liens de parenté des personnes constituant les « feux », l’identification à partir de l'état civil est particulièrement difficile, voire incertaine. Nous disposons de peu de dénombrements plus précis et proches dans le temps dont la comparaison pourrait améliorer la situation.

Parmi les 989 personnes consignées 888 ont été identifiées avec une certaine garantie ce qui conduit à un taux d'identification de 90 %. 18 personnes sont des personnels de service présentés sans nom ou, dans les meilleurs cas, avec leur seul prénom (sauf un qui a pu être identifié) et 2 sont les prêtres d'origine étrangère à la paroisse, autant de personnes non identifiable a priori. 970 personnes restent donc susceptibles d'être reconnues. Le taux d’identification des personnes identifiables s'élève alors à de 91 %, valeur relativement faible confirmant la difficulté d’emploi de la consigne.

Estimation du nombre des mineurs de 5 ans

La disposition de nombreux dénombrements après 1727 permet une analyse fine du devenir des enfants nés après le 15 décembre 1721. On constate alors que la quasi totalité de ces derniers restent à Fontcouverte au moins dans leurs 5 premières années, voire plus.

La méthode d’estimation du nombre de mineurs censés vivre à Fontcouverte le 15 décembre 1726 conduit au nombre de 160 enfants : 91 garçons et 69 filles.

Estimation des enfants sous-enregistrés âgés de 5 à 9 ans

Une estimation de enfants de 5 à 9 ans a été réalisée. La comparaison des enfants qui seraient âgés de 5 à 9 ans révolus donnés par la structuration de la population à ceux qui auraient ces âges (calculés par la structuration de la population) mentionnés dans la consigne fait apparaître un manque de 40 enfants : 17 garçons et 23 filles. L'erreur possible sur l'estimation pourrait être une sous-estimation de 3 à 4 enfants.

Proportion des mineurs de 5 ans dans la population totale

La proportion qui est donnée par les 160 mineurs estimés s’élève à 14 %, valeur voisine, bien qu'un peu élevée, de celles observées dans les autres consignes de l’époque et plus généralement en Maurienne.

Domesticité

Parmi les 18 personnes de service consignées :

Même quand elles sont connues par leur nom et prenom, ces personnes ne peuvent généralement pas être identifiées par manque de lien de parenté. Les prénoms, quand ils sont donnés, sembleraient signifier que ces personnes de service sont originaires de Fontcouverte ; cependant, une servante ne serait pas de la paroisse.

12 « feux » disposent de personnel de service. Domestiques, valets et servantes sont généralement exclusifs les uns des autres dans les « feux ». Cependant un « feu » dispose d'un valet et d'une servante et un autre d'un domestique et d'une bergère.

Il est difficile, à la vue des éléments fournis par la consigne, de justifier de façon sûre la présence de ce personnel dans un « feu » soit par le nombre des personnes vivant dans le « feu » pour les servantes soit par l’abondance du bétail pour les valets.

Pyramide des âges

En l’absence de toute mention d’âge dans la consigne, la pyramide des âges ne peut être calculée qu’à partir des personnes identifiées dans la structuration de la population et dont l’âge peut être calculé à partir de la date de naissance soit 90 % seulement de la population présente.

Nous avons ajouté, dans un premier temps, les enfants de moins de 5 ans issus de leur estimation à partir de la structuration de la population en affinant l'estimation par la disponibilité des nombreux dénombrements de l'époque. Il est en effet intéressant d'estimer la proportion des enfants de moins de 5 ans nés à Fontcouverte mais qui n'y habiteraient plus. Cette proportion est très faible, 4 enfants soit moins de 3 % d'entre eux. Le nombre des mineurs de 5 ans pourrait donc être évalué très simplement, avec une approximation suffisante et de façon générale en comptant les enfants nés dans les 5 ans précédant la consigne et encore vivants à la date de réalisation de la consigne. Ce décompte serait généralement admissible tant que l'on peut penser que les familles n'émigrent pas de façon s'écartant de celle de 1727 (soit sans doute pour toute la période pour laquelle nous possédons des consignes du sel). On peut alors noter l'abondance relative des garçons par rapport aux filles. Ce fait est bien établi par les naissances de 1720 à 1727 qui montrent une période où, en moyenne, 4 à 5 naissances annuelles de garçon dépassent celles des filles. Il conduit à 22 garçons excédentaires dans la tranche 0 - 5 ans si l'on suppose que la mortalité est la même pour les deux sexes aux bas âges.

L'estimation des enfants de 5 à 9 ans révolus non consignés conduit également à ajouter 19 garçons et 23 filles.

Le résultat final apparaît assez peu satisfaisant, en relation peut-être avec le taux d'identification des personnes recensées de 90 % seulement. Cependant, on doit envisager l'effet d'une importante émigration (principalement chez les hommes) de durée suffisante pour que le secrétaire se dispense de consigner ces émigrants.

Richesse et pauvreté

Les graphiques sont donnés pour comparaison possible avec la consigne du sel de 1726.

Les résultats de 1727 étant très voisins de ceux de 1726, les graphiques ne sont pas commentés.

Les 40 enfants de 5 à 9 ans révolus non consignés ne sont pas pris en compte pour le calcul des taux de richesse individuelle TRI. Ceci conduit à une surestimation moyenne des TRI de 3 à 4 %.

La structure des familles

En l’absence d’indication sur les liens de parenté réunissant les personnes d’un « feu », l'étude de la structure des familles de Laslett n'a pas été faite pour 1727. Peu variable en l'espace d'un an, la répartition des familles doit ressembler très étroitement à celle de la consigne de 1726.

Volume des « feux »

Les graphiques sont donnés sans commentaire pour comparaison avec les résultats de la consigne du sel de 1726. Les 40 enfants de 5 à 9 ans révolus non consignés ne sont pas pris en compte pour le calcul des volumes des « feux ».

Le bétail

Les différentes bêtes

La consigne du sel de 1927 n'est pas particulièrement bavarde en ce qui concerne le bétail. Peu de catégories différentes sont mentionnées mais sont les mêmes que celles de la consigne de 1726. Si sont distinguées les vaches à l'hiverne de celles tenues toutes l'année, les boeufs et les génisses sont groupés ; de même pour les brebis, les moutons et les chèvres. Aucun autre type de bétail n'est mentionné.

L'activité pastorale est largement dominée par l'élevage des ovins et des caprins soit 67 % des têtes de bétail. Il est probable, à la vue d'autres dénombrements, que les brebis soient largement prédominantes.

Les bovins sont marqués par l'abondance des vaches à l'hiverne, le rapport du nombre de ces vaches à celui des vaches en propriété est de 0,51 contre 0,24 en 1734 (les offres de vaches à l'hiverne peut être très variable suivant les années).

La très grande majorité des feux (79 %) a l'habitude d'élever simultanément ovins, caprins et bovins. Guère plus de 1 % des feux se contente de brebis et/ou chèvres. Cependant, 9 % des feux ne possèdent aucun bétail.

La taille des troupeaux

La taille des troupeaux s'étend de 1 à un peu plus de 40 têtes. Cependant, 70 % des bêtes se trouvent dans des troupeaux de 5 à 20 têtes et 7 % font partie des troupeaux de moins de 5 bêtes. Malgré leur taille les gros troupeaux de plus de 40 bêtes ne représentent que 5 % du cheptel.

Les ovins et caprins constituent environ les deux tiers du bétail quelle que soit la taille du troupeau. Les troupeaux d'au moins 40 têtes sont surtout constitués d'ovins et caprins. Au contraire, ceux de moins de 5 têtes sont dominés par les bovins.

La comparaison du cheptel consigné en 1727 avec celui de 1726 montre une grande stabilité inter-annuelle des effectfs animaux.

Consignes Vaches à lait Vaches à l'hiverne Boeufs et génisses Brebis, Moutons
et chèvres
consigne de 1726 326 195 244 1589
consigne de 1727 376 193 248 1625

Seules les vaches à lait manifestent un accroissement significatif. Peut-être était-il prévisible à la vue du nombres de génisses consignées en fin 1726.

Peut-être peut-on déduire de cette stabilité le fait que l'inventaire des bêtes est réalisé de façon correcte dans la consigne du sel, à moins que le secrétaire ait tendence à s'aider de la consigne de l'année précédente pour rédiger la nouvelle comme il le pratique pour les personnes.