Fontcouverte
 

Identité sociale -
Où sont passés l’épouse et les enfants de Louis Taravel en 1726 ?

Un exemple parmi bien d’autres illustre la difficulté d’identifier correctement les personnes recensées dans un dénombrement quand aucun lien de parenté n’y est précisé par le secrétaire.

A l'état civil

Cependant, la multiplication des dénombrements à une époque donnée, quand ils existent, permet de suivre les personnes à la trace presque d’année en année et de constater l’évolution du regroupement familial dans lequel elles vivent. Encore faut-il avoir passé beaucoup de temps à analyser de près tous ces divers documents dans la mesure où le processus est difficilement automatisable à partir des informations données par le secrétaire. Des auteurs notent l'utilité de ce genre de recherche systématique mais nous pensons qu'il s'agit plus souvent d'un vœu que d'une réalité tant la tâche est ardue.

Par l’état civil on connaît bien la famille d'Antoine Louis Taravel marié en 1666 à Françoise Collet et leurs 7 enfants dont Jean Baptiste, Antoinette, Jean Pierre, Michèle et Louis.

Notre point de départ est la consigne du sel de 1726 où l'on retrouve Jean Pierre chef de feu toujours célibataire, dans un feu  incluant un Jean, une Antoinette et une Michèle.

Au départ : la consigne du sel de 1726

Sans précision de filiation, on peut penser que ces trois derniers sont les frères et sœurs de Jean Pierre, sachant que Louis est mort en 1722. Pour en être sûr, il faut profiter des nombreux dénombrements de l’époque.

Le recensement de 1716 précise les liens de parenté et donne Jean Pierre vivant avec son frère Louis et sa sœur Michèle conformément à l’état civil.

Dans le recensement de 1716

Le recensement de 1718 confirme la présence chez Jean Pierre, de sa sœur Michelle et de son frère Louis mais apparaissent la jeune épouse de Louis depuis 1717, Antoinette Augert, ainsi qu'une Michelle dans la catégorie au « berceau ». Nous voilà avec deux Michelle, la dernière étant probablement fille de Louis bien que ce fait ne soit pas précisé.

Dans le recensement de 1718 avec une erreur classique du secrétaire : le frère Jean Pierre est de toute évidence un Louis

En 1720 et 1722, Jean Pierre vit avec Louis son frère, Antoinette sa belle-sœur, Michelle sa sœur et sa nièce Michelle qui n'a pas encore 5 ans pour apparaitre dans la consigne du sel.

Dans la consigne du sel de 1722

Dans la consigne des mâles de 1726, on trouve Jean Pierre, Jean et Jean Baptiste ses neveux agés de 7 et 3 ans, ce qui est conforme à l'état civil.

Dans la consigne des mâles de 1726

Enfin, le recensement de 1734 confirme la présence de Jean Baptiste né en 1722 moins de deux mois avant la mort en 1722 (à en croire l'état civil) de son père Louis qui n'apparait donc plus ici.

Dans le recensement de 1734

Encore une autre source : le livre de la taille de 1724.

On y retrouve Jean Pierre, Louis et Michèle, les héritiers d'Antoine Louis (Louis étant mort si le livre débute bien en 1724). Jean Pierre et Michèle paient en 1726 pour leur belle-sœur Antoinette Augert dont on nous signale, au passage, la mère : Françoise Covarel.

Dans le livre de la taille de 1724

Ainsi, dans la consigne du sel de 1726 et les suivantes, les Antoinette, et Michèle ne sont pas leurs homonymes de l’état civil retrouvés dans le recensement de 1718.

Il semble particulièrement simple, voire évident, de retrouver l'évolution dans le temps du feu de Jean Pierre Taravel mais quand on part de la consigne de 1726 ne précisant pas les liens de parenté ce n’est plus exactement le cas tant que l'on n'a pas traité tous les documents disponibles ! Ce type d'ambiguïtés par dupplication des prénoms peut être fréquent, les parrains et marraines risquant souvent d’être des oncles et tantes donnant leur propre prénom à leurs filleuls. Heureusement, le secrétaire Jean Gilbert, tel le Petit Poucet, nous a laissé tous les cailloux nécessaires pour retrouver le bon chemin. Aucun caillou d’archive n’est à négliger !