L’épisode de la famille de François Anselme aux Anselmes

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Résumé succinct

Le 6 décembre 1630 Françoise fille de feu François Anselme meurt de contagion au village des Anselmes. Elle est enterrée par son frère Jean Aynard. Par précaution le village est séquestré jusqu’à nouvel ordre. Jean Aynard est mis en cabane pour 40 jours et son bétail est lavé par les nettoyeurs appelés devant la maison. Le 9 Jean Aynard meurt et est enterré au dessous du village. Le 16 Jenette Truchet fille de feu Aynard et son jeune fils (Pierre) sont mis pour épreuve de la maison de Jean Aynard. Le 30, le jeune fils de Jenette est sorti de la maison présentant des symptômes de peste. Il est conduit en cabane auprès de Françoise veuve de Michel Vincent Chardon.

Les actions du comité de santé

Le 6 décembre 1630, Françoise fille de feu François Anselme décède de contagion aux dires du médecin Pellère. Elle est enterrée par son frère Jean Aynard Anselme. Par précaution, les chefs de familles du village, tous voisins de Françoise, sont convoqués pour leur signifier le séquestre du village jusqu’à nouvel ordre du magistrat de santé ou des syndics. Jean Aynard Anselme est contraint à la cabane pour 40 jours. Bernard Boisson est établi pour garde du village. Le conseiller Pierre Truchet fait laver le bétail de Jean Aynard par les nettoyeurs appelés devant la maison de Jean Aynard.

Le 9 décembre 1630, Jean Aynard Anselme décède de contagion près du village des Anselmes et est enterré en dessous du village.

Le 16 décembre 1630, Jenette fille de feu Aynard Truchet est mise pour épreuve de la maison de Jean Aynard Anselme avec son jeune fils.

Le 30 décembre 1630, le jeune fils de Jenette Truchet est sorti de la maison.

L'article précise que le fils [Pierre] de Jenette, qui est en épreuve de la maison de Jean Aynard Anselme, en est sorti pour avoir une glande au‑dessous de l’oreille gauche, laquelle a rompu et en est sortie une pourriture rouge comme sang sans autres signes de maladie, qu'il est conduit en cabane avec Françoise veuve de Michel Vincent Chardon.

Remarques

L’épisode de courte durée ne concerne pratiquement que les enfants de feu François Anselme dont deux décèdent de peste.

Trois jours seulement séparant les décès de Françoise et Jean Aynard, il s'agit certainement d'une contagion commune dans la maison.

On note dans le présent épisode une information particulière, éclairée par la structuration de la population, concernant le fils de Jenette Truchet mise pour épreuve dans la maison de Jean Aynard Anselme. Jenette est une mère célibataire avec un enfant Pierre de 7 ans à la recherche probable de quelques sous . Elle est donc contrainte de prendre son fils Pierre avec elle ce qui serait insensé dans d’autres circonstances. Quand Pierre est relégué en cabane on précise qu’il y est mis avec une veuve qui peut s’occuper de lui. Mais le plus intéressant est que Pierre présente des symptômes nets de peste bubonique sous une forme connue où la septicémie ne se réalise pas, les bubons régressant naturellement mais lentement ce qui met Pierre au nombre des réchappés de la peste. Nous ne savons pas depuis quand il présente son bubon celui‑ci pouvant être déjà ancien. A‑t‑il contracté la maladie avant d'être mis à l'épreuve de la maison ou pendant les 15 jours d'épreuve ce qui serait possible ? On sait par ailleurs que Pierre survit à son infection... il mourra à 74 ans ce qui est un fort bel âge en fin de XVII^e siècle ! En tout cas le comité de santé semble considérer ce cas comme sérieux puisque Pierre est mis en cabane mais les archives ne précisent pas si la maison doit être nettoyée à nouveau.

Concernant Jenette, on sait d'autre part qu'elle décède le 30 décembre victime très probable de son essai. Sur deux personnes infectées une seule en réchapperait... on est juste dans la statistique des 50 % de létalité !

Quant à Françoise Vincent Chardon elle intervient souvent dans les cas difficiles à Fontcouverte.

Enfin, on remarque une fois de plus qu'une personne qui vient de mourir, Françoise Anselme, est enterrée en l'absence d'un enterreur de la paroisse, par un parent proche, son frère Jean Aynard. Ce parent peut décéder deux ou trois jours après, comme c'est le cas présent, au gré de la contagion. Ce qui surprend c'est que cette personne ait la force de creuser une fosse alors qu'elle est pratiquement mourante. La phase finale de la peste est particulièrement brutale.