Travaux dans les bureaux de la péréquation
à Chambéry
A partir de la mappe originale établie par le géomètre et du livre des estimes de l'estimateur d'office, un important personnel est chargé, à Chambéry, de dessiner les mappes définitives, de calculer la répartition de la taille dans chaque paroisse et d'en publier les résultats.
Une première opération laborieuse, consiste, à partir de la mappe originale, à calculer la surface des parcelles, si cela n’a pas été fait par le géomètre, en décomposant chaque parcelle en rectangles et triangles (c’est le rôle des « trapèzeurs ») dont on sait calculer simplement les surfaces (c’est le rôle des « calculateurs »).
Une célébrité savoyarde aurait, dans sa jeunesse, participé à ces activités : Jean Jacques Rousseau. Il dit, dans ses Confessions, s'être mis assez rapidement à la rigueur des calculs... mais se serait bientôt ennuyé, arrêtant assez rapidement son activité. La vue des magnifiques mappes, traitées au lavis par ses collègues « laveurs », lui aurait cependant donné le goût de la peinture !
Ces opérations conduisent au livre de calculation où les surfaces exprimées en unités agraires de Piémont sont de plus converties en unités très variables pratiquées localement. L’ajout de ces informations conduit au cadastre primitif, liste où les propriétaires sont classés par ordre alphabétique de leur nom avec les divers fonds qu’ils possèdent.
Un contrôle des informations de terrain est alors assuré auprès des propiétaires par l’exposition pendant 15 jours dans les paroisses
Les remarques collectées lors de ce contrôle local des deux documents conduisent à l’établissement du livre appelé état des griefs contre la mesure générale du territoire .
Les cas de contestation peuvent être nombreux. Les plus
simples sont traités
immédiatement sur place. Les autres sont arbitrés si nécessaire au
niveau de l’Intendant de province. Les cas concernant les informations
de la tabelle primitive sont les plus nombreux. Les corrections sont
reportées dans l'état des griefs et seront prises en compte dans les
traitements suivants faits à Chambéry. Les erreurs topographiques, plus
rares, nécessitent des délais plus longs et l'intrevention des
autorités chambériennes.
On peut se demander si ce contrôle n'est pas très formel. 15 jours (qui tombent en pleine période des semailles à Fontcouverte) pour quelques centaines de propriétaires sont‑ils suffisants pour permettre la compréhension par tous ces propriétaires de la nouveauté qui leur est exposée ? La mappe est une représentation qui n'est pas ancrée dans les mœurs d'un terroir (on peut au mieux compter sur le bon sens terrien de nos ancêtres paysans). Les listes des propriétaires et de leurs parcelles ne sont pas accessibles à la majorité des Savoyards illétrés. C'est plus surement un moyen pour les autorités ducales de limiter la contestation et d'arrêter définitivement les récriminations ultérieures.
S'ensuit alors tous les travaux, qui s'étendent jusqu'en 1738, date
de la mise en application du calcul de la nouvelle taille. Ils
portent sur l'édition des
plans définitifs des mappes
et sur les calculs
complexes des revenus des parcelles, des frais à déduire ou à ajouter,
des corrections à prendre en compte suite à des événements survenus
entre les
travaux de terrain et
l'établissement final de la tabelle générale, but
de la cadastration.