Fontcouverte
 

Calculs de la répartition de la taille
entre les propriétaires

Les travaux de calcul à Chambéry consistent à déterminer la valeur du revenu financier effectif des parcelles en rapprochant leur valeur productive du fait de leur surface du barème établi lors de l’estimation des parcelles. Cette opération est appelée application.

Pour chaque parcelle, le livre de calculation est alors complété du degré de bonté, de l’estime en argent de sa production par unité de surface locale, le journal, et de l’estime correspondant à la surface réelle de la parcelle.

Une évaluation est ensuite faite des différentes charges grevant les parcelles en vue de leur déduction dans le revenu initialement calculé. Ces déductions sont les suivantes :

Encore est faite une liste des fonds exemptés de la taille tels les anciens biens féodaux, les patrimoines anciens de l’Eglise ainsi que les maisons situées dans les chefs‑lieux des paroisses.

Enfin, il est tenu compte, en augmentation cette fois, du revenu que les propriétaires retirent de l’usage des communaux. 

On peut alors établir une tabelle générale, non sans être passé par un premier état servant de brouillon appelé brouillard, donnant pour chaque propriétaire, pris dans l’ordre alphabétique, son nom puis pour chacune des parcelles lui revenant avec leurs caractéristiques physiques et financières :

Une page de la tabelle générale de Fontcouverte avec deux propriétaires

On imagine à peine, au terme de tous ces travaux (calculs à effectuer, livres successifs à remplir ou à recopier et relire sans oublier le dessin des mappes), l’énergie plutôt stupéfiante dépensée pour arriver au but louable, initialement fixé, d’une répartition scientifique et juste de la taille fondée sur des paramètres objectifs et quantifiables.

Malheureusement, tout ne peut être prévu ! Des paramètres non pris en compte au départ s’avèreraient finalement importants. Des provinces se trouvent favorisées par rapport à l’ancienne taille, en particulier la Tarentaise et la Maurienne, alors que les autres paraissent surimposées.

Pour éviter des réactions violentes en Savoie, les autorités décident, le plus discrètement possible, de tardivement préférer les arrangements de la politique à la rigueur scientifique (question existentielle encore courante au XXIe siècle !) Une répartition nouvelle arbitraire est décidée au niveau des provinces, surtaxant de façon très significative, soit 12 % en Maurienne, les provinces « riches » au bénéfice des plus « pauvres »… on en revient donc à un impôt de répartition et non de quotité comme initialement prévu. Petites cause… grands effets... une ombre sur le cadastre de Savoie ! Les autorités savoyardes se justifient en invoquant une sous‑estimation du rôle des communaux abondants dans les provinces montagneuses, bien plus rares dans les autres.