Fontcouverte
 

L’épisode de la famille de Michel Claraz
à Riortier dessous et La Rochette

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Résumé succinct

Pour un peu de clarté, le résumé ne rapporte pas tous les problèmes annexes mineurs tels la nomination des gardes, le lavage du bétail...

Pour comprendre, il faut savoir que Michel Claraz dispose d’une maison à La Rochette où semble vivre sa famille, d’une autre à Riortier dessous et d’une grange au Plan d’Arvan.

L’épisode débute le 6 janvier 1632 par la visite du médecin à la Rochette concernant Claudine la femme de Michel Claraz atteinte de quatre charbons dont elle semble guérie. Une fille de 15 jours décédée de mort subite y aurait été ensevelie. La maison est séquestrée pour 40 jours. Le 13 l'apothicaire visite Michel et ses enfants qui semblent indemnes, Claudine a sept charbons. La maison doit être nettoyée. Le 20 Sébastien Claraz fils de Michel meurt de peste à la Rochette. Le 21 Michel, Claudine et un petit enfant, ces deux deniers étant pesteux, sont conduits de La Rochette à une grange du Plan d’Arvan où ils sont séquestrés jusqu’à guérison. Les cureurs sont à pied d’œuvre à Riortier. Le 1er février ils débutent le travail à la Rochette qui se termine le 3. Le 15 une fille Boisson Carles est mise pour épreuve à Riortier dessous et François Lambert à La Rochette, ce denier mourant de peste le 23. La maison doit à nouveau être nettoyée. Michel fait alors l’aller et retour du Plan d’Arvan à La Rochette pour enterrer François. Le 24 Michel enterre Marie Guichard morte de peste dans la maison de Jean Combaz. Le 25 un nouveau nettoyage est entrepris à La Rochette. Le 4 mars Claudine et son petit enfant jugés guéris par le médecin sont sortis de la grange du Plan d’Arvan pour quarantaine de santé dans une autre grange. Le 5, le cureur ayant terminé son travail (à Riortier dessous ?) est mis en quarantaine dans une chambre séparée de Riortier dessous. N’étant encore pas estimé guéri le 9, Michel est sorti de sa grange du Plan d’Arvan, qui est brûlée, pour être remis en cabane à Riortier dessous. Henri Bérard est mis pour épreuve dans la chambre de Michel à Riortier dessous. Le 17 Michel est cependant conduit à La Rochette pour couvrir la fosse de François Lambert et est ramené à Riortier dessous. Le 19 mars Madeleine Bonnel est mise pour épreuve dans la maison de La Rochette. Le 21 avril Claudine et son petit enfant sont sortis de la grange où ils faisaient leur quarantaine de santé après avoir brûlé tout ce qui s’y trouvait et ils sont mis dans une maison de Riortier dessous pour une quarantaine de 10 jours. Le 5 mai Michel, après avoir brûlé tout se qui se trouvait dans sa cabane, est remis en cabane pour quarantaine de 20 jours. Il en sort définitivement le 25 mais est encore sommé le 1er juin de payer 9 florins non pris en charge par la communauté.

L'épisode de la famille de Michel Claraz situé aux villages de La Rochette, de Riortier dessous et au Plan d'Arvan :
3 morts dont un pesteux, un très probablement naturel (un très jeune enfant) et un en épreuve.

Les actions du comité de santé

Le 6 janvier 1632, le médecin Pellère visite à la Rochette Claudine, la femme de Michel Claraz, qui a quatre charbons dont elle semble être guérie et qui aurait enseveli une fille de 15 jours décédée de mort subite. La maison de Michel est séquestrée pour 40 jours avec Urbain Anselme Gaunoz pour garde.

Le 13 janvier 1632, l’apothicaire Letespérin visite Michel Claraz et ses enfants qui n’ont pas de marques de contagion. La femme de Michel a sept charbons et sa maison doit être nettoyée.

Le 15 janvier 1632, la recherche du syndic pour trouver un cureur en Arves est infructueuse. D’autres sont à trouver.

Le 16 janvier 1632, un accord est obtenu avec les cureurs Jean Girard et Antoine Cornu de Saint-Jean-de-Maurienne.

Le 17 janvier 1632, Philippe Claraz syndic monte les cureurs à Fontcouverte.

Le 18 janvier 1632, Pierre Dompnier est établi garde au village de Riortier dessous pendant que Laurent Crinel y est présent avec les cureurs.

Le 19 janvier 1632, est fait le lavage de 4 vaches, une brebis et deux mouges (génisses ?) de Michel Claraz (à Riortier ?). Pierre Chatain est nommé garde à la maison de Michel Claraz.

Le 20 janvier 1632, Sébastien Claraz fils de Michel meurt de peste à La Rochette et est enterré par sa mère au dessus de leur maison du Rieu.

Le 21 janvier 1632, Michel Claraz, sa femme, un petit enfant sont séquestrés, les cureurs demandent les produits pour faire un « parfum ».

L'article précise les ingrédients demandés par les cureurs pour traiter ensemble les maison de Michel Claraz et Jean Combaz, soit pour les maisons de Michel :

Pour la maison en Riortier dessous et chambre séparée :

  • Soufre ---------- 5 livres,
  • Encens ---------- 2 livres ½,
  • Myrrhe --------- 1 livre ½,
  • Pierre pour ----- 2 chabots,
  • Arsenic ou sublimé --- 15 dragées.

Pour la maison située à la Rochette 

  • Soufre ---------- 2 livres,
  • Encens ---------- 1 livre,
  • Myrrhe --------- ½ livre,
  • Pierre pour ----- 1 chabot,
  • Arsenic ou sublimé --- 9 dragées.

En plus les cureurs ont besoin d’un chandelier et du renfort d'une troisième personne.

Par ailleurs, Claudine et son fils étant pesteux, les brebis sont conduites depuis la Rochette aux Vergettes du Plan d’Arvan dans une grange de Michel où ils sont tous trois séquestrés jusqu’à guérison.

Le 22 janvier 1632, Michel Claraz Nellaz se présente pour être garde de la maison de Michel Claraz tandis que Pierre Chatain est prié de quitter sa garde à Michel Claraz et retourner à la garde du village de Riortier dessous. Louis Dompnier est établi pour garde du village de La Rochette et porte à Riortier dessous la grande chaudière pour nettoyer les meubles de Michel Claraz.

Le 26 janvier 1632, Pierre Chastain garde à Riortier dessous est menacé de nuit par des inconnus à coups de pierres et de bâtons ferrés. Les syndics rappellent aux habitants de Riortier dessous que personne ne doit sortir de sa maison. Jacques Claraz Bonnel fournit 19 pots de vins aux cureurs de Michel Claraz.

Le 29 janvier 1632, tard le soir, Jean Viffrey Bullière syndic conduit les cureurs de Riortier dessous pour La Rochette afin de nettoyer la maison de Michel Claraz. Jean Duverney Guichard remplace Pierre Chatain à la garde de Riortier dessous.

Le 1er février 1632, les cureurs sont à La Rochette.

Le 3 février 1632, les cureurs sont lavés après leur travail.

Le 3 février 1632, Pierre Augert et Louis Claraz vont à Saint-Jean-de-Maurienne pour obtenir la liberté du village de La Rochette.

Le 8 février 1632, un fils Claude de Pétremand Ancellin étant malade à La Rochette le médecin Pellère constate qu’il est bien malade d’une fièvre chaude mais n’a pas de marque de contagion. Le village de La Rochette reprend son séquestre. Michel Claraz est sommé de payer ses frais.

Le 11 février 1632, Antoine Crinel de Riortier dessous, alors séquestré, n’ayant plus le moyen de nourrir son détail cherche à sortir de nuit du village pour aller au Villard où il a une autre habitation. Il est sommé de rester à Riortier dessous.

Le 15 février 1632, une fille Boisson Carles est mise pour épreuve à la maison de Michel Claraz à Riortier dessous et François Lambert est mis pour épreuve à la Rochette après avoir été vus et visités par les cureurs. Louis Dompnier est mis pour garde au village de La Rochette où il en avait été levé suite à la fin de quarantaine.

Le 23 février 1632, François Lambert décède de contagion dans la maison de Michel Claraz. Il est requis de faire nettoyer la maison à nouveau. Conduit avec son fils par Pierre Augert conseiller, Michel Claraz enterre François au dessus de sa maison du Rieu puis retourne au Plan d’Arvan conduit par Gaspard Boisson jusqu’au village de l’Eglise puis par Jean Duverney Guichard jusqu’au Plan d’Arvan.

Le 24 février 1632, Michel Claraz enterre Marie Guichard morte de peste dans la maison de Jean Combaz. Le médecin Pellère visite la femme de Michel Claraz pour voir si elle est guérie afin de la faire laver avec ses enfants.

Le 25 février 1632, Georges Excoffier de Villargondran accepte de faire un second nettoyage à la Rochette. Georges Miquet promet de nourrir les cureurs pendant leurs travaux.

Le 1er mars 1632, Jean Duverney Guichard va à la maison de Michel Claraz à La Rochette et y demeure jusqu’au 3 mars.

Le 4 mars 1632, Viffrey commis à la santé va au Plan d’Arvan faire laver le bétail de Michel Claraz. La femme de Michel et son petit enfant sont lavés, changés d’habits et remis en quarantaine de santé dans la grange de Claraz Marterey où Jean Duverney Guichard est établi pour garde jusqu’au dimanche 8.

Le 5 mars 1630, le cureur se lave, change d’habits et est mis en quarantaine de santé dans une chambre séparée du village de Riortier dessous.

Le 9 mars 1632, Michel Claraz Papilloz remplace Jean Duverney Guichard à la garde de la femme de Michel Claraz. Ce dernier n’étant pas encore considéré comme guéri est sorti de sa grange du Plan d’Arvan qui est brûlée et est remis en cabane au dessus de Riortier dessous. Henri Bérard est mis pour épreuve dans la chambre de Michel Claraz à Riortier. Michel Claraz Papilloz rapporte la grande chaudière à Riortier dessous.

Le 17 mars 1632, Jean Baptiste Boisson commis conduit Michel Claraz pour aller couvrir la fosse de François Lambert et revenir à sa cabane de Riortier dessous.

Le 19 mars 1632, Madeleine Bonnel est mise pour épreuve dans la maison de Michel Claraz à La Rochette après avoir été vue et visitée par le cureur.

Le 9 avril 1632, Michel Claraz Papilloz arrête sa garde à Michel Claraz. Il est remplacé par Gabriel Truchet qui ne veut poursuivre et est remplacé par François Constantin.

Le 21 avril 1632, Claudine la femme de Michel Claraz et son petit enfant sont sortis de la grange où ils faisaient leur quarantaine de santé après avoir brûlé tout ce qui se trouvait dans la grange, les habits lavés. Ils sont lavés et changés d’habits et remis dans une maison du village de Riortier dessous pour y faire une quarantaine de 10 jours.

Le 26 avril 1632, François Constantin est remplacé par Gaspard Vincent comme garde à Michel Claraz.

Le 5 mai 1632, après avoir été lavé et changé d’habits, Michel Claraz brûle, avec tous les meubles et habits qui s’y trouvent, la cabane où il était et est remis en cabane pour quarantaine de 20 jours.

Le 16 mai 1632, Claude Vincent au nom de Michel Claraz est sommé de régler ses comptes de contagion.

Le 25 mai 1632, Michel Claraz sort définitivement de cabane après s’être lavé et changé d’habits.

Le 1er juin 1632, Michel Claraz doit régler 9 florins pour frais de contagion non pris en charge par la communauté.

Remarques

L’épisode de la famille de Michel Claraz est assez complexe. Il s’étend sur une période de 5 mois et de La Rochette à Riortier dessous en passant par le Plan d'Arvan. Il est par ailleurs synchrone de l’épisode de Jean Combaz avec de nombreuses actions interférant entre les deux épisodes. A cela s’ajoute le fait que Michel Claraz possède deux maisons, l’une à La Rochette, plus exactement au Rieu, l’autre à Riortier dessous, village où justement habite Jean Combaz, et enfin une grange au Plan d’Arvan. Le livre de la taille initié en 1646 confirme bien les paiements de Michel Claraz pour ses propriétés à la rubrique « Riortier dessous » mais rien n’est trouvé pour « La Rochette ». Enfin l’histoire même de l’épisode est assez complexe avec des personnes qui sont atteintes de la peste mais dont certaines en réchappent, une autre mourant lors des épreuves des habitations.

C’est en tout cas un bel exemple de la procédure mise en place pour une seule famille par le comité de santé pour tenter de limiter l’extension du mal avec de nombreuses contraintes sur la vie des personnes. Les épisodes pesteux n’étant en 1632 qu’au nombre de deux après 10 mois de 1631 pratiquement sans morts d’épidémie, le comité de santé a le temps nécessaire pour rédiger la plupart des articles, plus de 40, relatant ses actions... et pourtant il en manque !

Grâce aux détails des articles, l'épisode donne des indications précises sur le nettoyage des maisons infestées. C'est le seul cas ici, conjointement avec la maison de Jean Combaz. On comprend alors que tant d'échecs soient enregistrés. Le temps de traitement d'une maison semble être d'une à deux journées.

La peste ne fait qu'un mort dans la famille de Michel auquel on doit ajouté le décès d'un garçon en épreuve à la Rochette. Mais Claudine est manifestement pesteuse. Par contre Michel est considéré comme malade bien que le journal ne rapporte aucun diagnostic de suspicion de peste le concernant. Sans doute, pour être bien certain qu'ils sont guéris (mais sait‑on quand la guérison est acquise en 1632 ?), ils subissent une «  quarantaine » de durée exceptionnelle. Isolés dans une grange du Plan d'Arvan le 21 janvier 1632, ils n'en sortiront que, pour Claudine, le 21 avril afin de faire une quarantaine de santé de 10 jours et, concernant Michel, le 5 mai pour faire une quarantaine de santé de 20 jours, soit 3 mois et 10 jours pour Claudine et 4 mois pour Michel. Manifestement les autorités sanitaires de Saint-Jean-de-Maurienne ne souhaitent pas voir revenir la peste !

On peut noter l'enterrement d'un très jeune enfant à La Rochette, mort de façon subite. C'est malheureusement souvent le cas des nouveaux nés. Le journal ne signalant pas de visite de l'enfant, doit‑on penser que le comité ne voit pas tous les décès, particulièrement ceux de maisons infestées ? Les archives de la cure ne mentionne pas ce décès. Il faut bien les conditions difficiles des temps de peste pour qu'un baptême, même administré par des parents, ne soit pas rapporté dans les archives d'état civil.

Quant à François Lambert en épreuve à La Rochette, il décède 8 jours après son entrée dans la maison. Il n'est alors pas impossible que sa contagion se soit faite sur place.

Enfin, le synchronisme presque parfait des épisodes de Michel Claraz et celui de Jean Combaz ayant tous deux une habitation à Riortier dessous pourrait faire penser à une contamination commune d’origine externe à Riortier dessous, peut-être Saint-Jean-de-Maurienne proche voisine plutôt qu'à une résurgence de puces après un an de sommeil et se produisant en plein hiver.