Fontcouverte
 

L’épisode de la famille de Jean Combaz à Riortier dessous

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Résumé succinct

L’épisode débute par la mort subite (en fait de peste) de Michel Combaz fils de Jean le 6 janvier 1632. Françoise femme de Jean serait également atteinte du mal contagieux. La maison est séquestrée. Il en est de même de la famille Rochaix qui a pour chambrière une fille de Jean. Le 7 le village de Riortier dessous est également séquestré. Le 8 Françoise est enterrée. Jean est mis en cabane. Le 13 Marie veuve Falcoz venue nettoyer la maison Combaz tombe malade et est presque morte. Elle décède le 15. Le 17 des cureurs sont enfin trouvés à Saint-Jean-de-Maurienne et montent à Fontcouverte. Leurs travaux débutent le 21 et se terminent le 3 février après nettoyage simultané des maisons de Jean et de Michel Claraz. Le 15 Marie Duverney Guichard est mise pour épreuve dans la maison Combaz. Le 20 Jean, sa fille et le fils Mollinard sont sortis de cabane et mis dans une maison du Mollard (près de Riortier dessous). Le 24 Marie Duverney Guichard morte de peste est enterrée. Le 25 Georges Excoffier cureur à Villargondran accepte de faire un nouveau nettoyage qui se termine le 5 mars. Le 1er juin Jean Combaz est sommé de régler 9 florins pour les frais engagés et non pris en charge par la communauté.

L'épisode de la famille de Jean Combaz situé au village de Riortier dessous :
4 morts dont 2 pesteux certains, 1 très probable lors d'un nettoyage, 1 en épreuve

Les actions du comité de santé

Le 6 janvier 1632, Michel Combaz fils de Jean décède de mort « subite », en fait de la peste. L’épouse de Jean serait également atteinte du mal contagieux. La décision de séquestrer le village de Riortier dessous est prise. La famille Rochaix qui a pour chambrière une fille Combaz est séquestrée.

Le 7 janvier 1632, le village de Riortier dessous est séquestré et Pierre Dompnier y est mis pour garde. Jean et ses enfants sont mis en cabane ou quelque autre maison.

Le 8 janvier 1632, Françoise Viffrey épouse de Jean est enterrée. Jean est mis en cabane.

Le 9 janvier 1632, Jean est remis en cabane avec une fille et un fils de Jean Mollinard. Pierre Dompnier est mis pour garde à Jean Combaz.

Le 11 janvier 1632, François Lambert puis un Guichard sont mis pour garde de Jean.

Le 13 janvier 1632, Marie veuve Falcoz de Montrond venue pour nettoyer la maison de Jean Combaz tombe malade et est presque morte. Une vache de Jean est lavée et remise à Bernard Sibué.

Le 15 janvier 1632, Marie veuve Falcoz décède. Un syndic va à Saint-Jean-de-Maurienne chercher l’autorisation d’enterrer Marie. L’autre syndic entreprend une recherche infructueuse en Arves pour trouver un cureur pour la maison de Jean.

Le 16 janvier 1632, la même recherche est entreprises à Saint-Jean-de-Maurienne. Jean Girard et Antoine Cornu sont contactés.

Le 17 janvier 1632, Philippe Claraz syndic monte les cureurs à Fontcouverte.

Le 18 janvier 1632, le cureur Jean Girard enterre Marie veuve Falcoz.

Le 19 janvier 1632, Pierre Chastain est mis pour garde à Riortier dessous.

Le 21 janvier 1632, les cureurs donnent la liste des produits nécessaires au nettoyage de la maison de Jean Combaz avec chambres séparées soit 3 livres de soufre, une livre et demie d’encens, trois quart de livre de myrrhe, de la pierre pour un chabot, 9 dragées d’arsenic ou sublimé et un chandelier.

Le 22 janvier 1632, Louis Dompnier apporte une grande chaudière pour nettoyer les meubles de Jean Combaz.

Le 26 janvier 1632, Pierre Chastain, garde à Riortier dessous, est menacé de nuit par des inconnus à coups de pierres et de bâtons ferrés. Les syndics rappellent aux habitants de Riortier dessous que personne ne doit sortir de sa maison.

Le 26 janvier 1632, Jacques Bonnel dit avoir fourni vingt six pots et demis de vin à Marie veuve Falcoz, Jean Combaz et aux cureurs.

Le 29 janvier 1632, Pierre Chastain est levé de garde à Riortier et remplacé par Jean Duverney Guichard déjà garde de Jean Combaz.

Le 3 février 1632, les cureurs sont lavés.

Le 11 février 1632, Antoine Crinel de Riortier dessous est séquestré.

L'article précise les conditions du séquestre. Le conseiller Pierre Augert est averti qu'Antoine Crinel de Riortier dessous [village qui est entièrement séquestré] « transmarche » de nuit avec son bagage jusqu'au Villard dessous où il a une autre habitation. Pierre Augert en informe à la Bize le syndic Jean Viffrey Bullière et le conseiller Gaspard Rossat qui se rendent à Riortier dessous où Antoine est retrouvé. Antoine se voit intimé l'ordre formel de ne pas sortir du village jusqu'à la fin de quarantaine, à faute de quoi le Magistrat de santé [de Saint-Jean-de-Maurienne] serait averti. Antoine répond qu'il ne peut plus nourrir son bétail ni faire autres soins sinon au Villard. Mais il accepte de rester séquestré.

Le 15 février 1632, Marie Duverney Guichard est mise pour épreuve dans la maison de Jean Combaz.

Le 18 février 1630, Jean Antoine Boisson syndic se rend à deux reprises à Saint-Jean-de-Maurienne pour obtenir l’élargissement de Jean Combaz qui a achevé sa quarantaine.

Le 20 février 1632, Jean Combaz, sa fille et le fils Mollinard sont lavés, leurs vêtements sont lavés et mis dans un grand trou au Plan d’Arvan. Les personnes sont mises dans un corps de la maison de Michel Claraz Papilloz situé au Mollard près de Riortier dessous.

Le 23 février 1632, Jean Duverney Guichard prend pour une nuit la garde de la maison de Jean Combaz où une personne en épreuve vient de mourir.

Le 24 février 1632, Marie fille de feu Gabriel Guichard qui est morte de peste est enterrée. Un syndic se rend à Saint-Jean-de-Maurienne pour savoir s’il faut, pour nettoyer à nouveau la maison de Jean Combaz, reprendre le premier cureur ou en chercher d’autres.

Le 25 février 1632, Georges Excoffier de Villargondran accepte de faire un second nettoyage. Georges Miquet promet de nourrir les cureurs pendant leurs travaux.

Le 26 février 1632, Jean Duverney Guichard est mis pour garde de la maison de Jean Combaz jusqu’à la fin du nettoyage qui intervient le 3 mars 1632.

Le 5 mars 1632, Georges Excoffier est lavé, changé d’habits et mis en quarantaine de santé dans une chambre séparée de Riortier dessous.

Le 9 mars 1632, Michel Claraz Papilloz reporte la grande chaudière.

Le 16 mai 1632, Jean Combaz est sommé de se présenter pour régler ses frais de contagion.

Le 1er juin 1632, Jean Combaz doit régler à la communauté 9 florins.

Remarques

Bien que des actions n’aient pas été relatées dans le journal de santé et que nous ayons volontairement noté ici de nombreux détails intéressants mais non indispensables à la compréhension du déroulement de l’épisode, la liste des 29 articles rapportés ci‑dessus parmi plus de 35 enregistrés traduit bien la grande complication que la peste peut introduire dans une famille fontcouvertine ou dans son village. Elle montre également la diligence du comité de santé désireux de ne pas voir revenir la peste à Fontcouverte.

L’épisode aura duré 5 mois dont 3 effectifs encore que la fin de l’histoire ne soit pas connue : on ignore comment s’est passée l’épreuve de la maison de Jean Combaz après le second nettoyage… sans doute sans mort supplémentaire puisqu’on n’en parle pas.

L’année 1632 débutant après 10 mois de 1631 pratiquement sans morts d’épidémie, le réveil est alors sans doute brutal. Le comité de santé redouble de vigilance pour que la communauté de Fontcouverte soit épargnée. En 1632 ne se présentent effectivement que deux cas, l’épisode Combaz à Riortier dessous et l’épisode Claraz à la Rochette et à Riortier dessous qui ne sont peut-être pas sans relation. Ce calme relatif laisse tout le temps nécessaire mais bien rempli au comité de santé pour enregistrer la plupart des actions réalisées. Il est alors possible d’imaginer tous les problèmes qui se posent non seulement au plan médical mais aussi à celui de l’organisation des interventions, ceux matériels pour permettre malgré tout la vie des personnes mises en cabane ou séquestrées… ainsi que celle de leur bétail.

La tentative d'Antoine Crinel le 11 février 1632 pour s'échapper de Riortier dessous nous permet bien de mesurer les contraintes qu'impose la séquestration rendant parfois la vie impossible. On constate aussi que les dénonciations en temps de peste sont possibles tant les risques de contagion paraissent graves.

On note 4 décès, 2 dans la famille de Jean Combaz puis, au cours de trois nettoyages, celui d’une personne locale, certainement contaminée avant son service, ayant assuré un premier nettoyage (partiel ?) de la maison et enfin celui d’une personne, mise pour épreuve après un second nettoyage complet, qui meurt 10 jours après le début d’épreuve ce qui peut laisser suspecter une infection contractée lors de l’épreuve après le premier nettoyage complet mais déficient réalisé par des cureurs « professionnels ». Un troisième et dernier nettoyage est alors entrepris. Voilà encore une preuve du peu d'efficacité des nettoyages de l'époque.