L’épisode de la famille Jean Augert au Villard dessous
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Le 4 novembre 1630 Marie femme de Jean Augert décède de mal contagieux. La maison est séquestrée avec André Covarel pour garde. Le bétail est lavé le 5 et mis en garde à Laurent Crinel et André Covarel. Le même jour, Jean Augert et ses enfants Michel et Pernette ainsi que Barbe fille d’André Covarel chambrière de Jean Augert sont mis en cabane au Rafour. Le village du Villard est séquestré. Le 7, Jean continue de laisser sortir son bétail et est sommé de le garder chez lui. Le 21 Jean Augert décède dans sa cabane du Rafour. Pernette fille de Jean et épouse d’Antoine Crinel est changée de cabane pour terminer sa quarantaine à Riortier dessous sur une propriété de son mari. Le 1er décembre Antoine fils de Laurent Crinel est sommé de faire une cabane pour Barbe, fille d’André Covarel, malade de contagion qui aurait infesté la cabane Crinel. Le 3 Albane fille de Laurent Crinel est mise pour épreuve dans la maison de Jean Augert. Le 16, Michel fils de Jean Augert et Pernette sa fille femme d’Antoine Crinel sont sortis de cabane du Rafour ayant terminé leur quarantaine sans maladie grave. Pour leur quarantaine de santé, ils sont mis à Riortier dessous. Le 19 Albane Crinel en épreuve de la maison de Jean Augert décède de la peste.
Le 4 novembre 1630, Marie femme de Jean Augert décède de mal contagieux le médecin Pellère ayant jeté du tarq. Son corps est enterré par son mari derrière sa maison qui est séquestrée. André Covarel est mis pour garde jusqu’à ce que les syndics y mettent ordre.
Le 5 novembre 1630, le bétail de Jean Augert est lavé et mis en garde à Laurent Crinel et à André Covarel. Jean Augert, ses enfants Michel et Pernette ainsi que Barbe fille d’André Covarel chambrière de Jean Augert, sont mis en cabane au Rafour. Le village du Villard dessous est séquestré du fait de la mort de Marie et des allers et venues journaliers de Barbe Covarel entre les maisons Augert et Covarel. Bernard Boisson est mis pour garde du village.
Le 6 novembre 1630, Pierre Chatain est établi garde au Rafour où sont la famille Augert et Bartholoméaz Claraz.
Le 7 novembre 1630, Jean Augert laisse sortir son bétail malgré le séquestre du village. Il s’engage à ne plus le faire.
Le 9 novembre 1630, il est signalé que des matériaux ont été fournis pour construire les cabanes de la famille Augert.
Le 21 novembre 1630, Jean Augert décède dans sa cabane au Rafour et est enterré par Bartholoméaz Claraz. Pernette fille de Jean et femme d’Antoine Crinel est changée de cabane pour terminer sa quarantaine près de Riortier Dessous sur la propriété de son mari au lieu‑dit La Combe loin du village, de tout chemin et de tout trafic.
Le 1er décembre 1630, Antoine fils de Laurent Crinel est sommé de faire une cabane pour Barbe fille d’André Covarel.
L'article précise que Me Girollet somme Laurent Crinel d'aller promptement faire faire une cabane pour Barbe qui est malade de contagion et aurait infecté la cabane Crinel du Rafour. Laurent serait rendu responsable de ce qui pourrait arriver et obtempérera dès qu'il aura trouvé les matériaux.
Le 3 décembre 1630, Albane fille de Laurent Crinel est mise pour épreuve dans la maison de Jean Augert.
Le 16 décembre 1630, Michel fils de Jean Augert et Pernette sa fille femme d’Antoine Crinel sont sortis de cabane du Rafour ayant terminé leur quarantaine sans maladie grave. Pour leur quarantaine de santé, ils sont mis à Riortier dessous, Pernette dans la maison de Michel Claraz Papilloz, Michel dans une étable de Barthélémy Claraz.
Le 19 décembre 1630, Albane Crinel en épreuve de la maison de Jean Augert décède de la peste et est enterrée devant la maison.
L’épisode relativement court, moins de deux mois à en croire les archives qui omettent plusieurs articles qui devraient s’y trouver, est brouillé par quelques incohérences concernant en particulier les cabanes. Il s’insère dans le village du Villard dessous aux multiples contaminations et qui est une fois de plus séquestré.
Sont concernées deux famille, celle de Jean Augert et celle d'André Covarel dont la fille Barbe, chambrière de Jean Augert assure un va et vient journalier entre les deux maisons.
Dans la famille Augert on ne trouve que deux décès pesteux, la mère Marie, première victime, et le père Jean dont les décès sont espacés de 17 jours et pourraient être dus à une contagion familiale en chaîne peut‑être facilitée par les allers et venues de Barbe la chambrière. Mais on doit ajouter, une fois de plus, le décès d’Albane Crinel, peut‑être apparentée à la belle‑famille de Pernette, en cours d’épreuve de la maison. Décédant 16 jours après son entrée dans la maison, elle y a certainement été contaminée. Comme souvent en 1630, les informations manquent sur les opérations de nettoyage et l’on ne connaît pas le résultat d'un éventuel second nettoyage et de l'épreuve qui s'ensuit. On s'étonne enfin qu'Antoine Crinel ne soit pas mis en cabane comme sa femme Pernette, jeune mariée enceinte encore sans enfants, et que Pernette soit sortie de sa cabane au Rafour et non à Riortier dessous. Cette incohérence peut être le signe, comme on le trouve dans d'autres cas, qu'une décision est prise et peut sembler réalisée alors que son exécution ne se concrétise que plus tard ou est annulée.
Les risques de contagion au Rafour où sont regroupées des cabanes concernant les villages de l'Eglise, des Villards, de La Tour du Pra, des Anselmes ne peuvent qu'être sérieusement envisagés. Ils sont pourtant rarement raportés. Il doit s'agir ici de la cabane où Pernette fille de Jean Augert et épouse d'Antoine Crinel aurait séjourné avant d'être, éventuellement, transférée à Riortier dessous, cabane où se serait trouvée Barbe Covarel réputée contaminée contrairement à Pernette.
La question de l'opportunité des mises en cabanes est parfois évoquée dans la bibliographie. Certains pensent que les risques de contagion entre cabanes voisines ou entre personnes d'une même cabane sont plus importants que ceux qui seraient affrontés en isolant les malades, ou suspectés l'être, chez eux. Nous avons dans cet épisode le seul cas que nous connaissions où ce risque est décrit (et même avancé comme certain par la famille Augert ?) En fait, l'installation de cabanes dans les divers villages est un facteur dispersif positif. Le cas évoqué ici est justement celui du Rafour, lieu regroupant toutes les cabanes des villages voisins de celui de l'Eglise. Notre méconnaissance des personnes mises dans une même cabane ou des cabanes voisines ne nous permet pas de constater des contagions à l'intérieur de celle‑ci d'autant plus que les « encabanés » sont issus de familles atteintes par la peste, les morts qu'on peut y trouver pouvant alors être contaminés avant la mise en cabane.
On peut encore noter que Barbe Covarel considérée comme pesteuse ne mourra qu'en 1670. Elle ferait ainsi partie des heureux rescapés... à moins qu'elle n'ait jamais été contaminée !