Fontcouverte
 

L’épisode de « la pauvre fille d'Aiguebelle »

Retrouver le tableau de choix d'un autre épisode

Résumé succinct

L'épisode se passe dans les chalets et granges des alpages au dessus de La Rochette où une fille contagieuse d’Aiguebelle aurait séjourné.

Le 8 octobre 1630 la mendiante originaire d’Aiguebelle est aperçue et approchée verbalement par quatre Fontcouvertines gardant leurs troupeaux dans les montagnes. Elle est découverte morte à Champ l’Eriscal le 9. Louis Claraz est sommé le 27 de nettoyer la grange où est morte la fille à défaut de quoi la grange sera brûlée. Et, encore, le 14 mai 1631 Noé Gilbert Collet gendre de Louis et toute sa famille sont séquestrés pour y avoir chargé du foin.

L'épisode d'une fille d'Aiguebelle situé dans les montagnes près de Champ l'Eriscal :
1 morte pesteuse mais peut‑être 2 ou 3 autres

Les actions du comité de santé

Le 8 octobre 1630, Françoise veuve de Claude Boisson Romettaz aurait été vue près de sa montagne avec trois autres filles échangeant quelques mots avec une fille pauvre mendiante d’Aiguebelle souffrant au dessous du bras et qui aurait couché trois nuits dans la dite montagne.

Le 9 octobre 1630, le comité de santé recherche la fille et la trouve morte dans une grange à Champ l’Eriscal où Amed Anselme Gaunoz aurait constaté sa présence et se serait fait confirmé qu’elle avait grand mal sous le bras. Les trois filles sont mises en cabane au Suel, le bétail de leurs pères est lavé. Les autres témoins sont séquestrés. Il est rapporté que la pauvre fille aurait fréquenté d’autres montagnes où seraient morts deux ou trois autres vagabonds les jours passés.  

Le 10 octobre 1630, la fille d’Aiguebelle est enterrée.

L'article précise que la fille d'Aiguebelle trouvée morte le 8 octobre 1630 n'a pu être enterrée que le 10, l'enterreuse de Fontcouverte, Bartholoméaz Claraz, étant occupée le 9 par la sépulture de Jean Pierre Bonnivard à Mollard Pingon sans avoir pu trouver de remplaçant.

Le 27 octobre 1630, Louis Claraz dans la grange duquel la fille d’Aiguebelle serait morte est sommé de faire nettoyer cette maison à défaut de quoi elle serait brûlée.

Le 14 mai 1631 encore, toute la famille de Noé Gilbert Collet qui aurait chargé du foin dans la grange de son beau-père où la fille d’Aiguebelle serait morte est séquestrée.

Remarques

Ce court épisode, encore qu’on n’en mesure pas d’éventuelles conséquences plus tardives, révèle la grande perméabilité des limites de paroisses : le passage par les forêts et les alpages est certainement aisé malgré la vigilance des comités de santé et les dénonciations des autochtones particulièrement craintifs d’une propagation de la peste chez eux.

Quoiqu’il en soit, il s’agit là d’un mode efficace de propagation de l’épidémie dès que des contacts entre humains se produisent. Mais on doit remarquer que, à première vue, l’importatrice a été la seule victime sans extension de la maladie, ce fait étant dû, ici, aux précautions prises par les femmes de ne parler qu'à distance à la fille, à la grande dispersion des granges de montagne et la faible densité de la population.

En toute rigueur on ne sait pas si la fille a apporté la peste d'Aiguebelle où la peste sévit (ou a sévit) de façon violente ou si elle a contracté la maladie au cours de son périple d'Aiguebelle à Fontcouverte pendant lequel elle a très probablement côtoyé des vagabonds.

Bartholoméaz Claraz intervient systématiquement à cette époque pour réaliser la sépulture des morts à Fontcouverte... et il y en a de nombreux. Même dans les alpages, on cherche à enterrer un mort immédiatement après le constat du décès.

On peut enfin noter la crainte justifiée du comité de santé de voir réapparaitre la peste après le passage de l’hiver 1630 ‑ 1631 du fait de la survie possible des rats et peut‑être des puces tapis dans la terre.