Fontcouverte
 

Des facteurs pouvant avoir une incidence
sur la consanguinité à Fontcouverte

Pour tenter d'interpréter les résultats du calcul du coefficient moyen de consanguinité fm à Fontcouverte, il est utile de connaître certaines caractéristiques de la population qui risquent de peser sur le niveau de la consanguinité moyenne.

Le volume de la population

On imagine facilement que dans une population de taille infinie et où les mariages se font au hasard, on puisse s’attendre à ce que le coefficient fm soit nul. Au contraire, dans une population de taille réduite offrant peu de choix aux époux, la consanguinité moyenne peut être élevée.

Fontcouverte s’inscrivant dans la liste des populations relativement fermées et de taille plutôt réduite aura une valeur de fm peut-être élevée mais imprévisible a priori qui sera à comparer à celle des autres paroisses de Savoie, voire de France.

Les migrations

Les échanges migratoires avec les populations voisines agissent de la même façon que l’accroissement du volume de la population.

Les émigrations n’ont pas d’influence marquée dans la mesure où elles ne font que laisser s’échapper des gènes. L’immigration au contraire introduit des gènes nouveaux dans la population : le coefficient fxy de deux mariés d’origines géographiques différentes a de fortes chances d’être faible voire nul.

A Fontcouverte, les échanges migratoires sont essentiellement liés aux mariages exogames échangeant des époux avec les paroisses avoisinantes. Ces derniers sont relativement assez peu nombreux et seuls ceux attirant définitivement des « étrangers » peuvent avoir une incidence. Mais ces mariages se font principalement avec les paroisses limitrophes. Villarembert, Albiez-le-Vieux peuvent alors être considérés comme des extensions génétiques de Fontcouverte tant le Pont Crinel et celui de Gévoudaz ont vu passer, à l'aller et au retour, les mêmes gènes. Quant aux mariages avec des personnes d’origine lointaine, ils sont relativement exceptionnels jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Les mutations génétiques

Il s’agit d’« accidents » intervenant sur les gènes, par exemple par erreur de leurs recopies lors des phénomènes reproductifs, par modifications aléatoires liés à l’environnement (action de produits chimiques, de rayonnements naturels ou articiciels... on se rappelle Hiroshima). La nature montre une grande aptitude à corriger ces anomalies, du moins si elles ne sont pas trop étendues.

Pour la période qui nous concerne ces mutations apparaissent donc de façon naturelle mais épisodique et rare. Elles semblent peu probables et sans incidence notable avec cependant le cas particulier des mutations fortuites entraînant l'apparition d’un gène porteur d’une tare sub-létale, tare pouvant réduire l’espérance de vie sans entraîner la mort avant l’âge reproductif et donc susceptible d'une transmission génétique.

Il est très aléatoire de s'attendre à ce que de telles mutations soient détectables à Fontcouverte même sur plusieurs siècles. Même les éruptions solaires ne sont pas assez longues pour que nous puissions en détecter l'apparition dans nos archives !

La sélection des époux

Une population n’est généralement issue que d’une partie de la génération précédente. Ce peut être en particulier le cas à Fontcouverte au XIXe siècle lorsque la proportion des célibataires définitifs dans la population augmente fortement. Quelques familles aux enfants particulièrement nombreux peuvent être porteuses de gènes particuliers susceptibles de se répandre en dehors de toute statistique générale. Dans une population de taille réduite à consanguinité moyenne considérée comme normale (ou presque !), il est donc possible de constater des ilots à forte consanguinité particulièrement exposés aux tares héréditaires.

La sélection des époux peut avoir un effet important dans la mesure où elle revient à réduire le volume de la population.

Ce phénomène pourrait être reconnu à Fontcouverte. Hélas, les caractéristiques génétiques (en particulier les tares héréditaires) sont rarement reportées dans les actes de décès.

Le choix des conjoints

Comme la sélection, le choix des époux lors de leur mariage est une déviation par rapport au cas théorique d'une population de taille infinie où les mariages se font au hasard : qui peut penser que les époux se choisissent dans une loterie ? « Qui se ressemble s’assemble » dit le proverbe. Et les causes de ressemblance sont nombreuses : époux ayant vécu leur enfance de façon proche tant géographique que familiale, accords familiaux pour préserver le patrimoine, réduction de l’effectif des « mariables » orientant les choix… On peut aussi invoquer la législation plus ou moins permissive au regard des mariages relativement consanguins (passage à la loi française à partir de 1861, par exemple, dont l'effet ne peut que rester faible sur la période de notre étude). Si ces facteurs évoluent dans le temps, il peut en être de même de la consanguinité d'une partie de la population voire de toute la population.

Certaines de ces causes ont certainement existé à Fontcouverte, d’intensité variable suivant les époques. Elles ont dû laisser des traces. Ce semble être le cas à Fontcouverte au cours du XIXe siècle.