Fontcouverte
 

La fécondité des couples de Fontcouverte

Le nombre d'enfants qu'ont les couples dans un intervalle de temps donné et suivant l'âge des parents est un sujet très largement abordé par les démographes. On parle ici de couples, c'est-à-dire d'une femme et d'un homme, mais on se réfère très généralement à la femme et à son âge à la naissance de ses enfants. La notion de couple garde cependant tout son sens dans la mesure où une femme peut être amenée à se marier plusieurs fois et constituer ainsi autant de couples différents.

La fécondité d'une femme dépend de sa fécondabilité qui, elle même, varie peu entre 20 et 35 ans mais diminue rapidement après. Par ailleurs, elle est liée à la durée de mariage au moment de la naissance de ses enfants successifs. Les habitudes d'un couple peuvent, en effet, varier en fonction du temps qu'il a passé uni. Il importerait donc de tenir compte de ces deux facteurs. Le nombre réduit de couples possédant à Fontcouverte les caractéristiques nécessaires à leur étude permet difficilement une analyse ainsi détaillée. Nous pouvons par contre profiter du fait qu'au cours du temps les Fontcouvertines ont très peu varié dans leur âge de mariage, en général relativement jeune, et ont eu la majorité de leurs enfants entre 20 et 35 ans. Pour faire simple, nous ne considérons que l'âge de la mère à la naissance de ses enfants. Cela revient à admettre qu'une Fontcouvertine remariée à 30 ans après un premier mariage à 20 ans se comporterait en couple comme s'il s'agissait de son premier mariage qui continuerait après 10 ans de mariage.

L'analyse que nous tentons ici ne nécessite que la connaissance de deux dates précises (au moins à l'année près) :

Sont retenus tous les couples quelle que soit la localisation de leur mariage mais dont un des conjoints, au moins, est fontcouvertin ; sont ainsi pris en compte des mariages hors Fontcouverte, en particulier ceux célébrés dans des paroisses voisines.

Nous gardons aussi à l'esprit la date de mariage du couple si elle est disponible et si cela peut être utile.

Les démographes ont l'habitude de regrouper par tranche d'âge de cinq ans les mères de l'ensemble étudié. Cette option conduit à des effectifs statistiquement utilisables. Nous faisons comme eux pour permettre des comparaisons.

L'âge des mères et leur fécondité

Le taux de fécondité légitime d'une épouse dans une tranche d'âges donnée est le rapport du nombre d'enfants nés dans cette tranche au temps où la mère se trouve exposée au risque d'être enceinte. Dans la tranche 20 - 24 ans révolus, une femme mariée à 22 ans n'est soumise au rique que trois années au plus.

Un premier graphique donne, pour tous les couples analysables entre 1600 et 1900, ces taux relatifs à des tranches de 5 ans d'âge des mères entre 10 et 70 ans, les mariages étant possibles dès 12 ans pour les filles dans les siècles les plus anciens et de très rares Fontcouvertines ayant montré une fécondité de durée exceptionnelle, aussi réduite soit-elle, au-delà de 55 ans.

Il montre la faible fécondité des très jeunes femmes de moins de 15 ans. Les archives montrent en effet que les mariages très précoces, contrairement à la plupart des autres, conduisent à une première naissance différée de quelques années. La fécondité entre 15 et 19 ans révolus croit très rapidement avant d'atteindre un maximum entre 20 et 24 ans révolus. S'ensuit une décroissance du taux, d'abord lente puis rapide après 40 ans, la fécondité devenant très faible à 50 ans et pratiquement nulle ensuite.

Les démographes ne traitent pas la première tranche d'âges d'effectif toujours réduit, voire nul.

Le second graphique détaille les tranches d'âge de 2 ans de façon à préciser les fécondités aux âges extrêmes.

Pour les plus jeunes mères, la première naissance n'apparaît qu'à 14 ans. Pour les mères les plus âgées, la fécondité a une décroissance fortement accentuée dès 46 ans pour s'annuler pratiquement à 54 ans.

Aux âges intermédiaires, le déclin de la fécondité montre précisément son effondrement à partir de 38 ans environ.

Ces courbes sont tout à fait comparables à celles données par la bibliographie concernant les populations anciennes dont les naissances sont réputées réglées par la seule nature : on parle alors de fécondité naturelle. Ces courbes sont caractérisées par une convexité (un bombement) orientée vers le haut pour les fécondités à partir de 20 ans. Les diverses populations peuvent avoir des fécondités de niveaux variables mais les variations avec l'âge de ces fécondités suit toujours la même progression avec l'âge quel que soit le niveau maximum atteint.

Une évolution de la fécondité au cours des siècles ?

Les conditions matérielles ont-elles une influence sur la fécondité ou l'idée que les Foncouvertin(e)s se font de leur famille a-t-elle évoluée au cours des siècles ? La bibliographie signale qu'une tendance à la gestion du nombre d'enfants d'une famille serait apparue au cours du XIXe siècle dans le sens d'une limitation privilégiant la qualité à la quantité. On prétend même que ce phénomène se serait manifesté dès la fin du XVIIIe siècle en France... avec les idées de la Révolution. Le Curé Roulet se serait-il rendu compte dans son confessional d'une telle entorse aux lois divines de la nature ? Il ne nous en parle pas.

Nous reprenons alors la courbe de fécondité par tranches standard de 5 ans en distinguant les périodes cinquantennales habituelles.

Que penser de la fécondité à Fontcouverte ?

Entre 1600 et 1850, avec une valeur maximale de 0,40 à 0,45 enfant par femme mariée et par année vers 20 - 25 ans, les Fontcouvertines auraient en moyenne, à ces âges, un enfant tous les deux ans à deux ans et demis. Ce taux de fécondité correspond aux valeurs données par la bibliographie concernant les époques anciennes et les populations plutôt rurales, en particulier celles étudiées par Louis Henry qui est à l'origine de la référence mondiale en matière de fécondité naturelle.

De façon évidente à ce stade de l'étude, la fécondité naturelle est la règle jusqu'au milieu du XIXe siècle. Par contre, une modification des habitudes pourrait ensuite apparaître, caractérisée par une fécondité relativement élevée aux bas âges (moins de 20 ans) et une baisse notable de la fécondité aux âges supérieurs (25 à 45 - 50 ans). Ce sont là deux indices typiques d'une modifications des habitudes dans le sens d'une limitation volontaire des naissances.

Encore s'agit-t-il de la fécondité légitime. On sait que la proportion des Fontcouvertines susceptibles d'avoir des enfants mais restées célibataires oscille de 10 à 30 % entre 1600 et 1825 avant d'atteindre un pic à 45  % vers 1825. La fécondité générale, prenant en compte l'ensemble des femmes, mariées ou restés définitivement célibataires, en est réduite d'autant pour la reproduction, de générations en générations, de la population.