Modèle de simulation de la consanguinité
Dans l’impossibilité où nous sommes de connaitre l’influence, sur le
niveau de
consanguinité moyen fm à Fontcouverte :
- de la taille de la population étudiée,
- de l’hypothèse d'une valeur nulle de fz pour les
personnes dont nous ne connaissons pas les ancêtres (en particulier
toutes celles apparaissant au début des archives en 1587),
- des contraintes des droits canonique puis civil sur les mariages,
on a réalisé une simulation de la reproduction de la population de
Fontcouverte de génération en génération sur plus de quatre siècles en
tenant compte autant que faire se peut des caractéristiques propres à
Fontcouverte.
Les caractéristiques du modèle
Le modèle est établi sur les simplifications suivantes de la réalité
:
- l’unité de temps de calcul est la génération correspondant à 25
ans, durée classique mais inférieure à l’âge moyen des mères à la
naissance de leurs enfants à Fontcouverte (environ 33 ans) ; les
durées données ci-desous seraient alors à augmenter de 30 %,
- chaque génération de 250 femmes et autant d'hommes produit 250
mariages soit 10 mariages par ans en moyenne (valeur constatée
globalement à Fontcouverte sur la période qui nous concerne),
- chaque mariage donne un certain nombre de naissances dont deux
seulement (un garçon et une fille) se marieront dans la population de
la génération suivante ; on élimine ainsi du calcul, car sans utilité,
les enfants morts avant l’âge de se marier, les célibataires
définitifs et les émigrants possibles ; cette hypothèse conduit à
un volume de population constant (de l'ordre de 1 200 personnes)
de génération en génération, ce qui est approximativement le cas à
Fontcouverte à partir de 1650,
- les mariages se font au hasard (on joue à la roulette ce qui
donne à la méthode de simulation le nom de « Méthode de Monte
Carlo ») ; cette hypothèse ne représente pas, très
probablement, le cas général et en particulier celui de Fontcouverte ;
cette hypothèse peut conduire à une sous-estimation de fm,
croissant dans le temps,
- les mariages peuvent être soumis à des contraintes restrictives
sur les combinaisons d'époux, telles celles du droit canonique
(différents niveaux de contraintes sont testés), du droit civil ou
contraintes hypothétiques,
- la première génération est constituée de personnes dont les
parents ne sont pas connus, leur fz est pris nul (la même
hypothèse a été faite pour le calcul réel de fm à
Fontcouverte),
- les immigrations sont supposées nulles ; dans la réalité de
Fontcouverte elles sont assez peu fréquentes et concernent souvent des
personnes ayant probablement une consanguinité non nulle avec les
Fontcouvertins, descendant souvent d'ancêtres de Fontcouverte.
Les calculs réalisés comportent pour chaque génération :
- la constitution aléatoire des 250 mariages compatibles avec
l’hypothèse de contraintes retenue,
- le calcul des fxy des couples formés et donc des fz
des deux enfants qui en naissent en tenant compte de tous les liens de
consanguinité observés dans toutes les générations antérieures,
- le calcul de fm de la nouvelle génération.
14 générations engendrées successivement peuvent être attribuées à
la période 1600 - 1950.
Les résultats des simulations
Chaque hypothèse testée donne lieu à plusieurs simulations faites
dans les mêmes conditions. Ces simulations, fonctionnant sur un mode
aléatoire, donnent des résultats quelque peu différents. Un nombre
suffisant de simulations est réalisé pour définir une tendance moyenne.
La courbe présentée pour une hypothèse donnée est alors choisie pour
être très représentative du phénomène dans sa généralité.
Hypothèse 1 : les mariages de degré de consanguinité
inférieurs à 6 sont interdits
Cette hypothèse correspond au strict respect du droit canonique qui
n’a jamais été appliqué à Fontcouverte.
Le coefficient fm reste nul jusqu’à la génération 6 (1750)
puis croit régulièrement jusqu’à la dixième (1850) avant d’atteindre
une limite à 0,0018 à partir de la onzième (1875).
Hypothèse 2 : les mariages de degré de consanguinité
inférieurs à 5 sont interdits
Cette hypothèse correspond au droit canonique théoriquement en usage
et appliqué en l’absence de dispenses particulières.
Le coefficient fm reste nul jusqu’à la génération 5 (1725),
croit progressivement jusqu’à la génération 10 (1850) avant d’atteindre
une limite à 0,0022 (un peu supérieure à celle de l'hypothèse 1 comme
on peut s'y attendre) vers la onzième (1875).
Hypothèse 3 : les mariages de degré de consanguinité
inférieur à 3 sont interdits mais ceux de degré 3 et 4 sont tolérés
grâce à des dispenses systématiquement accordées.
C’est le cas généralement rencontré à Fontcouverte.
Le coefficient fm reste nul jusqu’à la génération 3
(1675), croit jusqu’à la génération 10 (1850) avant d’atteindre une
limite à 0,0030 (de nouveau nettement supérieure à celle de l'hypothèse
2) vers la onzième (1875).
Globalement, les courbes présentent une allure identique sous toutes
les hypothèses :
- les délais d’apparition de valeurs de fm non nulles
sont conformes aux degrés autorisés,
- les valeurs de fm sont stabilisées dès la onzième
génération à partir de laquelle ils restent pratiquement constants (aux
aléas d’échantillonnage près d’autant plus marqués qu’ils correspondent
à la présence éventuelle de mariages possibles plus consanguins suivant
les hypothèses 1, 2 et 3).
On peut donc admettre, à Fontcouverte, que l’influence de
l’hypothèse de nullité de fz des individus dont on ne
connaît pas les parents se fait sentir jusque vers 1825. Si l’on
donnait aux personnes sans ancêtres connus une valeur de fm
voisine de la limite atteinte au terme de onze générations (valeur
représentant éventuellemnt le niveau historique de fm dès le
milieu du XVIe siècle) la courbe de fm serait une droite
horizontale. L’écart entre cette droite et la courbe donnée par le
modèle traduirait alors l’atténuation de génération en génération
(division approximative par 2 à chaque génération) de l'effet de la
valeur arbitraire fm = 0 prise en compte.
L'impossibilité de connaître les valeurs initiales effectives de fm
rend cette amélioration peu envisageable.
D’autres hypothèses ont été testées mais n’ont pas apporté
d’éléments de jugement supplémentaires pour Fontcouverte. Elles ne sont
pas présentées :
- aucune contrainte sur les mariages : le but est de
déterminer la vitesse à laquelle fm augmente dans une
population réduite pour tendre vers une valeur (théorique) voisine de 1
; le temps nécessaire à Fontcouverte, pourtant d'un volume de
population réduit, avoisine sans doute, de façon asymptotique,
l'éternité en tout cas dépasse les temps humains qui sont les nôtres
!
- hypothèse 3 (toujours sous l'hypothèse de rencontre au
hasard des époux) est complétée par l’application de la contrainte
du droit civil pour la période postérieure à 1860 ; les
mariages possibles au degré civil 4 (2 du droit canonique) ont un effet
faible sur fm calculé et sur sa variation dans le temps, du
fait que très peu de générations sont impliquées dans nos siècles de
calcul ; plus tard dans le temps, l'effet attendu serait important
sur le coefficient moyen de consanguinité mais l'histoire démographique
de Fontcouverte se tranforme radicalement partir de 1900.