Fontcouverte
 

Espacement dans le temps des naissances dans les familles

Nous nous intéressons ici aux espacements que l'on constate entre les naissances successives de diverses familles. Ceux-ci peuvent fortement varier par la durée du temps mort et celle du délai de concetion séparant les naissances. Le temps mort a une durée minimale physiologique mais il peut être allongé par diverses pratiques dont la mieux connues est l'allaitement maternel. Quant au délai de conception il dépend de variables physiologiques plus ou moins aléatoires mais aussi du comportement des époux : conditions matérielles ou volonté d'espacer les rapport sexuels, absence momentanée de l'époux, volonté de remplacer rapidement un enfant décédé en bas âge...

On peut s'attendre à ce que, dans une famille de 12 enfants, les naissances se succèdent plus rapidement que dans une famille de 4 seulement. Il se pourrait aussi que les intervalles des naissances dans une famille croissent avec le rang de la naissance, la fécondité de la mère décroissant avec l'âge au delà de 30 ans.

Conventions

Les intervalles intergénésiques sont comptés en jours à partir du jour de naissance de l'enfant initialisant l'intervalle. Dans les graphiques portant sur l'axe du temps (horizontal) les trimestres, la numérotation des trimestres part donc de 0 pour les 91 (= 365,4 / 4) jours suivant immédiatement cette naissance, puis 1 pour les 91 jours suivants... jusqu'à la naissance de l'enfant suivant.

Les intervalles intergénésiques en fonction du rang des naissances et de la taille finale de la famille.

L'étude des intervalles intergénésiques doit théoriquement s'appuier sur ceux observés dans les familles dont la mère a disposé de la totalité du temps de sa vie reproductive. On s'assure ainsi qu'elle a pu mettre au monde tous les enfants compatibles avec sa fécondité. Ces familles sont appelées par les démographes familles complètes.

Au milieu de toutes les familles connues, la détermination des familles complètes est complexe et conduit à un nombre très réduit des familles très probablement completes (on distingue par ailleurs les familles certainement incomplètes et celles qui restent indéterminées).

Encore faut-il, pour calculer les intervalles entre naissances, que tous les enfants attendus par les Fontcouvertines soient effectivement connus. De nombreuses causes excluent de tels cas :

Ainsi, peut-il apparaître des intervalles intergénésiques anormalement grands perturbant nos statistiques.

De plus, les enfants doivent avoir une date de naisance connue pour les classer par ordre d'arrivée.

Dans les lignes qui suivent nous parlons d'accouchements et non d'enfants de façon à traiter les jumeaux comme issus d'une seule gestation.

Le graphique présente les intervalles intergénésiques, exprimés en mois, concernant l'ensemble des familles complètes ou indéterminées connues à Fontcouverte et ayant au moins 2 accouchements (de nombreuses familles indéterminées sont éliminées dès qu'elles n'ont, au plus, qu'un seul accouchement). Il comporte donc certaines incohérences mais a l'avantage de porter sur un effectif relativement important. Il permet une compréhension satisfaisante de nombreux points concernant la fécondité des Fontcouvertines.

Pour chaque taille finale de famille, exprimée en nombre d'accouchements, il donne la moyenne des intervalles intergénésiques successifs pour les familles de 2 jusqu'à 13 accouchements (quelques rares familles en ayant plus ne sont pas représentées du fait de leur nombre extrêmement faible).

Il apparait que les intervalles moyens sont d'autant plus faibles que les familles sont plus volumineuses (la courbe des familles à 13 accouchements est imprécise ne portant que sur 16 familles). Ce fait n'est pas le résultat d'une simple division arithmétique de la durée de la vie reproductive par le nombre d'enfants mais traduit le fait que, physiquement, les Fontcouvertines les plus fécondes assurent des naissances rapprochées donc nombreuses, du moins tant qu'elles ne cherchent pas à limiter leurs naissances en deça d'un certain nombre.

Pour une taille de familles donnée, les intervalles croissent en fonction de l'ordre de l'intervalle. Ce fait manifeste la baisse progressive de la fécondité apparente des mères entre 30 et 40 ans. Mais ce phénomène est particulièrement net pour le dernier intervalle, voire l'avant dernier, qui souligne alors une forte réduction de la fécondité en fin de vie reproductive des mères (à partir de 35 - 40 ans) et l'approche de la stérilité définitive (vers 45 - 50 ans).

A l'opposé des mères très fertiles, celles qui ont peu d'accouchements montrent, dès la naissance de leurs premiers enfants, une fécondité réduite marquée par des intervalles tous relativement longs.

Les résultats que nous obtenons à Fontcouverte sont tout à fait conformes à ce que présentent les démographes-historiens dans leurs études des populations rurales anciennes.

On doit encore noter la régularité de l'évolution de la moyenne du premier intervalle en fonction du nombre final d'accouchements des familles. Il apparaît en effet une corrélation très étroite entre ces deux variables (les familles à plus de 10 accouchements sont peu nombreuses et conduisent à des résultats dispersés). Autrement dit, dès le second accouchement d'une famille, on pourrait prédire (au moins statistiquement) combien elle en aura à la fin de sa vie reproductive ! Plus sérieusement, celà pourrait signifier que la fécondité d'une femme est une caractéristique personnelle (ou plus généralement de son couple), plus ou moins élevée, mais qui la suivrait, du moins en moyenne, tout au long de sa vie reproductive.

Du sens des moyennes...

Les démographes donnent généralement leurs résultats concernant les intervalles intergénésiques sous forme de valeurs moyennes. Ceci peut avoir un sens pour des populations importantes. Dans le cas restreint de Fontcouverte, il paraît utile d'analyser plus précisément les valeurs des intervalles pour juger du sens réel des moyennes. Ainsi, pour chaque taille finale des familles et pour chaque rang des intervalles, nous présentons des graphiques qui donnent, plus détaillées que les moyennes, les proportions des divers intervalles, réparties en groupes trimestriels classés par durées. Bien que les graphiques affichent des intervalles allant jusqu'à 80 trimestres, seuls ceux inférieurs à 40, ou même moins, ont un sens réel compte tenu des difficultés induites par les archives. Nous ne donnons ici que quelques exemples représentatifs.

Le graphique ci-contre donne, pour les familles de 2 accouchements, l'unique intervalle 1-2. Sa dispersion s'étire vers les valeurs élevées (jusqu'à 40 ou 50 trimestres). Il peut s'agir de l'effet d'une fécondité très faible qui peut tarder à conclure sur un succès... ou de contraintes d'archives.

Concernant les deux intervalles des familles de 3 accouchements, les graphiques ci-dessous donnent la répartition des durées du premier interavalle 1-2 (à gauche) et du second 2-3 (à droite). Le premier manifeste une dispersion plus faible que dans le cas précédent tandis que le second ressemble plutôt au graphique des familles de 2 accouchements. Entre les deux graphiques, la répartition se décale vers la droite confirmant l'accroissement de l'intervalle final par rapport au précédent. La fécondité commencerait à s'élever, par rapport au cas de 2 accouchements seulement, pour le premier intervalle tandis que le second traduirait son affaiblissement et l'approche de la stérilité.

3 accouchements. Intervalle 1-2 3 accouchements. Intervalle 2-3

A partir des familles de plus de 3 accouchements tous les graphiques possibles se caractérisent dans le sens :

Les graphiques suivants pris pour exemple illustrent ces points pour les familles à 7 accouchements, nombre intermédiaire des diverses familles.

7 accouchements. Intervalle 1-2 7 accouchements. Intervalle 2-3
7 accouchements. Intervalle 3-4 7 accouchements. Intervalle 4-5
7 accouchements. Intervalle 5-6 7 accouchements. Intervalle 6-7

Pour interpréter utilement les graphique, il est rappelé, en particulier pour les familles dont le nombre d'accouchements est faible, que les lacunes des archives peuvent conduire à prendre en compte des intervalles importants sans signification correcte.

En tout cas, il est difficile de donner un sens précis aux moyennes générales des intervalles.