Fontcouverte
 

La saisonnalité des décès

Un problème de la saisonnalité de la mortalité : celui de la saisonnalité de la natalité

L'analyse de la saisonnalité des décès se heurte au problème de la forte proportion des jeunes enfants mourant en très bas âge. S'il les naissances ont une forte tendance saisonnière, elles peuvent induire un biais dans l'analyse de la saisonnalité de la mortalité, du moins pour la première année de vie, voire la seconde. Au-delà, la mortalité ne dépend vraisemblablement plus de la saison de naissance.

La saisonnalité des naissances est connue : niveau élevé de septembre à mars, plus réduit d'avril à août. Assez marquée au XVIIe siècle, elle tend à se reduire pour être très faible au XIXe.

Les graphiques suivants donnent alors, pour les périodes qui nous intéressent, la repartition (en %) des naissances dans les différents mois de l'année sous une forme comparable à celle des graphiques ultérieurs de la mortalité

XVII-1 (1601 - 1650) XVII-2 (1651-1700)
XVIII-1 (1701 - 1750) XVIII-2 (1751 - 1800)
XIX-1 (1801 - 1850) XIX-2 (1851 - 1800)

La saisonnalité des naissances semble nette. L'analyse de son effet sur celle des décès des premières années de vie s'impose donc.

La mortalité et les saisons

Les enfants de 0 à 4 ans révolus

L'analyse de la répartition des décès des jeunes enfants au cours des saisons, corrigeant l'effet de la saisonnalité des naissances, est assez complexe et a démobilisé bien des démographes qui, d'ailleurs, ne précisent pas leur méthode de calcul. Nous l'avons tentée même si les calculs sont assez volumineux

Un calcul précis donne alors les résultats des graphiques suivants qui précisent, pour les différentes périodes d'étude, la répartition, dans chaque mois, des décès après correction de l'effet de la saisonnalité des naissances. Dans chaque graphique les proportions des décès mensuels (dont la somme est le quotient annuel de mortalité) sont données en tenant compte de l'année de décès : 0 an pour les enfants morts avant 1 an, 1 pour les enfants morts au cours de leur première année révolue... et selon les codes de couleurs suivants :

 

XVII-1 (1601 - 1650) XVII-2 (1651 - 1700)
XVIII-1 (1701 - 1750) XVIII-2 (1751 - 1800)
XIX-1 (1801 - 1850) XIX-2 (1851 - 1900)

Malgré une dispersion relative importante des résultats, on relève les faits marquants suivants.

Il existe donc bien deux régimes de mortalité des très jeunes enfants différentiant fortement la première année de vie des suivantes. Au froid, se substitueraient les risques épidémiques liés aux conditions de nourriture des enfants probablement sevrés.

Les Fontcouvertins de plus de 4 ans

La saisonnalité des naissances n'interfère plus avec celle des décès. Il n'en est donc plus tenu compte ici.

Le tableau suivant donne pour les périodes cinquantennales et pour différentes tranches d'âge de décès la répartition de ces décès (en %) dans chaque mois de l'année. La faiblesse des effectifs mensuels ne facilite pas l'interprétation.


5-9 ans révolus 10-19 ans révolus 20-39 ans révolus 40-59 ans révolus 60 + ans
XVII-1
1601 -
1650
XVII-2
1651 -
1700
XVIII-1
1701 -
1750
XVIII-2
1751 -
1800
XIX-1
1801 -
1850
XIX-2
1851 -
1900

De façon globale, il apparaît que la variabilité mensuelle, pour ne pas parler d'une réelle saisonnalité, tendrait à décroître simultanément avec l'âge et au fil des siècles.

Les jeunes de 5 à 19 ans

Au XVIIe siècle, leurs décès ne montrent pas de saisonnalité réelle mais plutôt une grande variabilité. Les pics d'août et septembre sont très marqués ; ils correspondent en fait aux épidémies d'été que l'on peut attribuer à la répétition fréquente de la dysenterie ou à quelques autres maladies infectieuses touchant particulièrement les plus jeunes, en particulier en 1653. On doit encore ajouter la dernière épidémie de peste de 1630, encore que les jeunes enfants semblent avoir été relativment épargnés.

La disparition progressive dans le temps de ces épidémies entraîne au XVIIIe siècle celle des pics de mortalité. On peut alors distinguer un maximum d'été et peut-être un second d'hiver.

Au XIXe siècle la saisonnalité apparaît avec deux maximuns au printemps et en autome dans sa première moitié ; c'est de nouveau l'irrégularité qui domine dans la seconde.

Les adultes de 20 à 59 ans ans

A ces âges les effets des épidémies de l'ancien temps disparaissent pratiquement. La saisonnalité n'est que peu manifeste et a tendance à s'atténuer au cours des siècles.

Les adultes de plus de 59 ans

Ils montrent une saisonnalité assez marquée avec un maximum en fin d'hiver et au primptemps ainsi qu'un minimum d'été. Parfois se manifeste un second maximum en automne. Manifestement c'est la rigueur de l'hiver et les maladies pulmonaires associées qui se révèlent quand les autres causes de décès ont largement disparu.

Globalement dans le temps

Pour dégager les grandes tendances en réduisant les fluctuations d'échantillonnage, la répartition mensuelle des décès des Fontcouvertins de plus de 4 ans est donnée par siècles entiers. On peut alors retenir les grands traits suivants.