Fontcouverte
 

Impact de l'épidémie de 1630 sur les mariages et les naissances

Malgré les difficultés liées aux archives, l’analyse des morts de l’épisode du 28 juillet 1630 au 24 janvier 1631 donne des éléments utiles de compréhension sur des conséquences à court terme de l'épidémie.

Les données des registres

Le nombre total des décès traités est de 90.

On sait également par la structuration de la population que 130 couples sont en état d’avoir des enfants en début 1630.

Enfin, le nombre des mariages et des naissances lors des années avoisinant 1630 sont les suivants.


1625 1626 1627 1628 1629 1630 1631 1632 1633 1634 1635 1636 1637 1638 1639 1640
Mariages 5 6 11 6 9 1 14 10 9 10 10 3 12 17 19 8
Baptêmes 46 31 42 45 30 35 23 42 37 34 42 42 31 40 50 49

En rouge : anomalie de 1630 - 1631.  En bleu : anomalie de 1636 - 1637.

L’incidence de la peste de 1630 - 1632

Les mariages

Nombre annuel des mariages
La période 1610 - 1629 semble marqué par un creux momentané des mariages. Il manquerait 4 à 5 mariages annuels par rapport à la tendance générale.

On sait, par ailleurs, que 7 couples susceptibles d’avoir des enfants ont été détruits par la peste en 1630 soit 5 % seulement du potentiel en début 1630.

Par contre, avec un seul mariage en 1630 (célébré en avril donc avant l'épidémie), c’est près d’une dizaine de mariages qui manquerait en début 1631 soit un déficit total des couples reproducteurs de 12 % en fin d’épisode.

L’année 1631 est au contraire marquée par un excédent de mariages, de l’ordre de 4, par rapport à la moyenne compensant pour partie le déficit des mariages de 1630.

Ces diverses fluctuations restent malgré tout dans l’ordre de grandeur de la grande dispersion constatée à moyen terme à l’époque. Ainsi, la réduction de la nuptialité se retrouve rapidement noyée dans la variabilité des années postérieures à 1631 ; la peste semble alors un épisode parmi tant d’autres de la vie matrimoniale de Fontcouverte.

Les baptêmes

Nombre annuel des baptêmes
Le nombre des baptêmes se situe à un niveau relativement faible dans les années qui ont précédé la peste. L’année 1630 avec ses 35 baptêmes se retrouve au plus bas de cette période. Il n’y a d’ailleurs rien d’étonnant à l’absence d’anomalie franche en 1630, la totalité des conceptions conduisant aux naissances de 1630 étant intervenues avant la peste. Seules seraient concernées les femmes enceintes mortes de la peste.

En 1631, les conséquences se font sentir avec seulement 23 baptêmes : un déficit voisin de 12 soit 34 % des conceptions de 1630.
Ce déficit peut être imputé :

Mais 1632 et les années immédiatement suivantes donnent en moyenne plus de 40 baptêmes ; la récupération est rapide. Ce sursaut peut en partie s’expliquer par le fait que les conceptions différées volontairement ou non en 1630 ont permis à certaines mères, en nombre excédentaire, d’avoir un enfant dès 1632, les intervalles entre enfants étant souvent de l’ordre de un à deux ans seulement. En tout cas, la récupération est totale dès 1639.

Là encore, l’incidence de l’épidémie de peste aurait été plutôt réduite et passagère.

On doit enfin noter que les mêmes constatations, bien que moins marquées, peuvent être faites en 1636 - 1637 (seulement 3 mariages en 1636 et 31 naissances en 1637) alors qu’aucun épisode de surmortalité n’est observé.

D’autres raisons que la peste pourraient donc être à l'origine des fluctuations rapides constatées dans les nombres annuels des évènements démographiques… mais quelles raisons ?