Détermination du statut d'émigré
Nous ne considérons ici que les émigrés définitifs. Nous en prenons la définition suivante : un émigré est une personne native de Fontcourte n’ayant pas terminé sa vie dans sa communauté. Cette définition s’applique quels que soient l’âge d’émigration, la durée et le lieu du séjour hors Fontcouverte.
En principe il suffit donc de connaître la date de naissance d’un Fontcouvertin, de la date et du lieu de son décès. Si ce dernier est Fontcouverte nous qualifions la personne de résident sinon d’émigré.
Une première estimation du statut d’une personne peut donc être faite sur le seul critère de la connaissance du décès. Elle est souvent satisfaisante à condition que les informations nécessaires soient précisées dans un acte de décès qui a pu être rapproché de la naissance par la structuration de la population.
Cependant, la vie des Fontcouvertins est souvent bien moins simple qu’il ne paraît ainsi et, en toute rigueur, il faudrait connaître l’ensemble de leur vie alors que les archives d’état civil ne précisent (et parfois de façon très incomplète) que leur naissance et, éventuellement, leur(s) mariage(s), la naissance de leurs enfants et leur décès. Quelques dates dans une vie ne représentent alors que des repères très éloignés dans le temps et les causes de départ qui peuvent intervenir entre temps sont multiples.
Sauf informations complémentaires, en particulier les présences dans les dénombrements que nous avons traités, le choix est ainsi fait.
- Un Fontcouvertin n’ ayant laissé que la trace de sa naissance est considéré comme émigré.
- Un couple formé à Fontcouverte dont les deux membres ne présentent plus aucune activité démographique locale suite à leur mariage (naissance d'enfants et décès) constitue également des émigrés. C’est a fortiori le cas si le mariage est célébré hors Fontcouverte. Si les membres du couple ont leur décès à Fontcouverte, il s'agit très probablement d'un couple stérile de résidents.
- Un couple voit l’un (ou les deux) de ses membres quitter Fontcouverte, en particulier après un veuvage pour finir ses jours probablement chez l’un de ses enfants ayant quitté Fontcouverte. Combien de temps a duré cet exil ? En l'absence de décès, seules des informations complémentaires permettent de trancher.
- Un Foncouvertin ayant émigré revient, au gré des circonstances, terminer ses jours à Fontcouverte. Est-il à considérer comme émigré si l’on ne connaît pas les circonstances exactes de son retour ? On sait que nombre de Fontcouvertains ont l’habitude d’y revenir pour finir leurs jours, voire simplement de se faire inhumer à Fontcouverte si leur émigration est restée locale. Les archives de la cure peuvent ne pas préciser le décès mais uniquement la sépulture. Un doute peut rester.
- Un Fontcouvertin est en séjour chez un parent ou un ami d’une commune voisine chez qui il meurt subitement. Il est difficile de définir la durée de vie passée à l’extérieur de Fontcouverte si l'on ne dispose pas d'informations supplémentaires. Le cas extrême est celui d’une mort accidentelle hors Fontcouverte qu'on doit attribuer à un résident. Là encore, il faut des informations précises que l'on trouve parfois.
- Un cas particulier caractéristique de ces difficultés est évidente pour les décès du XIXe et du XXe siècle quand l’habitude se prend d'avoir recours aux services de santé qui se généralise à la fin du XIXe siècle. Le Fontcouvertin est-il allé quelques jours à l’hôpital avant de mourir (nous devons alors le considéré comme résident) ou bien y est-il resté de nombreuses années (nous devons alors le considéré comme émigrant) ? Nous considérons que le recours à l'assile de Bassens traduit un séjour long caractérisant un émigré. Les hôpitaux de Chambéry, de La Tronche (près de Grenoble) ne traitent probablement que des séjours courts d'habitants proches de ces localité, donc des émigrés. Le cas de l'hôpital (ou hospice) de Saint-Jean-de-Maurienne est le plus délicat du fait de son ancienneté (des cas sont notés précisément dès 1870 environ) et de sa proximité de Fontcouverte. Seules les indications d'une liste des sépultures enregistrées à la cure au cours du XXe siècle (couvrant les décès des nombreux Fontcouvertins nés dans la seconde moitié du XIXe et enterrés à l'Eglise) précise généralement la résidense à Fontcouverte, ou non, des morts à Saint-Jean-de-Maurienne. Parfois, la compréhension du contexte de fin de vie peut éclairer.
- Enfin se trouve le cas des morts lors des guerres de 1870 et de 1939 - 1945. Il s'agit dans leur très grande majorité de jeunes célibataires n'ayant encore manifesté aucun désir de quitter leur commune. Certains sont mariés et ont leur jeune famille à Fontcouverte. Nous les considérons tous comme résidents. Par contre, des morts plus anciennes survenues dans les armées du Piémont et hors de Savoie sont associées à des militaires que nous supposons de carrière et que nous considérons comme émigrés.
Cette méthode, qui n'est pas rigoureusement logique et implique parfois une décision empreinte de simples impressions, est généralement efficace dans la première moitié du XIXe siècle et moins certaine par la suite. Les cas douteux restent cependant assez peu nombreux grâce aux informations disponibles complétant l'état civil. Par contre, elle est pratiquement inapplicable plus tôt par manque des informations nécessaires.