Fontcouverte
 

Principes et limites de l'étude des archives de Fontcouverte

Quelques principes de base de l'étude

Bénéficiant d'archives relativements très anciennes à Fontcouverte, nous avons tenu à en exploiter le plus grand nombre quelles que soient les difficultés qu'elles présentent. Naturellement, la qualité des résultats acquis dépend de celle des documents traités. Mais nous avons recherché des méthodes de traitement applicables aux Fontcouvertins morts en 1587 aussi bien qu'à ceux nés en 1900. De son côté, la bibliographie relate généralement des méthodes intéressantes mais d'autant plus sophistiquées qu'on avance dans le temps... pas de soucis pour le XIXe et le XXe siècles mais de nombreux plus tôt !

Le point le plus marquant de nos travaux consiste dans le fait que nous avons réalisé une structuration complète de la population depuis 1587 à partir de l'état civil et que nous en avons assuré un couplage avec les divers dénombrements disponibles. Nous ne sommes pas les premiers mais un tel travail est relativement rare, en tout cas nous n'en connaissons pas en Savoie.

Sans doute allez-nous trouver des faits déjà bien connus mais nous les appuyons sur des données numériques précises et directement issues des documents d'origine. Cette particularité nous est apparue nécessaire pour éviter de reproduire des informations bibliographiques parfois erronnées mais souvent réédités.

Pour nos calculs nous tenons à garder l'authenticité des informations acquises. Nous ne tentons pas de combler artificiellement les lacunes rencontrées dans les archives pour faciliter les études qui s'ensuivent. Nous préférons limiter nos conclusions issues de méthodes de traitement au recours à des théories et hypothèses que les démographes utilisent pour leurs études plus approfondies, hypothèses qui ont bien peu de chances d'être vérifiées dans le cadre restreint et particulier de Fontcouverte.

Quant aux résultats obtenus, nous leur privilégions une présentation graphique simple et compréhensible à celle de tableaux de chiffres, en évitant au maximum de justifier les méthodes de calcul les plus complexes. Nous utilisons, comme les démographes, des indicateurs synthétiques condensant en un seul indice ou quelques nombres une multitude de données. Nous préférons cependant présenter des graphiques détaillant mieux la situation. Plutôt que dire que l'âge moyen au mariage des Fontcouvertines est de 23,8 ans au XVIIe siècle nous préférons donner une courbe montrant qu'en fait, les âges au mariage s'étendent entre 12 et 50 ans.

Lorsque cela est utile, nous précisons dans les graphiques, notée entre parenthèses, la taille des échantillons soumis à l'analyse, indication utile pour ne pas faire dire aux statistiques ce qu'elles ne veulent pas dire. Nous n'avons qu'exceptionnellement recours à des lois mathématiques de référence (des modèles) et, ce, pour résumer les observations en quelques paramètres numériques et en considérant que ces lois ne sont que des images utiles mais approximatives des phénomènes étudiés.

Nous utilisons très souvent une méthode très simple, la moyenne mobile, permettant de dégager les grandes tendances à long terme des phénomènes étudiés.

Nous n'utilisons pas les tables établies par les démographes donnant, pour certaines populations-types, des répartitions par âge de certains évènements de façon à permettre des comparaisons avec d'autres populations. Elles n'ont pratiquement aucune chance d'être applicables à Fontcouverte au XVIIe siècle. En tout cas, rien ne permet d'affirmer le contraire.

Les limites de notre étude

Elles sont évidentes !

Il s'agit d'abord de la nature des informations disponibles. Nous ne disposons que de celles que les archives nous proposent, informations limitées tant aux plans quantitatif que qualitatif, ce qui interdit souvent l'approfondissement d'un sujet ou même un contrôle satisfaisant de la valeur de ces informations. Connaître tout simplement le véritable volume des habitants de Fontcouverte à une date donnée et son évolution dans le temps est une véritable gageure parfois relevée par d'autres de façon éventuellement incertaine.

On regrette bien sûr que ce volume mal connu de la population que nous voulons étudier soit, de plus, relativement réduit. Nous devons souvent nous limiter dans nos conclusions si le recours à des méthodes statistiques consommatrices d'informations est requis.

Enfin, nos études sont forcément limitées par notre manque de compétence dans la plupart des nombreux domaines que nous abordons. Les spécialistes ne nous en voudront pas trop connaissant sans doute leurs propres limitations quand ils sortent de leur domaine de compétence.

Par contre, nous avons relativement peu de doutes sur la qualité de nos sources. Souvent considérées comme suspectes du fait du non-enregistrement de certains actes par les curés du passé, les données utilisées ont été soumises à un contrôle strict de leur complétude. Après lecture des diverses versions des actes, il est évident qu'à Fontcouverte ce type de défaut est à considérer comme très faible, plus gênant en généalogie qu'en démographie. Un jugement plus incertain est de rigueur pour les dénombrements dont la valeur ne peut être estimée que par comparaison difficile de ces documents souvent très espacés dans le temps.

Nous aurions aimé rester au plus près des évènements de Foncouverte tels que les habitants ont dû les ressentir à l'époque. Malheureusement les archives utilisées sont très peu loquaces sur les mœurs locales. Aussi, avons-nous tenté d'étendre nos études quantitatives à quelques aspects relevant plutôt de l'ethnographie comme les relations de parenté étroite que les Foncouvertins entretiennent entre eux ou les regroupements des personnes dans leurs maisons. Il aurait été particulièrement intéressant d'appréhender les échanges entre les divers villages de la paroisse ainsi que la richesse du notaire ou la pauvreté du journalier, voire la misère du mendiant. Cela aurait nécessité le recours à des documents particuliers pas toujours disponibles dans les archives consultées, les actes notariés en particulier. Nous ne l'avons fait que très partiellement. Enfin, en allant chercher dans les archives des paroisses avoisinantes nous n'avons acquis qu'une idée très limitée des échanges que les Fontcouvertins ont avec leurs voisins plus ou moins lointains de Villarembert au Canada.