Fontcouverte
 

Que penser de la peste de 1630 ‑ 1632 à Fontcouverte ?

La « conscience collective » concernant la peste vers 1630 que nous connaissons grâce à des études générales des historiens et surtout ce que notre inconscient nous a transmis de générations en générations depuis le XIVe siècle, nous donne de la peste une mémoire calamiteuse et dramatique que nous appliquons à la Maurienne. Mais ce souvenir est-il objectif pour ce qui concerne Fontcouverte ?

Nous avons tenté d’approcher ce qui est effectivement arrivé dans la paroisses en nous appuyant sur des documents rares que Fontcouverte a su conserver et, ce, sans nous laisser influencer par les évènements qui sont intervenus ailleurs, en particulier en Maurienne.

Bien sûr, nous imaginons les traumatismes psychologiques et matériels que peut provoquer une éclosion de la peste dans une maison comme nous en avons rencontrées ne laissant que des orphelins démunis. Nous pensons aussi un peu comprendre la perturbation que l'épidémie peut introduire dans la vie courante de la paroisse.

Mais nous devons tenir compte du fait objectif que moins d'une cinquantaine de Fontcouvertins seraient morts de la peste entre août 1630 et février 1632 soit 4 % ou guère plus de la population si on l’estime à 1200 habitants, soit à peine plus que d'autres épidémies connues à Fontcouverte, peut‑être simplement locales. Bien peu à comparer à la disparition de près de la moitié de la population de Modane en quelques mois de 1630, 37 % à Aiguebelle et peut‑être autant à Saint-Jean-de-Maurienne, en tout cas bien moins que ce que l'évêque Aléxis Billet a pu rapporter dans son étude survolant toute la Maurienne. C'est donc surtout la généralisation de la peste à toute la vallée de l'Arc qui a marqué les esprits.

Il est certain que si l’épidémie ne peut s’y répandre à grande échelle, Fontcouverte le doit à sa situation naturellle excentrée, à sa population très dispersée et aux mesures d’isolement drastiques imposées par les autorités de Savoie et mise en œuvre avec zèle par le comité de santé de la paroisse. Par contre, les diagnostics qui peuvent être portés à l'époque sont difficilement pertinents et aucune mesure efficace n’existe encore pour assurer la désinfection sure des maisons et encore moins pour soigner les malades. De son côté, le Curé Domenjon qui a plusieurs parents victimes du mal organise une procession à Charvin le 24 février 1631 pour demander à Dieu la cessation du fléau… ce qui arriva, aux six morts près de début de 1632, la peste ne devant, semble‑t‑il, plus jamais revenir à Fontcouverte.

Globalement, la paroisse de Fontcouverte aura‑t‑elle moins souffert de la peste en 1630 que de la répétition d’épidémies locales que nous connaissons mais dont les archives ne laissent que peu de traces et des effets des guerres incessantes aux frontières de la France.