Prés et pâturages à Fontcouverte

La différence de définition entre les termes de pâturages et de près devrait en principe être claire puisque les mots sont différents. Est‑ce vraiment le cas dans la tabelle ?

On peut par exemple faire la distinction suivante.

Les pâturages sont des surfaces où le bétail est mis à paître c’est‑à‑dire des parcelles qui sont « exploitées » directement par les bêtes en broutant l’herbe sans intervention de l’homme si ce n’est pour des problèmes de garde et de traite du lait. Les parcelles de pâture peuvent ainsi se présenter de façons différentes :

• une étendue d’herbe seule,
• une étendue herbeuse mais présentant des obstacles que les animaux savent contourner tels arbres, broussailles, rochers, surfaces pentues ou irrégulières.

Les prés sont des étendues herbeuses exploitées dans le but principal de produire du foin. Ces surfaces doivent alors être facilement fauchables donc dépourvues d’obstacles récurrents. Elles nécessitent des moyens de stockage du foin.

Ainsi, on pourrait s’attendre à ce que les pâturages soient relativement proches des habitations et des étables pour y conduire journellement le bétail. Des pâturages sont également possibles en altitude au voisinage d'habitations accessibles en saison chaude grâce à un double habitat. Au contraire, les prés pourraient être distants des habitations dans la mesure où ils sont soumis à une exploitation de type annuel. Certaines paroisses de Maurienne présentent ces zones concentriques, centrées sur les habitations, en intercalant les champs entre pâtures proches et prés plus éloignés.

A Fontcouverte, une distinction sur ces critères est difficilement concevable compte tenu de la répartition géographique de ces deux types d’exploitation visibles sur la carte suivante.

Les pâturages couvrent 30 % de la surface de la paroisse.

Ils sont localisés sur des surfaces au sol de qualité très médiocres (des schistes tout particulièrement), situés le plus généralement en altitude comme dans la branche de gauche et dans l’extrémité de la branche de droite sur les pentes du Mont Charvin, là où l’on ne trouve aucune habitation permanente. Ils sont très rares ailleurs.

Les prés représentent 26 % des terres de Fontcouverte.

Ils se retrouvent en grandes surfaces dans la branche de gauche sur les terrains constitués de matériaux morainiques de qualité et d’exposition non limitantes. L’extrémité gauche de la branche transversale comporte encore une assez grande dissémination de prés mais celle-ci tend à se réduire progressivement en descendant vers La Rochette au profit des terres cultivées devenant rapidement prédominantes (les prés n’y concernent probablement plus que les parcelles les moins cultivables).

Généralement, les habitations disposent cependant d’un petit minimum de surface herbeuse à leur voisinage sous forme de prés (d’après la tabelle) pouvant probablement jouer, en partie, le rôle qu’on voudrait donner aux pâturages de proximité.

Globalement, il semblerait donc que les Fontcouvertins aient un emploi spécifique des pâturages et des prés. Les troupeaux auraient deux modes de vie répartis sur l’année :

• Dans les alpages pendant les mois d’été et d’automne si le temps le permet, saison pendant lesquelles les femmes et les plus jeunes gardent le bétail et fabriquent le fromage tandis que les hommes travaillent, en particulier, à faucher leurs prés voisins pour accumuler le foin.
• Dans les étables pendant la saison hivernale dans ou à proximité des maisons d’habitation, le bétail se nourrissant du foin progressivement descendu des prés dont ceux d’altitude.

C’est la technique classique de l’enmontagnage des régions montagneuses utilisée par ceux qui en ont les moyens.

Les Fontcouvertins sont ainsi amenés à répartir géographiquement  leurs activités :

• agricoles sur les terres les plus fertiles au climat le moins rude en utilisant au mieux les saisons,
• pastorales sur les espaces moins productifs pendant quelques mois, à l’étable le reste du temps.

Il est certain que cette distinction est moins nette dans les paroisses de plaine où les contrastes géologique et d’altitude sont relativement réduits.