Les livres de la taille

Parmi les documents disponibles dans les archives de la cure, les livres de la taille ne donnent pas de dénombrements à proprement parler. Cependant, les informations qu’ils contiennent présentent un intérêt certain pour connaître la population de Fontcouverte et la répartition des terres.

Dans l’état actuel de nos travaux, nous n’avons utilisé les livres de la taille que de façon très ponctuelle mais il est évident qu’ils mériteraient bien mieux puisqu’ils constituent un enregistrement pratiquement en continu d’évènements de la vie à Fontcouverte dans les périodes qu’ils recouvrent.

La taille

L’impôt de la taille revêt différentes modalités suivant les assiettes qui la supportent. Celui qui nous intéresse ici est un impôt foncier direct perçu sur les propriétaires des terres.

Suite aux déboires rencontrés dans la levée de la gabelle du sel instituée par l’édit du 3 novembre 1560 du duc Emmanuel-Philibert, le duc Charles-Emmanuel 1^er, par son édit du 27 mars 1584, décide la création d’un impôt direct foncier, la taille, sans pour autant abandonner la gabelle qui est simplement affermée. La taille est définitivement assise sur une base communale et foncière par l'édit du 1^er mai 1600. Le clergé et la noblesse obtiennent d’en être exemptés. Une tentative de cadastration est rapidement abandonnée.

Une importante mise à jour de la base de la taille intervient dans les années 1730 avec la réalisation d’un cadastre précis : la Mappe sarde et les tabelles qui lui sont associées. A eux seuls ces documents mériteraient, à Fontcouverte, une étude à partir des informations probablement disponibles aux Archives départementales de Savoie. La mappe comporterait, outre la carte du cadastre, de nombreuses informations telle que :

• la liste des propriétaires terriens avec leur nom et la définition des terres qu’ils possèdent (surfaces, qualité d’exploitation, production annuelle, valeur foncière et montant de l’imposition),
• les « cottets » qui enregistrent dans le temps l’acquittement par ces propriétaires de leur impôt,
• les livres d’enregistrement des mutations intervenant dans le temps.

Les livres retrouvés à Fontcouverte

Les archives de la cure présentent quatre livres débutant en 1585 (sans doute le premier livre), 1660 (intitulé 4^ème livre), 1679 (5^eme livre) et 1724 (7^ème livre). Auraient alors disparu deux livres avant 1660 et un livre couvrant la période 1703-1724. Les livres éventuels postérieurs au 7^ème n’ont pas été retrouvés.

Le livre de 1585 donne une liste des parcelles avec une périphérie incertaine définie par le nom des propriétaires mitoyens.

Structure des livres de la taille

Chaque livre débute par la liste des propriétaires terriens à la date d’ouverture du livre, donnant ainsi la richesse terrienne des habitants de Fontcouverte comme on pourrait espérer la trouvée dans les actes notariaux dispersés.

Vient ensuite la longue liste chronologique des cotisations payées par les propriétaires ou leurs représentants. Elle fournit d’intéressantes indications sur les propriétaires, leurs familles et ceux avec lesquels ils ont affaire. Particulièrement intéressantes sont les informations mentionnées à l’occasion des décès des propriétaires ou relatives à des personnes sans lien familial avec ceux-là.

Utilisation pratique des livres de la taille

Dans l'état actuel de nos travaux, nous n'avons pas exploité les informations relatives aux pocessions. Cette étude couplée à celle des sources notariales pourrait être une prochaine étape pour compléter nos connaissances sur la population de Fontcouverte.

Dans les livres de la taille, des informations utiles, suite à un décès, sont la date du décès et, plus intéressante, la liste des héritiers c'est-à-dire des enfants souvent complétée par les époux et épouses de ces héritiers. On trouve, en particulier, la répartition quantitative de la taille sur les divers héritiers ce qui instruit sur le mode d’héritage de l’époque. Ces informations permettent alors de confirmer ou de compléter la structuration de la population. Les livres de la taille ont été utilisés en particulier pour traiter les cas difficiles de filiation que l’état civil laisse dans le doute.

Enfin, des personnes sans lien familial avec le propriétaire cotisant à la taille pour celui-ci pourraient éclairer sur la gestion et la location des terres.