Fontcouverte
 

Identité sociale -
La vie matrimoniale bien remplie de Jean Féjoz

Il est donné ici un exemple parmi d'autres montrant comment il faut parfois jouer les Scherlock Holmes pour tenter d'identifier une personne ainsi que les événements principaux de sa vie et comment des absences d'informations dans les actes d'état civil peuvent être très... informatives !

Le problème des remariages est particulièrement ardu à traiter parmi les événements concernant la fin du XVIe siècle et la plus grande partie du XVIIe du fait de l’imperfection des actes. Peut-on utiliser les « lacunes » apparentes pour mieux comprendre les actes ? Partant de la sépulture au début du XVIIe siècle d'une Claudine épouse de Jean Féjoz, l'application des conventions implicites de l’identité sociale est illustrée dans l'exemple réel de Jean Féjoz, pour retracer toute sa vie matrimoniale dans le début des archives.

L'interrogation de la table des décès donne l'acte de sépulture de Claudine :

Le 5 mars 1606 a été inhumée Claudine épouse de Jean Féjoz

sans plus d'informations.

La recherche dans la liste des actes de mariage donne pour les mariages d'un Jean Féjoz dans la période pouvant le concerner :

Le 10 janvier 1590 sont unis par le mariage Jean Baptiste Féjoz et Pernette fille d'Antoine Claraz

Le 4 avril 1595 sont unis par le mariage Jean fils de feu Pierre Féjoz et Claudine fille de feu Jean Anselme...


Le 9 mai 1606 sont unis par le mariage Jean Féjoz et Guigone fille de Jean Calle...


Le 25 novembre 1608 sont unis par le mariage Jean Féjoz et Françoise fille de feu Amédée Bertrand...

Le mariage du 10 janvier 1590 ne nous concerne pas, le prénom Jean Baptiste n'étant pratiquement jamais confondu avec Jean seul.

Le mariage du 4 avril 1595 correspond bien aux informations du décès de Claudine du 5 mars 1606. Jean aurait donc épousé une Claudine Anselme de son nom qui nous était jusqu'alors inconnu. Il s'agit certainement d'un premier mariage des époux, le prénom des pères étant précisé.

Le mariage du 9 mai 1606 serait-il relatif au même Jean ? Ceci nécessiterait que Claudine soit morte entre 1595 et 1606 ce qui est confirmé par l'acte de sépulture initial et par l'interrogation de la table des baptêmes où un acte de baptême d'un seul enfant de Jean Féjoz et de Claudine est trouvé :

Le 10 mars 1596 a été baptisée Rose fille de Jean Féjoz et de Claudine...

Le remariage de Jean avec Guigone Calle est confirmé par l'absence de prénom du père Pierre de Jean, l'absence d'enfants du couple dans la table des baptêmes étant dû probablement à une résidence à Saint-Jean-de-Maurienne où le patronyme Calle est fréquent ou plutôt à la survie très courte de Guigone après son mariage (celle-ci pouvant être morte à l'occasion d'une naissance) ce que confirme l'acte de sépulture de la table des décès :

Le 11 janvier 1608 a été inhumée Guigone épouse de Jean Féjoz

Cet acte laisse aussi présager que le mariage du 25 novembre 1608 est en fait le troisième mariage du même Jean, l'absence de prénom du père de Jean traduisant qu'il s'agit, encore, d'un remariage de Jean. Deux enfants d'un Jean Féjoz et d'une Françoise sont connus dans la table des baptêmes :

Le 29 août 1609 a été baptisée Françoise fille de Jean Féjoz et de Françoise


Le 30 août 1611 a été baptisée Mermette fille de Jean Féjoz et de Françoise


La mort de Françoise est donnée par l'acte de sépulture de la table des décès :

Le 1er juin 1623 a été inhumée Françoise épouse de Jean Fejoz


date à laquelle Jean est donné vivant (Françoise uxor et non vidua).

Enfin, la mort de Jean est attestée par les actes de sépultures suivants concernant la période qui nous concerne :

Le 7 septembre 1645 a été inhumé Jean Féjoz


Le 12 août 1664 a été inhumé Jean Michel fils de Pierre Féjoz

le second acte ne pouvant convenir puisque l'acte de Jean Michel porte le prénom de son père (il devait donc être célibataire), le prénom Jean Michel pouvant, de son côté, prêter à ambiguïté possible avec Jean seul. L'acte de 1645 est bien celui d'un homme marié donc de notre Jean.

A noter que, lors des trois mariages traités, aucune mention « veuve de… » n'ayant été rencontrée pour les épouses dans les actes de mariage, celles-ci étaient très probablement toutes célibataires. Et comme le veut souvent la tradition Jean se remarie avec des filles de paroisses autres que Fontcouverte, Françoise étant de Villarembert et Guigone probablement de Saint-Jean-de-Maurienne.

Il est, enfin, inutile de rechercher le baptême de Jean Féjoz, celui-ci étant intervenu quelques 20 ans avant son premier mariage donc avant 1570 (les archives disponibles débutant en 1587 seulement).

Cet exemple rend évident :

Malheureusement, il paraît bien difficile de confier à un ordinateur pourtant pourvu d'instructions logiques complexes de réaliser le raisonnement décrit ci-dessus.