Les moulins à Fontcouverte

La tabelle signale 16 moulins sur le territoire de Fontcouverte en 1730. Tous ont pu être localisés sur la mappe avec précision.

Attention ! Les moulins vont par paires à La Roche des Vincent, à Pont Crinel, à Champlong (entre Pont Crinel et les moulins de la Crousaz), à La Crousaz, à La Vergette, voire par trois au Plan des Rois.

La détermination de la localisation des moulins est facilitée par le fait qu’un moulin doit se trouver sur un cours d’eau au débit suffisamment important pour entrainer une roue ou plutôt une petite turbine à augets calée à la base de l’axe vertical des meules grâce à un bief toujours clairement indiqué sur la mappe. Seuls les cours de l’Arvan, du Merderel et de l’Edioulaz satisfont cette contrainte mais l’encaissement du cours du Merderel le rend impropre à l’établissement de moulins sauf dans son cours supérieur sur Fontcouverte. C’est bien dans ces conditions que nous trouvons les divers moulins avec leur bief de dérivation du cours d’eau :

• sur l’Arvan : 1 au lieu‑dit Gévoudaz, plus précisément à Picarin, 3 au Plan des Rois, 1 à la Martinette sous Riortier‑Dessous, 2 à La Vergette et 1 au Tilleret,
• sur le Merderel : 4 dans son cours supérieur près de La Crousaz,
• sur l’Edioulaz : 2 à Pont Crinel et 2 à la Roche des Vincent.

Par contre une grande difficulté intervient du fait de l’exigüité de la parcelle contenant le moulin. Dans un tel cas, le numéro de la parcelle est totalement illisible dans la mappe et nécessite une interprétation laborieuse. Le cas le plus complexe est celui des 3 moulins du Plan des Rois dont un associé à une maison, soit 4 parcelles à distinguer. Pont Crinel (appellé Mollard du Pont dans la tabelle) comporte un bâtiment associant un moulin à une maison (celle du meunier ou local de stockage ?) Il en est de même à Picarin.

Le moulin sis à la Martinette, noté moulin à Riortier‑Dessous dans la tabelle, est-il réellement un moulin ? Le nom du lieu‑dit suggèrerait plutôt l’existence d’un martinet utilisé dans le travail de pièces métalliques (dinanderie). Il pourrait aussi avoir perdu en 1730 sa fonction ancienne pour se reconvertir en moulin à grains.

Le 14 septembre 1733, après un jour et demi de pluie torrentielle, toute la vallée du cours de l’Arvan est inondée. Des moulins et des ponts sont emportés. A Fontcouverte, 7 des 8 moulins fonctionnant sur l’Arvan sont « inondés et noyés à la fin » : 3 au Plan des Rois, 1 à la Martinette sous Riortier‑Dessous, 2 à la Vergette et 1 au Tilleret. Heureusement tous les moulins sur le Merderel et sur l’Edioulaz et, par miracle (?), celui de Picarin sur l'Arvan, semblent indemnes. Les estimations du cadastre doivent alors être révisées avant sa publication finale en 1738.

8 moulins sont des propriétés de personnes très certainement non résidentes à Fontcouverte (dont deux nobles au Plan des Rois sur l'Arvan et un notaire à La Crousaz et à Champlong sur le Merderel). Les moulins de nobles auraient été abandonnés par leurs propriétaires et vendus à des habitants de Fontcouverte après l'inondation.

Jean Crinel au Pont Crinel, Etienne Vincent à la Roche des Vincent et Pierre Vincent à Riortier‑Dessous pourraient avoir laissé des traces dans les registres d’état civil de Fontcouverte de l’époque et pourraient donc (mais sans certitude) être éventuellement Foncouvertins. Quant à Louis Claraz au Tilleray, son origine fontcouvertine serait possible mais sans aucune preuve convaincante tant le patronyme Claraz est répandu, souvent sous des formes composées très diverses.

Ainsi, en 1730, l’industrie de la meunerie échapperait en grande partie aux habitants résidant à Fontcouverte.