Fontcouverte
 

Actes : « originaux » ou copies ?

Dans les registres d'état civil de Fontcouverte, en particulier aux XVIe et XVIIe siècles, voire au XVIIIe, on rencontre de nombreuses copies d'une forme primitive (non conservée) d'actes dont la première retranscription est la plupart du temps archivée. Ce document de base donnait lieu à diverses copies qu'entretenait, sans doute sans enthousiasme, le curé et ses vicaires. Il est alors évident que celles-ci sont loin de se ressembler si bien que dans un registre paroissial et à l'évêché de Saint-Jean-de-Maurienne on trouve plusieurs versions plus ou moins contradictoires comportant de nombreuses fautes de copie et des lacunes. Il faut les avoir toutes lues pour trouver la moins mauvaise pour chaque acte et ainsi tenter d'en faire une synthèse probable. Il est réconfortant de constater que, si nous avons parfois du mal à lire actuellement un acte, le curé avait bien souvent la même difficulté pour relire ses propres documents lors de l'élaboration des copies ! Comme nous, il avait du mal à distinguer dans ses écritures les 1 des 2, les 3 des 5, les Anselme des Ancellin, les Truchet des Cuchet, les Bonnel des Bonnet du XVIIe siècle.

Nous entendons par « source » le document établi, peut-être sous forme de notes prises au moment ou presque de l'évènement... à moins qu'il ne s'agisse que de la mémoire du prètre ! Les archives de la paroisse sont probablement les plus proches de la « source » donc, a priori , les plus crédibles. Mais quand il y a plusieurs versions à la cure il est difficile de déterminer celle qui est la plus proche de cette « source ». Nous utilisons le mot « original » pour caractériser le document que nous considérons comme le plus voisin de sa « source ». Mais est-il vraiment un « original » ?

Un critère assez simple peut être appliqué pour distinguer cette version des copies ultérieures.

La version « originale » semble être le rassemblement dans un document unique des transcriptions des « notes » prises par le curé, son vicaire ou d'autres prètres ayant administré les sacrements ou, au moins, de leurs souvenirs à court terme. L'ordre chronologique n'y est pas toujours respecté (preuve d'une première retranscription ou d'un enregistrement qui ne se ferait pas « en temps réel »), les écritures sont diverses et généralement médiocres, avec ratures et corrections, car les documents sont rédigés « à chaud ». Cette version est celle qui comporte généralement les informations les plus exactes et les plus complètes. C'est elle qu'il faut privilégier.

Ci-contre, un des « originaux » aux multiples rédacteurs de fin 1692, ceux du Curé Claude Monod deux ans avant sa mort (son écriture devient moins sure), aidé par son vicaire Jean-Baptiste Favier.

Quant aux copies pour l'évêque, elles se faisaient plutôt dans le calme de l'hiver, tout au plus sous le stress du prochain synode qui approchait. Elles étaient la plupart du temps rédigées d'une seule main et relativement bien écrites dans un ordre génénéralement correct comme le montre la page ci-contre de la seule main du vicaire Jean-Baptiste Favier en fin 1792 et début 1793.

Mais le rédacteur ne reportait souvent que les informations indispensables pour ne pas s'attirer les foudres de l'évêque. De nombreuses informations jugées mineures par le rédacteur pouvaient disparaitre, informations parfois indispensables pour nous. Des actes étaient omis involontairement ou volontairement (cas des enfants morts à leur naissance par exemple) ; d'autres, même au XVIIIe siècle, étaient le « mélange » involontaire de deux actes consécutifs.

On note également qu'à l'occasion de la rédaction de la copie le rédacteur constatait des erreurs de l' « original » qui, souvent, donnaient lieu à une correction de celui-ci.

Plusieurs curés de Fontcouverte aux XVIIe et XVIIIe siècles ont servi leur paroisse pendant de nombreuses années et, ce, jusqu'à leur mort. On peut citer Louis Dominjon, Claude Dominjon, Antoine Augert, Claude Monod, Jean Baptiste Favier et Jean Pierre Didier respectivement morts en 1634, 1660, 1673,1693, 1733 et 1782. Ils ont assuré leur ministère à Fontcouverte pendant 16, 19, 14, 19, 40 et 49 ans. Leurs dernières années parfois difficiles ont donné lieu à des actes rédigés par le curé lorsqu'il le pouvait ou par des vicaires pour le seconder. Ces actes sont parfois en double dans les archives, à cheval sur deux registres. On ne s'étonnera pas de quelques contradictions ou lacunes en ces périodes difficiles.

C'est aussi l'occasion de constater tous les styles d'écriture qui pouvaient exister à l'époque.

Voici la très belle écriture d'un vicaire, resté anonyme, du Curé Antoine Augert rappelant, un peu, en 1673, les ateliers des copistes médiévaux (l'usage habile des pleins et déliés à la plume d'oie est parfois bien gênant quand l'encre traverse la page !), écriture suivie par celle moins immédiatement lisible du Curé Augert au terme de ses jours.

Ce sont ces écritures caractéristiques des divers rédacteurs qui constituent l'obstacle principal à nos lectures. Lorsqu'un nouveau curé arrive il nous faut lire un ou deux ans d'actes pour se faire à ses habitudes... et alors tout devient presque simple.

début novembre 1691...
... et fin novembre 1691

Voici encore, toujours peu adroite et pas très assurée sur ses vieux jours, l'écriture du docteur en théologie et droit canonique qu'était pourtant le Curé Monod.

Celui-ci, dans ses toutes dernières années, laissait très souvent, pour un acte, la plume à son vicaire à l'écriture très classique pour l'époque et généralement très lisible malgré son sens poussé de l'économie d'encre !