Trois faits historiques importants pour notre étude
Si nous devions énumérer les faits qui ont eu un impact important sur la vie à Fontcouverte depuis le XVIe siècle nous serions bien gênés n’étant pas spécialistes de l'histoire savoyarde. L’histoire de France qui nous a été dispensée dans notre jeunesse ne devait pas comporter plus de quelques pages sur le Duché. Il nous a fallu comblé bien des vides !
Si par contre nous devons retenir trois faits fondamentaux, sans en oublier beaucoup d’autres, qui ont conditionné notre étude nous pouvons, de façon caricaturale, les mentionner facilement.
Les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique auraient découvert la domestication des animaux et des plantes quelque part au Moyen-Orient il y a 10 000 à 15 000 ans. C’est bien vieux dira-t-on ! Mais l’agriculture et l’élevage seraient arrivés dans les montagnes de Maurienne il y a 6 000 à 7 000 ans seulement. Devenus sédentaires, les habitants ne s'éloignaient plus beaucoup de leur habitation laissant la trace de leur résidence permanente dans les mégalithes sous le hameau du Villard. Si nous cherchons les Fontcouvertins nous n'aurons plus à courir derrière eux à la chasse ; nous sommes maintenant assurés de les trouver chez eux !
Les quatre siècles et demis qui nous séparent actuellement du début des archives de Fontcouverte que nous avons parcourues représentent donc déjà sept à huit pourcents de cette apparente longue durée !
de la hache néolithique à la hache Opinel !
Si l’on exclut le XIXe siècle, en particulier sa seconde moitié, cette stabilité dans le temps nous a permis de considérer que nous avions affaire à une population remarquablement homogène et stable ce qui nous a évité de découper le temps en petits segments successifs que les archives ne nous auraient pas permis de cerner correctement.
Convoqué par le pape Paul III Farnese en 1542 pour « réformer » l’Eglise en réaction à la Réforme protestante, le Concile de Trente a promulgué des décrets dont le retentissement a été fort dans le Duché qui les a adoptés largement et rapidement. Indépendamment du côté doctrinal du concile, on note en particulier au plan pastoral la formation des prêtres et l’importance des sacrements, réformes bien utiles pour nous. Un point particulièrement visible est bien sûr le renouveau de la foi dont on retrouve partout des traces concrètes avec l’art baroque en Savoie. Nous rendons grâce en cela au savoyard Saint François de Sales pour l’énergie qu’il a dispensée dans la mise en œuvre de ces réformes, en particulier dans son diocèse de Genève proche de celui de Maurienne.
Pour nous, en effet, un point important lié aux sacrements, en particulier au mariage (décret Tamesti de 1563), a été la décision, transmise aux curés, d’enregistrer une trace des événements importants de la vie des paroissiens : baptêmes, mariages et sépultures. En France, l’Ordonnace de Villers-Cotterêts de 1539 n’aura eu son plein effet qu’au bout de 200 ans mais en français et non en latin comme en Savoie ! Grâce au Concile de Trente, nous voilà riches de documents d’état civil relativement très anciens (ils débutent en 1587 à Fontcouverte) et malgré tout plutôt homogènes. Autre intérêt (purement pratique évidemment) pour nous du Concile, la Contre Réforme aura grandement limité l’extension du protestantisme en Maurienne si bien que tous nos actes d'état civil sont issus de la seule cure de la paroisse.
Remercions encore le pape Grégoire XIII pour sa réforme du calendrier julien appliquée à partir de 1582 soit cinq ans seulement avant le début de nos archives d’état civil. Si nous avions connu la date précise du baptême de Guigon Truchet (né en 1557 à en croire le recensement de 1561 et inhumé le 3 mars 1599), cette réforme nous aurait simplifié le calcul de sa longévité exacte.
Pour assurer ses besoins financiers, le Duc de Savoie recourait jusqu’au XVIe siècle aux subsides levés irrégulièrement quand l’occasion s’en faisait sentir. C’est Emmanuel Philibert qui instaure un système fiscal plus régulier en créant la gabelle du sel en 1561. Pour la première fois, un état réalise alors un recensement exhaustif, et de plus nominatif, de sa population.
Bien que les débuts de l’imposition qui en découlait aient été quelque peu chaotiques, ce mode de prélèvement fiscal nous a valu pendant de nombreuses années des états de la population de Fontcouverte, occasion de connaitre mieux le nombre des paroissiens et sa variation dans le temps ainsi que le bétail que chaque feu pouvait entretenir c'est-à-dire sa richesse ou, le plus souvent, sa pauvreté. A l’occasion, quelques professions particulières pouvaient être précisées. Un gisement d’informations intéressant pour nous. Par ailleurs, le recensement de 1561, préalable indispensable à l’instauration de la gabelle du sel, nous autorise parfois à remonter plus haut dans le temps que ne le permettent les archives d’état civil. Ainsi pouvons-nous rattacher aux Fontcouvertins de 1587 quelques personnes nées au XVe siècle avant même la découverte de l’Amérique, signal officiel de la fin du Moyen âge !