Fontcouverte


Jean Dominjon  

Né le 16 septembre 1811 à Fontcouverte   Baptisé le 17 septembre 1811 à Fontcouverte   
Décédé le 1 janvier 1857 à Fontcouverte   Inhumé le 3 janvier 1857 à Fontcouverte   

Parents : 
 Antoine Dominjon  (°1781 +1856) - 29 ans
 Jeanne Marie Covarel  (°1786 +1852) - 24 ans

Marié (21 ans) avec Sophie Vincent (21 ans) le 6 août 1833 à Fontcouverte    
 7 enfants connus :
  Charles Dominjon (°1834 +1893)
  Pierre Dominjon (°1837)
  Jean Baptiste Dominjon (°1840 +1930)
  Bibiane Dominjon (°1842 +1842)
  Marie Rose Dominjon (°1842 +1842)
  Marie Dominjon (°1847 +1930)
  Pierre Jean Marie Dominjon (°1850)


Acte de baptême/naissance de Jean Dominjon le 16 septembre 1811
Père : Antoine Dominjon, fils de JeanParrain : Jean Covarel (fils de Pierre)
Mère : Jeanne Marie Covarel, fille de Jean BaptisteMarraine : Marie Dominjon (soeur du père)
Autres informations : Né vers 6 h, baptisé par le révérend Coche prêtre

Acte de mariage de Jean Dominjon avec Sophie Vincent le 6 août 1833
Epoux : Jean Dominjon, fils de Antoine et de Jeanne Marie Covarel
Epouse : Sophie Vincent, fille de Saturnin et de Jeanne Bouttaz
Témoins : Jean Vincent et Jean Michel Vincent


Acte de décès/sépulture de Jean Dominjon le 1 janvier 1857
Age : 45 ans
Père : Antoine Dominjon (décédé)
Mère : Jeanne Marie Covarel (décédée)
Conjoint : Sophie Vincent
Déclarants : Claude Adreyt 52 ans a signé et Clément Dominjon 26 ans a signé
Remarques : Laboureur, maison Dominjon, mort à 11 h du soir, sacrements de pénitence et extrême onction




Informations complémentaires :
 
 G. Galopini : "Dans la soirée du 30 décembre 1856, Jean Dominjon, habitant de ce hameau [La Rochette], est blessé près de la chapelle, non loin de sa maison, d'un coup qui lui est porté avec un instrument contondant et l'atteint violemment à l'os frontal. Il décède dans la nuit du 1er au 2 janvier suivant. Il s'avère que dans la journée du 30 décembre, Charles Covarel avait travaillé avec quelques compagnons pour extraire de la forêt du bois pour le compte de Jean Louis Buisson, que le soir, il avait soupé avec ce dernier, son frère Jean Pierre, Jean Baptiste Gilbert Collet et Sorlin Buisson à l'invitation de Jean Louis et qu'après avoir mangé et bu, ils étaient sortis et s'étaient arrêtés devant les maisons de Jean Dominjon, et là s'étaient mis à chanter et à pousser des cris. Entendant le tumulte, Jean Dominjon était sorti avec Claude Adreyt et avait saisi Jean Baptiste Collet pour le regarder de près et le reconnaître ; puis, voyant un autre individu partir vers la chapelle, il l'avait suivi pour voir qui il était : on imagine la scène dans le nuit de décembre, noire et glaciale. C'est là qu'il avait été frappé par l'homme en question.

Aussitôt après, les frères Covarel prennent la fuite ainsi que Jean Louis Buisson. Dans un premier temps, les carabiniers prévenus arrêtent Sorlin Buisson et Jean Baptiste Gilbert Collet qui sont détenus à Saint-Jean-de-Maurienne à partir du 31 janvier 1857 ; puis on arrête Jean Baptiste Augert et son cousin Jean Pierre le 5 mars de la même année. Ces derniers accusent du meurte de Jean Louis Buisson et déclarent en outre qu'il a proféré des menaces d'incendie contre les témoins qui le chargeraient dans leurs réponses. Après un dernier jugement rendu à Saint-Jean[-de-Maurienne] le 25 avril 1857, tout en maintenant les Augert en prison, la Cour ordonne la prise des trois fugitifs et le transfert des détenus dans les prisons de Chambéry. A ce moment, Jean Saturnin Bouttaz et son père Jean Pierre sont également inculpés mais non détenus.

Les Augert affirment qu'ils ont vu porter le coup mortel par un individu qui avait le costume et la tournure de Jean Louis Buisson, quoiqu'ils n'aient pas vu sa figure... Mais il est prouvé que les Buisson n'étaient pas sur les lieux et que les Augert n'y étaient pas non plus, étant ce soir là au vilage de l'église ! Alors, les Augert accusent Jean Louis Collet de leur avoir indiqué tout ce qu'ils auraient à dire comme témoins et déclarent que la famille Covarel était prête à donner à l'un d'eux de l'argent et à l'autre un remplaçant pour le service militaire s'il tirait un mauvais numéro et qu'en outre, il pourrait se marier avec la soeur de Charles à qui il faisait la cour. Mais Collet soutient que les père et fils Bouttaz sont les coupables et que Jean Louis Buisson et l'assassin. D'ailleurs Collet se contredit puisqu'il reconnaît aussi que le père Bouttaz lui avait dit que Charles Covarel était le vrai coupable.

Collet explique qu'après sa déposition à Saint-Jean[-de-Maurienne] en juillet 1857, il a rencontré Jean Saturnin chez le boucher Gravier et lui a dit qu'il venait de déposer en faveur du système des Augert ; ils ont dîné ensemble puis sont remontés à Fontcouverte où ils ont soupé chez les Bouttaz. Il raconte enfin comment le faux témoignage a été préparé au cours de ce souper et donne des précisions sur le rôle que chacun devait jouer. Il ajoute même qu'il avait été convenu qu'un pistolet que Jean Saturnin avait remis à un tiers serait caché sur le lieu du crime pour accréditer l'idée que Jean Dominjon était armé.

Les preuves s'accumulent contre Jean Saturnin, en plus des liens de parenté qu'il a avec les Covarel, mais il n'est toutefois pas prouvé que des promesses d'argent aient été faites.

A l'audience de juillet 1857 devant la Cour d'Appel, les Augert sont reconnus coupables d'avoir sciemment déposé contre les détenus Jean Louis et Sorlin Buisson, et Gilbert Collet et accusés de complicité avec Charles Covarel toujours en fuite, à qui est imputé l'assassinat de Jean Dominjon. Les Buisson sont acquités ; les Bouttaz, ainsi que Jean Chabert, Stanislas Dompnier et Jean Louis Collet sont prévenus d'avoir été les instigateurs du faux témoignage imputé aux Augert. Il est donc décidé en décembre 1857 de les maintenir tous en accusation. Nouvelle séance de la Cour le 6 mars 1858 : les Augert sont toujours détenus depuis le 27 juillet 1857 ; Jean Louis Collet également depuis le 15 août 1857 ; Charles Covarel a été pris et il est prévenu d'hommicide depuis le 29 septembre 1857, son frère Jean Pierre est détenu depuis le 13 octobre 1857 et Jean Saturnin depuis le 10 février 1858. Jean Pierre Bouttaz, Jean Chabert et Stanislas Dompnier se cachent et sont considérés comme fugitifs.

Le 19 avril 1858, le Sénat de Savoie se réunit en présence des fils de Jean Dominjon et de la Cour présidée par le Comte François Millet de Saint-Alban. Il est dit que Charles Covarel a agi sans préméditation ni get-apens, que Jean Pierre Covarel n'était pas complice de son frère. L'arrêt du Sénat est rendu le 24 avril : Charles Covarel, coupable d'homicide est condamné à seize ans de travaux forcés ; son frère Jean Pierre, considéré comme suffisamment puni par sa détention, est remis en liberté, avec domages et intérêts de cinq mille livres à payer aux héritiers de la victime. Les Augert sont condamnés pour faux témoignage à dix ans de travaux forcés. Jean Louis Collet et Jean Saturnin Bouttaz pour subornation de témoins à douze ans de travaux forcés ; quant aux trois autres, Jean Pierre Bouttaz, Chabert et Dompnier, ils sont acquittés.

Les condamnés sont acheminés sur Gênes puisque la Savoie fait partie des êtats du roi de Piémont-Sardaigne. C'est là qu'en 1859 meurt Charles Covarel, époux de Jeanne Euphrasine, soeur ainée de Jean Baptiste Bouttaz.

Par la suite, la Savoie étant devenue française au traité de Turin en 1860, sous le Second Empire, les condamnés savoyards seront transférés au bagne de Toulon, d'où Jean Saturnin envoie le 1er mai 1864 une lettre à son père."
(pages 19-22)